Ban Ki-moon : “Le dialogue d’abord”

Ban Ki-moon : “Le dialogue d’abord”

Répondant à la pression exercée par la France sur l’ONU pour obtenir un feu vert du Conseil de sécurité à une intervention militaire au Mali, Ban Ki-moon a annoncé que celle-ci “nécessitait au préalable des négociations politiques”, remettant une opération ouest-africaine aux calendes grecques.

Après sa rencontre lundi avec le président français à Paris, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon est sorti de son mutisme le lendemain en soulignant dans un entretien accordé à l’AFP que toute intervention militaire africaine au Mali nécessitait au préalable des négociations politiques, suggérant ainsi qu’une opération ouest-africaine n’était pas pour demain.

En effet, en réponse à une question sur le calendrier d’une telle intervention, réclamée officiellement par Bamako et programmée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, Ban Ki-moon n’a donné aucune échéance, la renvoyant à la décision des États membres du Conseil de sécurité. Il argumentera en déclarant : “Tous les besoins doivent être clarifiés. Quels sont les buts et le mandat ? Le Conseil de sécurité doit être d’accord à ce sujet.”

“Le déploiement de forces doit être sérieusement étudié”, a poursuivi le patron de l’ONU. Plus explicite, il martèlera : “Ma position comme secrétaire général est, qu’avant toute opération militaire, il y ait des négociations politiques et un dialogue”. Ban Ki-moon est plus tranchant que son représentant en Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, qui avait laissé entendre que la “préparation” d’un déploiement militaire au Mali contre les groupes islamistes armés qui occupent la moitié nord du pays devait se dérouler parallèlement à un “dialogue” avec certains d’entre eux.

Ce dernier avait annoncé une réunion de représentants de la communauté internationale le 19 octobre à Bamako, qui devrait “être l’occasion de se mettre d’accord sur une stratégie avec les Maliens, avec les pays de la région, pour qu’il y ait une convergence de vues, sur comment agir vite et efficacement pour le Mali et le Sahel”. “Dans la partie nord du Mali, la situation est très difficile”, a abondé Ban Ki-moon, avant d’ajouter que “la plupart des zones sont maintenant occupées par des islamistes extrémistes qui imposent les règles de la charia”, dans une allusion à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). “Nous devons discuter de toutes ces questions d’une manière plus cohérente”, a cependant demandé le secrétaire général de l’ONU. Quant à la solution militaire, le SG de l’ONU s’est montré à nouveau très prudent, en affirmant : “Il faut être très clair, avoir des plans concrets et des modalités d’application”, et savoir “ce que seront les conséquences dans la région d’un déploiement de forces militaires au Mali”.

À la question de savoir si un tel déploiement de troupes pourrait intervenir avant la fin de l’année ou au printemps, il n’a pas souhaité se prononcer. “Les membres du Conseil de sécurité sont d’accord pour discuter du sujet mais la rapidité d’une décision revient aux États membres”, s’est-il contenté de répondre. “Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de consensus.

Ils (les membres du Conseil) ont réclamé des planifications, davantage de plans et propositions détaillées. Ils attendent des réponses des dirigeants africains”, a-t-il conclu. Ceci étant, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a nommé comme envoyé spécial pour le Sahel l’ancien chef du gouvernement italien Romano Prodi, a annoncé mardi le porte-parole de l’ONU Martin Nesirky. M. Prodi sera chargé de “coordonner les efforts de l’ONU pour mettre au point et appliquer une stratégie régionale intégrée pour le Sahel”. Il consultera les pays de la région et les organisations régionales, a expliqué M. Nesirky.

M. Prodi devra aussi “susciter, soutenir et coordonner l’engagement international en appui aux efforts des pays du Sahel pour régler cette crise complexe, y compris en se concentrant dans un premier temps sur le Mali”. Plusieurs autres candidats avaient été évoqués pour ce poste, dont l’Algérien Saïd Djinnit, représentant de M. Ban pour l’Afrique de l’Ouest, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo ou le président sortant de la Commission de l’Union africaine (UA), le Gabonais Jean Ping. Romano Prodi, 73 ans, avait été chef du gouvernement italien entre 1996 et 1998 puis de 2006 à 2008. Il a également présidé la Commission européenne de 1999 à 2004.

M T