Bassem Ouertani est le nouveau représentant de l’Office national du tourisme tunisien en Algérie en remplacement de Fawzi Basli. Il n’est pas un inconnu du paysage touristique algérien. Il a fait ses études supérieures en tourisme, en Algérie, à l’Ecole nationale supérieure du tourisme entre 1990 et 1992, à l’époque où cette dernière faisait partie du Centre national de formation touristique, regroupant également les écoles de Boussaâda et Tizi Ouzou. Dans cet entretien, il revient sur la situation du tourisme dans son pays et note qu’avec la situation qui prévaut, l’Algérie se place en première position avant la Libye et la France.
L’Expression: Vous retrouvez l’Algérie après deux années d’absence. Quelles sont vos impressions?
Bassem Ouertani: En fait, je n’ai jamais eu l’impression d’avoir quitté l’Algérie. J’ai fait mes études supérieures en tourisme en Algérie, j’ai exercé quelques quatre années à Oran, et pendant les deux années que j’ai passées en Tunisie au poste de commissaire du tourisme de Hammamet Yasmine, j’ai toujours gardé des contacts avec l’Algérie, pays que j’aime et que je considère comme mon deuxième pays et où j’ai de nombreux amis. Donc, c’est tout naturellement que je retrouve l’Algérie. Avec simplicité et avec bonheur.
Le tourisme tunisien connaît une grave crise. Quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour récupérer le potentiel de touristes algériens?
En fait, les Algériens ont été moins nombreux à déserter la destination tunisienne avec, au plus fort de la crise, un déficit de 30% seulement des entrées annuellement enregistrées. Aux dernières statistiques établies à fin octobre, avec 700 000 entrées, un déficit de 22% seulement est enregistré par rapport à la même période de l’année 2010. Vous constaterez donc que, non seulement l’écart au début de la crise n’était pas vraiment catastrophique aux regards des événements qu’a connus la Tunisie, mais il est en constante diminution. Nous pensons que ce déficit sera comblé ou presque, d’ici la fin de l’année. Il n’y a pas de stratégie particulière liée à ma venue ou à ma nomination. La stratégie de communication de l’Ontt a été déjà mise en oeuvre avec mon prédécesseur. Les résultats sont évidents et les chiffres que je vous ai annoncés précédemment sont là pour l’illustrer. Il y a un travail de continuité. Cette stratégie est basée sur la mise en confiance, quant à la situation sécuritaire prévalant en Tunisie tout en maintenant le cap sur l’amélioration des qualités de services avec une politique marketing adaptée à la situation. L’Algérie était le 3e pays émetteur pour la Tunisie après la Libye et la France. Avec la nouvelle situation qui prévaut, elle se place en première position. Et pourtant, elle ne bénéficie pas des avantages en matière tarifaire comme en bénéficient des pays européens.
Quelles réponses pensez-vous donner à cet état de fait?
Les pouvoirs publics se limitent aux missions qui leur échoient. A savoir, les missions de promotion, de communication sur la destination et celles de contrôle et de régulation pour ne citer que ces principales missions. La commercialisation relève des règles du marché et dépend directement et exclusivement des opérateurs, qu’ils soient voyagistes ou hôteliers. Il est logique et compréhensible qu’un hôtelier accorde des prix plus avantageux à un tour-opérateur qui réserve six à huit mois à l’avance, voire une année et règle dès le mois de janvier 30% d’avance sur l’ensemble des prestations. La différence entre la clientèle algérienne et la clientèle européenne, est que cette dernière vient dans son écrasante majorité par le tour operating, alors que c’est l’inverse pour la clientèle algérienne. Celle-ci arrive donc, en grande majorité, en individuel avec des réservations de dernière minute. D’où la difficulté strictement commerciale d’offrir des tarifs aussi avantageux que ceux accordés aux Européens. Ceci dit, il faut reconnaître que le cas des touristes algériens est également le cas des touristes tunisiens qui ne se décident qu’en dernière minute et pour lesquels il est difficile, aussi, d’accorder des tarifs plus avantageux.
La commission mixte algéro-tunisienne s’est réunie récemment à Alger. Quelles dispositions ont été prises en matière de tourisme?
L’essentiel des dispositions que je pourrai citer et qui portent sur une démarche mutuellement avantageuse se rapporte aux circuits combinés que peuvent développer les voyagistes des deux pays. Ce type de produits s’impose de façon plus évidente pour les touristes venant de pays lointains et pour les séjours de deux semaines et plus. L’inscription des deux destinations dans les programmes des agences de voyages devient un atout commercial et un argument de vente. Ces produits existent déjà, en fait. Il s’agit seulement de les encourager et de les développer en trouvant des formules d’encouragement ou de facilitation qui pourraient inciter les voyagistes à les mettre en oeuvre. D’ailleurs, un slogan sur lequel nous travaillons serait «Algérie-Tunisie, la main dans la main pour un tourisme commun». Nous sommes très favorables à ces formules. C’est même un élément qui pourrait être intégré dans la stratégie touristique tunisienne et qui serait un produit touristique supplémentaire qui viendrait enrichir la gamme de produits existants.