«L’Algérie a besoin d’un grand directeur sportif» -«Si j’étais le manager de Belhadj, je l’aurais placé dans un grand club européen» – «Au Qatar, il ne va pas réussir»
Pourquoi les joueurs algériens n’ont pas opté pour les grands clubs européens après le Mondial ? C’est la question que se posent tous les supporters algériens, surtout qu’une Coupe du monde est une belle vitrine pour qu’un joueur décroche un contrat avec un grand club du vieux continent.
En 1982, après la participation des Verts au Mondial espagnol, les Madjer, Assad et Bensaoula, pour ne citer que ceux-là, ont pu trouver des clubs après leurs bonnes prestations face à l’ex-RFA et au Chili, alors qu’à l’époque, les lois ne permettaient de sortir du pays qu’après l’âge de 28 ans. Pour ce Mondial africain, les Algériens n’ont pas profité de leur participation. Pire, le meilleur Fennec, qui était pressenti pour jouer dans un grand club après le Mondial, a fini par rejoindre le championnat «des vieux» au Qatar.
D’autres joueurs n’arrivent même pas à trouver des clubs, à l’image de Antar Yahia, Bellaïd et d’autres. Pour avoir des réponses à toutes ces questions, nous avons joint hier le manager de l’ex-star italienne, Roberto Baggio, et manager aussi de Higuaine et de Gago, qui nous a expliqué les raisons qui ont empêché nos internationaux d’opter pour de grands clubs européens.
– M. Krauzs, pourquoi le marché des transferts n’est pas mouvementé cet été ?
– Tout simplement parce qu’il y a une grande crise économique qui a touché les clubs. Par exemple, en Italie, 21 clubs n’ont pas encore honoré leurs engagements auprès de la fédération, chose qu’on n’a jamais vue par le Calcio.
– Donc, c’est un problème d’argent ?
– Tout à fait, quand vous voyez le Milan AC qui n’a pas les moyens d’acheter des joueurs ça veut tout dire, alors que son président est le Premier ministre de l’Italie. Je peux vous citer un autre exemple, la Fiorentina, son budget pour recruter les joueurs est de dix millions d’euros. La Roma n’a pas le droit de recruter, elle doit d’abord vendre des joueurs. Donc, c’est pour cette raison que le marché des transferts n’a pas connu beaucoup de mouvements.
– Mais les grands clubs comme le Real et le Barça ont quand même recruté ?
– Mis à part quelques clubs comme le Real, le Barça, la Juventus ou l’Inter, il y a une grande crise dans tous les clubs en Europe.
– Tout le monde croyait qu’après le Mondial, beaucoup de joueurs allaient opter pour les grands clubs européens ?
– Le Mondial fut une grande déception sur le plan footballistique. Je pense qu’il y a une crise de management. Quand vous voyez l’Argentine et le Brésil produire un tel football, c’est honteux. Je pense que les grands penseurs du football comme Beckenbauer ou Passarela manquent au football des années 2000.
– D’après vous, pourquoi les joueurs algériens n’ont pas profité de leur participation à cette Coupe du monde ?
– Je pense que les joueurs algériens manquent de publicité. Ils n’ont pas de grands managers ou peut-être ils sont mal conseillés. Il faudrait aussi que la FAF joue un rôle dans la médiatisation de ses joueurs. Pour cela, il faudrait avoir un directeur sportif connu qui ait des bonnes relations avec les grandes personnalités du football, comme le font les Argentins et même les Camerounais, qui savent placer leurs joueurs.
– Mais ces joueurs jouent en Europe ?
– Oui, mais où ont-ils évolué la saison dernière ? C’est juste des petits clubs en Europe. Pour qu’un joueur passe à un autre palier, il lui faut d’abord un bon manager qui ait de bons contacts. Par exemple si vous demandez à Corvino (DTS de la Fiorentina) s’il connaît les joueurs algériens, croyez-moi, il va vous dire non, c’est le même cas pour Branca (Inter).
– Comment expliquez-vous qu’un joueur comme Belhadj qui était convoité par la Lazio, l’Inter, a fini par rejoindre le championnat du Qatar ?
– Comme je vous l’ai dit, c’est que Belhadj n’a pas un bon manager. Il a été mal conseillé, je pense que ce joueur est encore jeune pour jouer au Qatar. Personnellement, si j’étais son manager, je le placerais dans un grand club européen.
– Vous ne pensez-pas que l’aspect financier était la cause de son choix ?
– Oui, mais il pouvait gagner beaucoup d’argent s’il avait opté pour un grand club. Personnellement, je ne connais pas son manager, mais il a fait une grave erreur de le faire signer au Qatar.
– Pensez-vous que Belhadj pourrait revenir en Europe ?
– Ça va être très difficile de trouver un bon club après une expérience au Qatar. La Coupe du monde était une occasion pour lui d’opter pour un grand club, mais il n’a pas pu la saisir.
– Selon vous, quelles sont les solutions pour que les joueurs algériens évoluent dans de grands clubs ?
– Franchement, après avoir vu tous les matches de l’équipe d’Algérie, je dirais que seuls deux joueurs peuvent jouer pour de grands clubs, Bougherra et Belhadj, mais comme je vous l’ai dit ces deux joueurs manquent de médiatisation.
– Après le Mondial, le président de la fédération a décidé de reconduire Saâdane, pensez-vous que c’est une bonne chose ?
– Je pense que la stabilité est la clef de la réussite, mais il faudrait avoir un bon directeur sportif comme Baldini par exemple. Il faudrait que cette personne ait de bonnes relations partout dans le monde pour aider les joueurs dans leur carrière.
– L’Algérie est-elle capable de jouer le Mondial 2014 ?
Je sais que les éliminatoires sur le continent africain sont très difficiles, mais si vous améliorez votre jeu offensif, vous pouvez vous qualifier. Je ne vous cache pas que j’étais impressionné par le jeu défensif de l’équipe. Une bonne équipe doit avoir une bonne assise défensive et le reste ça viendra avec le temps. Je suis persuadé que pouvez faire mieux.