Barack Obama accueille un allié palestinien affaibli

Barack Obama accueille un allié palestinien affaibli

Reçu jeudi à la Maison-Blanche, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a plus de bonne volonté que de pouvoir.

Mahmoud Abbas est prêt à offrir plus que ce qu’il possède. Le président de l’Autorité palestinienne, qui rencontre jeudi Barack Obama à Washington, est l’enfant chéri des Occidentaux. Calme, affable, pondéré, il est l’interlocuteur favori des diplomates, le partenaire idéal des négociations. Depuis son élection à la tête de l’Autorité palestinienne en 2005, après la mort de Yasser Arafat, il n’a eu de cesse de se plier aux demandes et conditions de la communauté internationale. Conformément à celles de la fameuse «feuille de route», le bréviaire des négociations israélo-palestiniennes depuis 2003, il a systématiquement condamné la violence et lutté contre les organisations palestiniennes recourant au terrorisme.

Il s’est attaqué à la corruption qui gangrène la politique palestinienne et tente petit à petit de jeter les bases d’un État de droit dans un État palestinien qui n’existe pas. Beaucoup reste à faire dans tous ces domaines, mais le président palestinien peut en tout cas présenter à Obama des preuves de sa bonne volonté. Sa police, entraînée par les Américains, a arrêté et emprisonné par centaines les militants du Hamas en Cisjordanie. Son premier ministre, Salam Fayyad, a établi un semblant de comptabilité dans un budget autrefois géré par Arafat comme sa cassette personnelle.

Fort de ce bilan, Mahmoud Abbas va demander au président américain de tout faire pour que cesse la colonisation israélienne en Cisjordanie, qui grignote, avec les champs palestiniens, les espoirs de créer une entité territoriale viable. La secrétaire d’État Hillary Clinton l’a rappelé mercredi, Barack Obama veut un gel de la colonisation israélienne sans «exceptions», y compris celle de son expansion «naturelle».

Élections à haut risque

Abbas est prêt, en échange, à continuer ses efforts en vue de la création de cet État palestinien, solution soutenue par les États-Unis et la communauté internationale. «Nous espérons que les Israéliens comprendront que nous nous efforçons de parvenir à la paix et que nous ferons tout notre possible dans cette perspective, a répété Abbas mercredi au Canada, avant son arrivée à Washington. Nous espérons que le jour viendra où nous pourrons parvenir avec les Israéliens à une paix qui conduise à l’établissement d’un État palestinien vivant côte à côte avec l’État israélien dans la paix.»

Mais l’accommodant Mahmoud Abbas est un interlocuteur affaibli, dont les capacités à rassembler les Palestiniens autour d’une solution négociée sont réduites. Son fief a été amputé depuis l’été 2007 de près de la moitié de ses administrés, avec le coup de force du Hamas à Gaza et la sécession de ce territoire. Battu électoralement par le parti islamique en 2006, Abbas a rompu après ce putsch avec ces encombrants partenaires, formant un gouvernement sans soutien parlementaire. Maintenu sous perfusion par l’aide financière internationale, son protectorat pro-occidental de Cisjordanie manque de soutien populaire. Le Hamas joue cavalier seul et le dialogue interpalestinien que l’Égypte tente depuis des mois de promouvoir est au point mort.

Son mandat de président, terminé légalement depuis janvier, son premier ministre et son gouvernement reformés la semaine dernière sans le soutien du Fatah, le parti de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas est de plus en plus isolé. Il a promis d’organiser des élections début 2010, mais n’est pas en bonne position pour les remporter. Si Obama décide de parier sur lui pour réaliser la paix, il devra aussi trouver les moyens de renforcer sa crédibilité.