Le ministre de la Défense sortant exclut de participer à un gouvernement au côté du dirigeant d’extrême droite, Avigdor Lieberman. La manœuvre n’était pas aisée pour Benjamin Nétanyahou : l’ancien premier ministre, en position de le redevenir, devait convaincre le leader travailliste Ehoud Barak de rejoindre son futur gouvernement pour rééquilibrer sa majorité au centre par rapport au parti d’extrême Israël Beiteinou, en position de force depuis les législatives de février. Mais dimanche, le chef du Likoud a compris qu’il avait échoué dans cette opération séduction. Après un premier refus et une nouvelle séance de discussions, Ehoud Barak lui a en effet annoncé qu’il ne serait pas son joker. Lors d’un entretien téléphonique, le ministre de la Défense sortant a rejeté sa participation dans un gouvernement dans lequel Avigdor Lieberman, dirigeant d’Israël Beiteinou, impliqué dans une affaire de corruption, aurait le pouvoir «de nommer les responsables chargés d’appliquer la loi», explique le ministre dans un communique. «Il est inutile d’ouvrir une discussion sur la participation du parti travailliste à une coalition en raison de l’acceptation de la plupart des demandes» de Lieberman par Benjamin Nétanyahou, précise Ehoud Barak dans ce texte. Israël Beiteinou, qui a remporté 15 sièges lors des élections législatives du 10 février, revendique plusieurs portefeuilles au sein du futur gouvernement Nétanyahou et pas les moindres : Lieberman, qui semble bien parti pour récupérer les Affaires étrangères, réclame aussi que l’actuel ministre de la Justice, Daniel Friedman, reste en place. Ce que Barak réprouve. Un troisième épisode ? C’est la deuxième fois qu’Ehoud Barak éconduit Benjamin Nétanyahou. Après la lourde défaite du Parti travailliste – la pire du parti de Ben Gourion, avec seulement 13 sièges sur 120 à la Knesset – lors des législatives de février, il avait dans un premier temps déclaré qu’il avait compris «le message des électeurs» et que sa formation servirait le pays sur les bancs de l’opposition. Mais le chef d’Etat-major, désireux de conserver son poste dans le prochain cabinet, n’avait pas tenu cette posture bien longtemps. Une «volte-face» qui avait d’ailleurs provoqué la colère de la majorité des députés travaillistes. Si ni Ehoud Barak ni Tzipi Livni, chef du parti centriste, ne reviennent sur leur décision de participer à ce gouvernement d’union, Benjamin Nétanyahou se verra donc dans l’obligation de composer avec Avigdor Lieberman, deux autres partis d’extrême droite ainsi que deux formations ultra-orthodoxes. A moins que, comme le pensent certains députés travaillistes, Ehoud Barak n’ait pas dit son dernier mot.
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