Les bases militaires étrangères en Afrique

Les bases militaires étrangères en Afrique

Elles sont un symptôme de la fragilité des Etats africains et de l’influence des intérêts extérieurs. La longue et peu glorieuse histoire des interventions militaires a commencé à l’époque des guerres coloniales et post-colonialistes, et s’est poursuivie pendant la Guerre froide jusqu’à nos jours.

La Chine

• Djibouti : la Chine installe sa première base militaire outre-mer dans le port d’Obock, de l’autre côté du golfe de Tadjourah et de la base du corps expéditionnaire des Etats-Unis, Camp Lemonnier. Cette installation à Djibouti constitue le dernier investissement de la Chine, qui a déjà injecté 12 milliards de dollars dans le pays pour la construction d’un port, d’aéroports et d’une voie ferrée entre l’Ethiopie et Djibouti. Cette base militaire, qui pourra accueillir plusieurs milliers de soldats, permettra de protéger les intérêts de la Chine dans la région de la Corne de l’Afrique.

La France

• Tchad : le quartier général de l’Opération Barkhane de lutte contre les insurgés. Les quelque 3 500 soldats français de la force Barkhane interviennent au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger.

• Côte d’Ivoire : la base de Port-Bouët, à la périphérie d’Abidjan, va être agrandie. Les effectifs passeront de 500 à 900 hommes et constitueront la base opérationnelle avancée de la façade ouest de l’Afrique.

• Djibouti : l’armée française a une présence de longue date et dispose d’environ 1 700 personnels sur place.

• Gabon : une base clé qui a fourni des troupes pour les interventions françaises en République centrafricaine.

L’Allemagne

• Niger : une base militaire pour le transport aérien à l’aéroport international de Niamey pour appuyer la contribution croissante de l’Allemagne en termes de personnels dans la Mission des Nations Unies au Mali.

L’Inde

• Madagascar : la première station d’écoute activée par l’Inde outre-mer a été implantée dans le nord de l’île en 2007 pour suivre le déplacement des navires dans l’océan Indien et surveiller les communications maritimes.

• Les Seychelles : l’Etat a alloué un terrain sur l’île de l’Assomption pour que l’Inde construise sa première base navale dans l’océan Indien. L’objectif apparent est de lutter contre la piraterie, mais l’Inde semble également vouloir garder un œil sur la Chine.

Le Japon

• Djibouti : depuis 2011, un contingent de 180 soldats occupe un site d’une superficie de 12 hectares, à côté de Camp Lemonnier. Le Japon va agrandir ce poste avancé pour  contrer l’influence chinoise ; cette décision est liée au nouvel engagement stratégique avec l’Afrique, souligné par la sixième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, organisée l’année dernière à Nairobi.

L’Arabie Saoudite

• Djibouti : Après s’être disputée avec Djibouti, Riyad finalise un accord pour la construction d’une nouvelle base. L’Arabie Saoudite est à la tête de la coalition qui lutte contre les rebelles houthis au Yémen, de l’autre côté du détroit de Bab-el-Mandeb.

La Turquie

• Somalie : la première base militaire installée par Ankara en Afrique est une base d’entraînement pour les troupes somaliennes. La Turquie n’a cessé d’accroître son influence sur la Somalie à coup de grands projets de développement et commerciaux. En 2011, Recep Tayyip Erdogan, qui était à l’époque Premier ministre, est devenu le premier dirigeant étranger à se rendre à Mogadiscio depuis le début de la guerre civile.

Les Emirats arabes unis

• Erythrée : en 2015, les Emirats arabes unis ont lancé le développement du port en eau profonde d’Assab, mis en suspens un temps, et sa piste de 3 500 mètres de long, capable d’accueillir de grands avions de transport. Assab constitue le principal centre logistique des EAU pour toutes leurs opérations au Yémen, y compris le blocus maritime des ports de Mokha et Hodeida, situés sur la mer Rouge. En retour, le gouvernement érythréen, isolé, a reçu des aides financières et des aides à l’infrastructure.

