Les calculs et autres prévisions du FLN et du RND risquent bien d’être faussés à l’occasion de l’opération de renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation, qui aura lieu à la fin de ce mois. Car il va falloir compter avec les nouveaux éléments et les rebondissements qui pourraient créer des surprises retentissantes.
La prochaine bataille des 48 sièges du Conseil de la nation, dont le scrutin est prévu dans une semaine, devrait voir un duel entre le FLN et le RND. Grâce à leurs milliers d’élus des APC et APW (plus de 7 000 et 5 000 respectivement), ces deux partis devraient dominer sans problèmes ces élections.
Selon les calculs projetés par les deux directions politiques, le parti de Belkhadem pourrait arracher la moitié des sièges à pourvoir alors que le RND tablerait sur un résultat satisfaisant, avec entre15 et 20 sièges.
Néanmoins, de nouveaux éléments risquent de fausser complètement ces calculs et pourraient même créer des surprises retentissantes. On ne cache pas au sein des deux partis que ce scrutin ne sera guère facile, d’autant plus que la majorité des 53 autres formations ayant participé aux élections locales ont décidé de ne pas se présenter, comme c’est le cas du RCD, pourtant majoritaire dans la wilaya de Tizi Ouzou.
D’autres partis d’envergure, comme le MSP ou le FFS, ont décidé de donner l’entière liberté à leurs élus locaux de choisir l’option qui leur convient. Ce sont ces indicateurs qui empêchent le FLN et le RND de proposer aux directions politiques des alliances conjoncturelles pour soutenir leurs candidats respectifs.
Seul le parti d’Ouyahia se targue d’avoir ficelé une entente stratégique avec le PT de Hanoune, ce qui constitue déjà un atout majeur dans certaines wilayas. D’autre part, il semble bien que le MPA, propulsé troisième force politique, au regard de ses résultats aux locales à travers le territoire national, pourrait bien bousculer la suprématie des deux géants en faussant les prévisions dans quatre ou cinq wilayas.
Au sein du FLN, l’entourage de Belkhadem craint encore une fois le remake des APC et APW, non pas à cause d’une quelconque interprétation d’un article de loi, mais de deux épouvantails surgis tout récemment. Le premier concerne l’indiscipline de ses propres élus, dont la grande majorité n’ont guère une ancienneté dans le militantisme et sont donc loin de pouvoir être fidèles aux instructions de leurs directions ou mouhafadhas.
De plus, certains élus se sentent victimes d’exclusion des primaires et pourraient prendre leur revanche en votant contre le candidat du parti. Dans certaines wilayas, de vrais militants et élus non retenus pour les sénatoriales ont décidé de se porter candidats quand même comme indépendants, misant justement sur le vote sanction contre le FLN en rassemblant tous les élus des autres petits partis.
La seconde inquiétude est justement cette collusion généralisée contre la formation de Belkhadem, observée lors des désignations des P/APC et P/APW. Partout, des alliances «contre nature» ont eu lieu pour battre les candidats du FLN au poste de maire.
Les élus des petits partis ont joué un rôle central dans l’échec du FLN. C’est ainsi que des centaines d’APC ont échappé au vieux parti à cause d’un «front» nouveau, dont la seule devise est de voter contre le candidat du FLN.
Une situation assez particulière qui a retenu l’attention de Belkhadem lors de sa dernière réunion. S’il a minimisé le phénomène, en dépit de son caractère national, il en a cependant retenu la leçon. C’est sans doute ces craintes qui ont poussé le SG à convoquer dernièrement en urgence les 53 mouhafedhs à une réunion élargie aux membres du bureau politique.
H. Rabah