Les récentes chutes de pluie et de neige ont permis une remontée des réserves hydriques à travers le pays. Si l’embellie est notable dans l’Est, la situation demeure contrastée et les autorités appellent à la prudence face à un stress hydrique qui persiste.
En effet, les intempéries qui ont traversé l’Algérie ces derniers jours ont fait naître un vent d’optimisme. Après des mois d’inquiétude marqués par une baisse drastique des réserves, les précipitations ont commencé à revigorer un secteur hydrique national en souffrance.
Toutefois, malgré cette bouffée d’oxygène, les experts s’accordent à dire que les niveaux actuels ne garantissent pas encore une sécurité hydrique totale face aux prochaines périodes de sécheresse.
Taux de remplissage des barrages en Algérie : Les disparités entre l’Est, le Centre et l’Ouest
Selon les données officielles arrêtées au début du mois de décembre 2025, le taux de remplissage national des barrages oscille entre 33 % et 35 %. Si la moyenne globale a atteint environ 40,85 % suite aux dernières averses, une lecture géographique révèle de fortes disparités :
- L’Est, grand bénéficiaire : La région affiche une santé hydrique robuste. Certains ouvrages frôlent les 66 % de remplissage, tandis que des infrastructures majeures, à l’image du barrage de Beni Haroun (Mila) et de Tabellout (Jijel), ont atteint leur capacité maximale (100 %). Les wilayas de Constantine, Skikda et Jijel affichent également des niveaux jugés confortables.
- Le Centre en observation : L’amélioration y est plus timide. Les taux de remplissage stagnent entre 25 % et 30 % pour les barrages alimentant les régions de Chlef et d’Alger.
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La situation demeure préoccupante dans les wilayas d’Oran, Mostaganem et Sidi Bel Abbès, où les taux ne dépassent pas les 20 % à 30 %, confirmant que cette partie du pays reste la plus vulnérable au stress hydrique.
Sécurité hydrique et changements climatiques : Quels projets pour l’horizon 2030 ?
Au-delà des variations saisonnières, le pays fait face à des défis climatiques structurels. Lardjoum Abdelaziz, directeur des études au ministère de l’Hydraulique, a récemment souligné une baisse globale de 3 % du stock hydrique par rapport à l’année dernière (32 % contre 35,3 %).
Ce déclin, observé depuis 2019, est la conséquence directe du dérèglement climatique qui affecte tant les eaux de surface que les nappes phréatiques.
Pour pallier ce déficit, l’État algérien déploie une stratégie multi-axes misant sur l’expansion de ses capacités de stockage. Cette ambition se traduit par l’identification de 34 nouveaux sites de barrages, capables de mobiliser un milliard de mètres cubes supplémentaires.
Ce programme est déjà bien engagé puisque 31 études sont finalisées, réparties stratégiquement sur le territoire avec 16 projets à l’Est, 9 au Centre et 6 à l’Ouest.
Parallèlement, le soutien à l’agriculture est renforcé par l’exploitation de plus de 600 barrières hydrauliques dédiées à l’irrigation. À l’horizon 2030, le pays vise un maillage complet composé de 95 grands barrages pour une capacité totale de 12 milliards de m³, complété par un réseau de 750 petites infrastructures et retenues collinaires.
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En attendant la concrétisation de ces projets, la rationalisation de la consommation, le dessalement d’eau de mer et la réutilisation des eaux usées restent les piliers indispensables pour assurer l’équilibre hydrique de la nation.
