La concurrence est surtout concentrée sur la publicité
DEs produits de l’agroalimentaire, l’électroménager et des détergents se disputent l’espace publicitaire à côté des opérateurs de téléphonie mobile.
Contrairement aux années précédentes, l’Entv va avoir de la concurrence durant le mois sacré de Ramadhan. Outre sa rivalité avec Nessma TV qui continue de lui prendre quelques parts de marché, cette année, la Télévision nationale doit faire face à des concurrents on ne peut plus sérieux et surtout au programme 100% local des nouvelles chaînes privées algériennes: Echourouk TV, Ennahar TV et Al Djazaïria TV. Le téléspectateur algérien aura l’embarras du choix dans la gestion de ses soirées audiovisuelles. Mais cette concurrence n’est pas seulement limitée à la production, elle est surtout concentrée sur le marché de la publicité.
Certaines chaînes profitent même de ce mois sacré pour amasser le maximum d’argent pour survivre et payer certaines productions très coûteuses dudit mois. Car le véritable nerf de la grille audiovisuelle du Ramadhan demeure la publicité. C’est un marché important qui rapporte des milliards de centimes. Et sur ce plan, c’est la télévision publique qui en profite, ce qui lui offre une grande bouffée d’oxygène dans la production du programme de Ramadhan.
Presque 60% des recettes publicitaires servent à payer les productions exécutives programmées pour la grille de Ramadhan. A titre d’information, en 2011 la publicité aurait, selon certaines sources, rapporté à la télévision nationale plus de 150 milliards de centimes. Ce chiffre a été réalisé grâce à une stratégie créée au milieu des années 2000 par l’ancien DG de l’Entv, HHC. Cette stratégie consiste à lancer sur le marché des packages d’espaces publicitaires, vendus sous trois formules commerciales.
Ces formules sont vendues par l’Entv par appel d’offres et achetées par des groupes de publicitaires à coups de milliards, pour ensuite les revendre à des annonceurs. Dans tous les cas, l’Entv est gagnante dans l’affaire. En 2006, l’Entv avait vendu sa régie publicitaire à la boîte de communication Vox Algérie pour la somme de 60 milliards de centimes. Cette dernière se chargeait de rassembler le maximum d’annonceurs pour la Télévision algérienne.
Depuis, l’Entv a saisi le concept et l’adopte pour remplir les caisses de sa trésorerie et surtout investir dans le matériel et les ressources humaines. Il faut dire aussi que l’Entv reste et demeure le seul espace publicitaire depuis des années. Tout a commencé avec le concours de RamTV au début des années 1990.
Des annonceurs locaux comme Hamoud Boualem, très discret durant l’année, s’affichent durant le Ramadhan. Mais tout changea avec l’arrivée des opérateurs de téléphonie mobile, qui demeurent les plus importants investisseurs dans le marché de la publicité audiovisuelle. Les trois opérateurs Djezzy, Nedjma et Mobilis se partagent les premiers importants programmes d’après le Ftour: El Adhan, le quart-heure chaâbi, le sitcom du rire et le feuilleton historique. Ce sont les passages à l’Entv les plus chers et font partie de la formule Gold dans le package de l’Unique. Une trentaine d’annonceurs se partagent les autres espaces publicitaires entre El Adhan et le feuilleton historique Omar Ibn El Khettab. La majorité des annonceurs sont issus de l’agroalimentaire: Sim, Nouara, Bellat, Afia et ses cinq marques, mais aussi La Belle. En outre, plus de six marques de café se disputent la grille de Ramadhan. A cela s’ajoutent les boissons: Rouiba, Vitajus, Coca-Cola, Ifri ou bien sûr Hamoud Boualem.
Sans oublier les détergents, les produits de beauté et les marques importantes d’électroménager comme les climatiseurs et les réfrigérateurs. Beaucoup moins présents durant le Ramadhan mais qui demeurent de gros bailleurs de fonds de l’Entv: les constructeurs automobiles. Toutes ces marques se disputent une place de rêve dans un programme qui ne dépasse pas une heure trente.
Selon certaines sources, cette manne publicitaire profite surtout à l’Entv, qui a adopté une stratégie commerciale bien huilée depuis une dizaine d’années. Cette manne pourrait lui rapporter environ 180 milliards de centimes. Malgré cette assurance d’espace, le DG de l’Entv, Khelladi, reste prudent et a instruit ses collaborateurs d’être plus agressifs dans la chasse aux sponsors et à la publicité. L’Entv a déjà réussi un grand coup en enlevant à Nessma TV, un important sponsor pour accompagner le feuilleton historique Omar Ibn El Khettab. Mais l’Entv y a laissé quelques plumes cette année avec Echourouk TV et Ennahar TV, qui ont réussi à attirer quelques annonceurs. Ces chaînes télé ont été avantagées surtout par leurs espaces dans leurs quotidiens. Ce n’est pas le cas de la dynamique chaîne Al Djazaïria TV qui n’a pas réussi à profiter de ce marché très important de la publicité et assurer ainsi une pérennité après le Ramadhan.
Mais selon toujours nos sources, ces télévisions privées algériennes ne pourront prendre qu’entre 5 à 10% du marché publicitaire du Ramadhan, soit entre 10 et 20 milliards de centimes, ce qui est important, affirment des spécialistes pour des jeunes qui n’ont que 3 à 5 mois d’existence.