La condition précaire de cette catégorie est très préoccupante
Des laissés-pour-compte «impondérables» sur le plan organisationnel faute d’une représentation assez forte.
La situation de la frange des retraités dont le pouvoir d’achat est en constante érosion, est plus qu’alarmante. Des laissés-pour-compte «impondérables» sur le plan organisationnel faute d’une représentation assez forte, sont otages de luttes d’appareils en perspective des échéances électorales.
Au-delà de la polémique soulevée par l’abandon des retraités, il faut dire que la condition précaire de cette catégorie est très préoccupante présentement et pour l’avenir, car le niveau des pensions de la majorité d’entre eux n’atteint pas le Snmg. Les retraités algériens restent coincés entre l’indifférence des pouvoirs publics et la problématique de la représentativité syndicale, Ugta. Laissés sur le carreau, les retraités sont ballottés entre les difficultés financières de la CNR et l’absence d’une solidarité du gouvernement. Au regard des nombreux défis qui doivent être affrontés par l’Algérie, notamment l’accroissement des dépenses, le vieillissement démographique et la mondialisation, la question des réformes du système des retraites renvoyée aux calendes grecques, devient inéluctable. «Des menées immorales tentent plus ou moins ouvertement de semer la confusion dans l’esprit des retraités, au sujet de l’amendement à la loi de finances 2012 visant à aligner sur le Snmg les pensions de retraite de montant inférieur», a fait savoir à travers un communiqué, Ali Brahimi, député et auteur d’un amendement en faveur de relèvement de la pension de retraite.
Le rejet de cette initiative est «d’abord imputable au président de l’APN qui a refusé de compter les suffrages (pour et contre) et d’organiser le vote des procurations dont une forte proportion était aux mains de députés favorables à notre initiative», a-t-il en outre précisé. «En violation de la stricte procédure légale de décompte, il a organisé un second vote, en rappelant ostensiblement l’identité de l’auteur de l’amendement (sous-entendu un opposant) sans réussir pour autant à réduire significativement l’avance du «oui».
Il a pourtant arbitrairement considéré que le «non l’emportait, à contre-courant de la majorité confortable et visible de parlementaires qui, toutes tendances confondues, ont voté en faveur des retraités», peut-on lire dans le même document. M. Brahimi accuse le ministre des Finances de «tenter de faire croire que l’augmentation des retraites déséquilibrerait la CNR, feignant d’oublier qu’elle visait justement à faire financer le différentiel par le Trésor public.» De son côté, le gouvernement a promis «d’entreprendre l’examen des aspects de la mesure exceptionnelle relative à la revalorisation des pensions de retraite en particulier les petites pensions en termes de taux et de financement». C’est du moins ce qu’a expliqué le ministre du Travail dans une déclaration à la presse en marge de la plénière de jeudi dernier. Il est utile de rappeler dans ce contexte que M. Louh avait annoncé juste à l’issue des travaux de la tripartite que «le gouvernement préparait une mesure exceptionnelle pour la revalorisation des allocations et pensions de retraite». Mais aussi, un déséquilibre financier à venir de grande ampleur n’est pas à écarter. Du moment que le rapport du nombre de retraités basé sur le système par répartitions des cotisations au nombre d’actifs ne peut être qu’inversé donc, défavorable à cette frange. Dans le même temps, les entrées sur le marché du travail sont de plus en plus rares, et les retraits d’activité, précoces. Le régime de base des retraites, financées par répartition, s’est heurté à un contexte démographique et économique tout autre, notamment la hausse du niveau d’instruction, la baisse du taux de mortalité et l’allongement de l’espérance de vie. Ces facteurs pèsent lourdement sur les régimes de retraite qui se voient obligés de consentir des retraites de plus en plus importantes et pour des périodes de plus en plus longues, rendant ainsi précaire leur équilibre financier. Enfin, la retraite n’est pas un luxe. Il s’agit d’un droit humain fondamental, repris dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté en 1966 par l’Assemblée générale des Nations unies. On ne devrait pas voir la retraite comme une charge, on devrait la percevoir comme un investissement. Sa modernisation est nécessaire.