Dans un contexte marqué par une conjoncture régionale spécifique, avec notamment le développement qu’a connu la situation en Libye, Alger est devenu la destination de hauts responsables étrangers.
Ces visites porteront beaucoup plus sur l’aspect sécuritaire vu les enjeux de la lutte contre le terrorisme dans laquelle l’Algérie joue un rôle majeur vu sa position au Sahel. Dans ce cadre, plusieurs personnalités étrangères ont été accueillies à Alger, notamment le Premier ministre portugais, le secrétaire d’État espagnol aux Affaires étrangères, le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, le secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, le président du Mali, Amadou Toumani Touré et enfin le général major Robin Searby, conseiller du Premier ministre britannique en matière de lutte contre le terrorisme pour l’Afrique du Nord et la région du Sahel. Ce dernier devrait présider en compagnie de Rezzag Bara, conseiller auprès du président de la République, la troisième réunion du groupe bilatéral de contact algéro-britannique dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité connexes.
Alger, qui a toujours défendu le principe que la question du Sahel appartient aux pays de la région, se trouve dans la nécessité de coopérer avec les puissances étrangères, passant en avant la coopération régionale même si cette dernière reste loin d’ être au top de l’efficacité.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le déplacement de quatre jours en Algérie du président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, sur invitation du Président Bouteflika. A ce propos, le communiqué de la Présidence explique que cette visite permettra également aux deux chefs d’Etat de poursuivre leur concertation et leurs échanges sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun.

Il faut dire que le Mali est un partenaire-clé dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Cependant, des divergences sont nées entre le Mali et l’Algérie, notamment depuis que ce dernier a cédé à la pression de la France en libérant des terroristes, dont deux Algériens réclamés par l’Algérie, en échange d’un ressortissant francais enlevé par Al Qaïda au Maghreb islamique.
Cet incident n’a pas empêché les deux pays de continuer à travailler ensemble, car nul ne peut combattre seul le terrorisme au Sahel. Toutefois, chaque pays a sa stratégie sécuritaire pour protéger ses frontières. Outre la coopération avec les présidents des pays du continent noir concernés par la menace terroriste au Sahel, l’Algérie est de plus en plus sollicitée par les puissances étrangères dans la lutte contre le terrorisme.
Dans ce cadre, Alger a reçu dimanche dernier le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, Jeffrey D. Feltman.
Suite à son entretien avec le Président Bouteflika, le responsable américain a déclaré qu’il était «très important» pour son pays de recueillir les «avis et conseils» du Président Bouteflika en ce qui concerne la situation en Libye, de manière à «aider» ce pays à effectuer une «bonne transition».
A ce propos, il dira que «l’Algérie est un pays voisin de la Libye et il était très important de connaître l’opinion (de l’Algérie) sur la situation en Libye et avoir les avis et conseils du Président Bouteflika pour savoir quelle était la meilleure façon d’aider ce pays à avoir une bonne transition».
De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait déclaré mercredi dernier que la priorité de la Grande-Bretagne dans le domaine de coopération sécuritaire avec l’Algérie est d’arriver à une «action effective» pour con-trer le terrorisme dans la région du Maghreb.
Concernant la question libyenne, il a été reproché à l’Algérie l’ambiguïté de sa position, mais maintenant que Kaddafi a été exécuté et qu’un nouveau pouvoir politique naîtra dans ce pays voisin faisant partie du Sahel, elle est tenue de coopérer avec les nouvelles autorités libyennes. Pour rappel, Alger s’est plusieurs fois prononcé contre l’intervention de l’Otan en Libye.
Avec la nouvelle étape que traverse la Libye, la situation sécuritaire au Sahel devient le centre d’intérêt avec l’arrivée massive d’armes dans cette région, une situation qui renforce l’Aqmi et la reprise des hostilités par les rebelles du Nord-Mali.
Pour rappel, l’Algérie fait partie du comité d’état-major opérationnel conjoint avec le Mali, la Mauritanie et le Niger, installé à Tamanrasset depuis 2009, et les Occidentaux la sollicitent sur la coopération sécuritaire.
Par Nacera Chenafi