Baraki, Climat de France, Draâ Diss et Hussein Dey: La guerre des gangs fait rage

Baraki, Climat de France, Draâ Diss et Hussein Dey: La guerre des gangs fait rage

Dans ces cités de la capitale, plusieurs jeunes âgés entre 16 et 28 ans se sont livrés, ces dernières semaines, à de véritables batailles rangées. Ils sont équipés de couteaux, de haches et même d’épées.

Des jeunes issus des quartiers «difficiles» de la banlieue algéroise s’organisent ces derniers temps avec tous les moyens possibles pour se «préparer» à livrer de grandes «batailles» avec d’autres jeunes issus des quartiers limitrophes. Il s’agit des quartiers d’Hussein Dey, Birtouta, Baraki, Climat de France et Draâ Diss. Dans ces cités de la capitale, plusieurs jeunes âgés entre 16 et 28 ans se sont livrés, ces dernières semaines, à de véritables batailles rangées.

Ils se sont équipés de couteaux, de haches et même d’épées pour livrer des «guerres» urbaines avec d’autres rivaux, issus eux, d’autres quartiers voisins. Ils se sont regroupés sous forme de «gangs», dont le chef est toujours le plus âgé du groupe. Récemment, des «gangs» bien armés ont été interpellés par la police dans la commune de Baraki. La découverte fut macabre, plusieurs lots d’armes blanches ont été saisis par les policiers.

Ces jeunes qui possédaient ces armes étaient âgés entre 16 et 25 ans. Ces gangs sont sur le point de se livrer une guerre de leadership dans les quartiers de Baraki. L’objectif était pour les deux parties de contrôler le territoire de l’autre. Si ce n’est l’intervention de la police, le sang aurait beaucoup coulé dans ce quartier de l’algérois. En tout, ce sont plus de dix jeunes qui ont été arrêtés lors de cette opération «préventive», faite suite à des informations fournies à la BMPJ de Baraki.

Non loin de Baraki, la commune d’Hussein Dey a été le théâtre d’un autre phénomène de société. Ici, il y a trois jours seulement, près de six jeunes ont été arrêtés par la sûreté de daïra d’Hussein Dey. Il s’agit d’un «gang» très dangereux et très actif qui contrôle les alentours de cette commune. Les gangsters agissaient dans des mosquées à la recherche de leurs victimes, souvent des propriétaires de véhicules de dernière génération. Les jeunes bandits sont bien armés, souvent avec des épées et des haches. Ils guettaient leurs victimes devant les mosquées, le temps où les fidèles s’apprêtaient à accomplir leur prière. C’est le moment propice pour ces gangsters qui, à l’abri des regards, accomplissent leurs forfaits, en volant les véhicules stationnés devant les mosquées. Toutefois, grâce à la vigilance des policiers d’Hussein Dey, le groupe a fini par tomber.

Mieux, les six personnes appartenant à ce «gang» ont été présentées devant le parquet d’Hussein Dey, et un mandat de dépôt a été prononcé à l’encontre de ces six accusés. D’autres quartiers de la capitale ont connu la même chose. Ils abritent à leur tour des gangs de tous âges. Il s’agit des quartiers de Climat de France, Draâ Diss et Birtouta. Il y a deux mois seulement, un jeune d’une trentaine d’années a été assassiné par un autre jeune à la cité des 1680 logements, fraîchement inaugurée par le ministre de l’habitat.

Le nouveau quartier abrite aujourd’hui plusieurs familles venues de divers horizons. Il y a celles qui résidaient auparavant à Climat de France et celles qui occupaient des habitations précaires à El Harrach, et bien entendu celles natives de Birtouta. L’assassinat de ce jeune issu de Climat de France a poussé ces anciens «voisins» à livrer une véritable bataille de vengeance avec un autre groupe de Birtouta. Une «guerre» avait éclaté entre les deux parties, et chacune de ces deux «factions» est soigneusement armée avec souvent de grands couteaux et épées. Fort heureusement il n’y a eu que des blessés légers entre les deux gangs.

Certes, l’intervention de la police avait permis d’éviter le pire, c’est-à-dire d’autres morts. Toutefois, le climat lui est très tendu dans cette cité. Par ailleurs, il y a une semaine, soit à la veille de l’Aïd El Adha, une jeune personne avait été retrouvée morte à son domicile, dans le quartier appelé «Bazeta», à Bab El Oued. Selon une source policière, il s’agit d’un règlement de compte entre deux groupes de gangs qui, depuis un certain tempss, se livrent une guerre sans merci. Le même scénario s’est reproduit, cette fois-ci, dans le quartier de Climat de France, non loin de Bab El Oued. En effet, une autre jeune personne a été égorgée par des inconnus, vraisemblablement appartenant à un gang.

Un plan spécial pour lutter contre ce nouveau fléau

Devant cette montée très inquiétante du phénomène des gangs dans les quartiers de la banlieue algéroise, la Sûreté de wilaya d’Alger a procédé à la mise en place d’un plan d’action spécial pour faire face à la violence urbaine et aux «guerres de gangs» dans plusieurs quartiers populaires de la capitale.

Dans ce cadre, la sûreté de daïra de Baraki, au sud de la capitale, a entamé avant-hier une opération coup-de-poing au niveau de la commune des Eucalyptus. En effet, deux quartiers ont été ciblés par cette opération de grande envergure, à savoir la Cité des 1 600-Logements et haï Mouni qui ont été le théâtre d’une guerre de gangs et d’affrontements entre deux bandes rivales la veille de l’Aïd El-Kébir. Les jeunes des deux quartiers ont fait appel au «renfort» des autres quartiers et cela suite à une rixe entre deux jeunes. Lors de l’intervention de la police, plusieurs de ses agents ont été blessés.

Les services de police de Baraki ont dû mobiliser de grands moyens pendant l’opération qui a connu une forte résistance de la part des délinquants qui n’ont pas hésité à recourir à la violence envers des éléments de la police. Celle-ci s’est soldée par la saisie d’un important «arsenal» d’armes blanches, entre autres, des épées. Selon la cellule de communication de la Sûreté de wilaya d’Alger, 7 jeunes nés entre 1989 et 1992 ont été arrêtés, parmi eux des repris de justice dans des agressions similaires.

Les policiers ont aussi saisi 5 bouteilles de cocktails Molotov prêtes à l’emploi et 8 autres vides ainsi que 3 litres d’essence et 12 morceaux de tissu, 10 signaux de la marine dont 5 grand format, un fusil à pompe, 3 grands couteaux de boucherie, 8 épées dont une de fabrication artisanale, 4 barres de fer et 3 gourdins en bois. Ces armes saisies ont servi durant les affrontements et agressions contre des citoyens. Les mis en cause seront présentés aujourd’hui devant le procureur près le tribunal d’El-Harrach.

Par Sofiane Abi