Banque d’Algérie sans gouverneur et partis agréés dans la précipitation : Les couacs du gouvernement

Banque d’Algérie sans gouverneur et partis agréés dans la précipitation : Les couacs du gouvernement

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L’ex-gouverneur de la Banque centrale a été nommé au poste de ministre des Finances pour laisser cette institution sans tête au moment où le pays traverse une grave crise financière.

Le gouvernement Bedoui est sur des charbons ardents. C’est incontestable! Le Hirak qui veut la tête du chef du gouvernement ne veut pas aussi entendre parler de son équipe. Une situation délicate qui le met sans aucun doute dans des conditions psychologiques difficiles. Tiraillé entre des décisions à caractère populistes qui ne font plus recette aux yeux des Algériens, dont l’objectif majeur consiste à faire table rase du système, et des mesures précipitées et tardives à l’instar de celle qui consiste à donner suite à des demandes d’agrément, déposées par les partis politiques, les syndicats et associations depuis plusieurs années pour bon nombre d’entre eux, l’Exécutif déjà contesté et rejeté par la majorité de la population erre comme une âme en peine.

Chargé d’expédier les affaires courantes durant cette période de transition, d’accompagner l’organisation de l’élection présidentielle fixée au 4 juillet, rejetée par des millions de citoyens, les partis politiques de l’opposition, les magistrats et de nombreuses mairies, ses jours sont en principe comptés. Evoluer dans une telle conjoncture n’aide certainement pas à accomplir sereinement sa mission même si cela ne consiste qu’à expédier les affaires courantes. Pour ce qui est des sorties sur le terrain, celles qu’ont osé effectuer quelques ministres ont reçu une fin de non-recevoir de la part des populations des villes concernées. Ils ont dû annuler purement et simplement leurs visites qui avaient pour but d’inaugurer certains projets et procéder à la mise en oeuvre de certaines réalisations.

Les ministres de Bedoui sont persona non grata partout où ils entendent se rendre.

La population a probablement consciemment ou inconsciemment rejeté des pratiques d’un autre temps, celui de l’époque de l’économie dirigée qui faisait la part belle au culte de la personnalité.

De là, cependant, à avoir laissé la Banque d’Algérie sans gouverneur, il y a comme de l’irresponsabilité dans l’air. Si cela relève d’un oubli, c’est très grave! Un couac? Encore plus grave! On savait que Noureddine Bedoui qui a succédé à Ahmed Ouyahia suite à sa démission a eu toutes les peines du monde pour former le gouvernement de technocrates souhaité par l’ex-président de la République.

Nommer cependant l’ex-gouverneur de la Banque centrale Mohamed Loukal au poste de ministre des Finances pour laisser cette institution sans tête au moment où le pays traverse une grave crise financière, constitue un non-sens qui l’exposerait à de potentiels graves dérapages.

Le recours au financement conventionnel nécessite en effet une vigilance de tous les instants pour procéder aux «garde-fous» garants d’une inflation maîtrisée comme c’est le cas pour le moment il faut le souligner. Tout comme il est impératif de préserver des réserves de changes qui se sont certes sérieusement effilochées, mais qui demeurent malgré tout à un niveau qui laisse une marge de manoeuvre au pays pour mettre en oeuvre les réformes nécessaires pour moins dépendre des exportations d’hydrocarbures dont il tire l’essentiel de ses revenus en dollars.

La conjoncture financière, actuelle, ne peut lui permettre de s’afficher avec une Banque centrale sans patron.

Une «coquetterie» que l’Algérie ne peut s’offrir en ces temps d’incertitudes politique et économique. Une fausse note qu’il faut expressément corriger.