• Libye : lance des frappes aériennes par avions et drones contre les insurgés depuis l’aéroport d’Al-Khadim, situé dans l’est du pays, en soutien à l’armée nationale libyenne qui combat les militants djihadistes.

• Somalie : Les EAU forment et équipent les unités de lutte contre le terrorisme de l’Agence nationale somalienne de Renseignement et de Sécurité. Elles apportent également un soutien à la force de police maritime du Puntland, qui aurait joué un rôle dans l’interception d’armes iraniennes destinées aux rebelles houthis.

• Somaliland : les EAU ont signé un bail de 30 ans sur une base navale et aérienne sur le port de Berbera. L’année dernière, Dubai Ports World a obtenu un contrat pour gérer et doubler la superficie du port, mettant un terme au monopole de Djibouti sur le transport de marchandises éthiopien. Les EAU auraient fourni un entraînement militaire et apporté une garantie de sécurité au territoire autoproclamé indépendant.

Le Royaume-Uni

• Kenya : une unité permanente de soutien à la formation principalement basée à Nanyuki, à 200 kilomètres au nord de Nairobi.

Les Etats-Unis

• Burkina Faso : un « site de sécurité coopérative » implanté à Ouagadougou offre des services de surveillance et de renseignements dans la région du Sahel.

• Cameroun : l’aéroport de Garoua dans le nord du Cameroun sert aussi de base pour les drones qui frappent Boko Haram au nord-est du Nigeria. Il abrite des drones Predator non armés et quelque 300 soldats étasuniens.

• Djibouti : le Camp Lemonnier, un site de 200 hectares, héberge un corps expéditionnaire composé d’environ 3 200 soldats et personnels civils à proximité de l’aéroport international. Le Camp, qui accueille la Force opérationnelle interarmées multinationale du Commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique dans la Corne de l’Afrique, est la seule base militaire permanente des Etats-Unis sur le continent.

• Ethiopie : la petite base d’Arba Minch, qui accueillait des drones, était opérationnelle depuis 2011, mais elle  serait aujourd’hui fermée.

• Gabon : site de lancement rudimentaire utilisé par les forces de réaction rapide chargées de protéger les installations diplomatiques dans la région.

• Ghana : site de lancement rudimentaire utilisé par les forces de réaction rapide.

• Kenya : le Camp Simba de Manda Bay accueille du personnel naval et des bérets verts, ainsi que des drones armés pour les opérations menées en Somalie et au Yémen.

• Les Seychelles : les drones sont pilotés depuis une base installée sur l’île de Victoria.

• Niger : la première base de Niamey a été éclipsée par celle d’Agadez, qui peut accueillir de grands avions de transport et des drones Reaper armés. La base couvre la région et Sahel et celle du Bassin du lac Tchad.

• Ouganda : les PC-12, des avions de surveillance, partent de l’aéroport d’Entebbe lors des interventions des forces spéciales étasuniennes en soutien des opérations ougandaises de recherche de Joseph Kony et de l’Armée de résistance du Seigneur.

• République centrafricaine : les forces spéciales étasuniennes installées sur les « bases temporaires » d’Obo et Djema soutiennent les opérations de l’armée ougandaise pour retrouver Joseph Kony et les combattants de l’Armée de résistance du Seigneur.

• République démocratique du Congo : Dungu est une autre « base temporaire »  utilisée pour la recherche de M. Kony.

• Sénégal : le site installé au Sénégal a été utilisé par l’armée des Etats-Unis pendant la réponse à la crise d’Ebola.

• Somalie : les commandos étasuniens opèrent depuis les sites de Kismayo et Baledogle.

• Soudan du Sud : l’aérodrome de Nzara est une autre base utilisée pour la recherche de M. Kony.

• Tchad : des drones Predator et Reaper sont basés dans la capitale, Ndjamena.