Ballottés entre différents organismes: Les céréaliculteurs de Bouira pris “en otage”

Ballottés entre différents organismes: Les céréaliculteurs de Bouira pris “en otage”
agriculture

Certains céréaliculteurs que nous avons rencontrés hier à la CCLS (coopérative des céréales et des légumes secs) de Bouira étaient quelque peu perturbés en allant déposer leurs dossiers de crédit à l’unique guichet. Ce dernier comprend 3 services, à savoir celui de la caisse régionale de la mutualité agricole pour l’assurance, de la CCLS pour la semence, et de la BADR pour le crédit. “Je suis muni d’un contrat d’assurance accompli à la CRMA, afin d’avoir accès au crédit de la semence attribué par la BADR et bonifié par l’État dans le cadre du dispositif RFIG. À ma grande surprise, je me vois orienté vers un autre organisme d’assurance qui est la Société algérienne d’assurance (SAA), ce qui n’est pas habituel. Et moi, par peur que l’on me refuse mon crédit, je me vois obligé de résilier mon contrat avec la CRMA et d’aller m’assurer à la SAA.” C’est ainsi que s’est exprimé Omar Ayad, un agriculteur désemparé que nous avons rencontré à la CCLS. Assurément, la BADR a, en plus de l’accord qu’elle détient avec la CRMA, contracté entre-temps une convention avec la SAA. Désormais, il n’y a pas que la CRMA qui s’attribue le droit d’être le seul organisme assureur des agriculteurs, quoique celui-ci détient une longueur d’avance sur sa rivale, la SAA, concernant le marché du monde agricole. Un autre agriculteur précise : “Il y a plus de 10 ans que le ministère de l’Agriculture a créé par le biais d’une circulaire ministérielle un guichet unique où sont présents la CCLS (semence), la CRMA (assurance) et la BADR (finance) afin de garantir une meilleure campagne labours-semailles. Jusque-là, tout allait bien, et ça a toujours bien fonctionné. Cette fois-ci, la BADR nous conditionne, nous les agriculteurs, au guichet unique de la SAA ouvert à leur niveau pour nous édifier un peu plus sur cette méprise.” Nous avons décidé d’accompagner un agriculteur muni d’un contrat délivré par la CCLS pour déposer son dossier de crédit dans une agence de banque BADR. Nous avons été surpris de voir que le dossier a été aussitôt pris en charge par le préposé agent, et sans aucun malentendu. “Vous savez, nous n’avons aucun problème avec les contrats consentis au niveau de la CCLS, cependant les agriculteurs et les céréaliculteurs qui n’ont pas souscrit une assurance pour bénéficier du crédit semences, nous leur proposons de s’assurer à la SAA qui est à notre niveau. Nous ne pouvons forcer l’agriculteur à choisir l’organisme assureur, il est autonome d’aller où il veut, le marché de l’assurance est d’ailleurs libre. Il n’y a aucun problème, bien que nous ayons des engagements envers la SAA avec laquelle nous sommes liés par une convention que nous devons respecter, mais je le répète, nous montrons notre attention aux agriculteurs qui n’ont pas souscrit d’assurance, en les guidant et en leur facilitant la tâche qu’ils pourront effectuer de manière aisée, sans contraintes ni déboires”, a tenu à clarifier Hamid Khedis, directeur de la banque BADR de Bouira, afin d’écarter la confusion de s’installer dans le milieu des agriculteurs.

Farid Haddouche