Sous cette mouture, il est clair que cette mesure ne présente aucun moyen de pression pour réellement résorber ou bancariser l’argent de l’informel, ne serait-ce qu’en partie.
Bancarisation de l’argent de l’informel ou amnistie fiscale? Pour la plupart des observateurs de la scène économique, il n’ y a pas de différence. Et ce malgré la prudence et la retenue du ministre des Finances, M.Benkhalfa lors de son passage, cette semaine à la Radio nationale Chaîne III, où il avait évité d’évoquer le terme d’amnistie fiscale, et avait plutôt axé son intervention sur une vision purement économique et financière de la mise en pratique de cette mesure.
Le ministre des Finances soutient que ce projet du gouvernement entre dans le cadre de la relance de l’économie nationale, et constitue l’ultime chance pour les opérateurs économiques qui détiennent des fonds non déclarés, d’entrer dans la légalité, moyennant l’acquittement d’une taxe de l’ordre de 7%.
En même temps, il confirme qu’aucune sanction ne sera prononcée contre ceux qui choisissent de rester dans l’informel, et ce en plus du fait que les dépositaires ne sont pas contraints de révéler l’origine de leurs dépôts.
Sous cette mouture, il est clair que cette mesure ne présente aucun moyen de pression pour réellement résorber ou bancariser l’argent de l’informel, ne serait-ce qu’en partie.
Et pour cause: les opérateurs qui risquent de se précipiter aux guichets des banques, sont ceux qui y voient une chance ultime de blanchir de l’argent mal acquis. Pour les autres, cette mesure ne présente aucun intérêt, dans le sens où elle n’engage aucune promesse de changement dans les procédures bancaires.
Ce sont précisément ces lenteurs administratives qui poussent les opérateurs à retenir des sommes importantes en espèces, et de favoriser la pratique du cash dans leurs transactions.
D’un autre côté, comment peuvent-ils être séduits par une mesure qui au départ les oblige à verser une taxe? Alors qu’en contrepartie, ils n’ont aucune garantie d’une amélioration des services bancaires, et une meilleure gestion du temps des clients.
Pour les observateurs, les propos du ministre des Finances ne revêtent aucune conséquence, dans le sens où il s’agit d’une amnistie fiscale maquillée en mesure bancaire qui pour l’instant n’arrive pas à convaincre des masses d’opérateurs à y adhérer.
Or, toute la stratégie du ministre pour la relance économique est basée sur l’intégration des 3700 milliards de dinars que renferme l’informel.
En réalité, pour eux ce n’est ni plus ni moins qu’un encouragement au blanchiment d’argent, avec cette conséquence, qui pourrait aggraver davantage la situation économique du pays, et permettre aux grands barons et maîtres de lobbys, d’acquérir plus de force et de confirmer leur suprématie sur le terrain.
En outre, si pour certains spécialistes, même sous cet aspect, ce projet permet néanmoins de récupérer une partie de l’argent de l’informel, et représente un passage obligé pour atteindre progressivement un assainissement réel et effectif sur le terrain, il n’en demeure pas moins qu’il comporte certaines insuffisances, notamment en matière d’attraction et de persuasion destinées aux opérateurs qui souhaiteraient réellement rejoindre un canal bancaire pour y domicilier leurs activités.
Par ailleurs, les mesures de facilitations fiscales annoncées par le ministre demeurent louables aux yeux d’un bon nombre d’opérateurs. Dans la mesure où elles encouragent les producteurs qui se substituent à l’importation, en réduisant le taux de leurs taxes de 10 à 20%, et ce sur l’IBS, la TAP, l’IRG et la TVA.