La chronique économique nationale ne cesse d’être rythmée par des annonces de mauvais augure charriées par des prix de pétrole qui dévissent inexorablement.
En effet, la balance commerciale enregistre une chute tout aussi importante que celle des cours du brut en atteignant 8,041 milliards de dollars (mds usd) durant les sept premiers mois de 2015. Un chiffre qui a de quoi inquiéter compte tenu du fait que la balance commerciale algérienne a souvent été excédentaire ces
dernières années. A titre d’exemple, celle-ci a enregistré à la même période de l’année dernière, un excédent de l’ordre de 3,964 mds usd. C’est dire à quel point la fonte des exportations algériennes a été impactée par la dépression qui a gagné le marché pétrolier, principale ressource en devises de l’économie algérienne. Les dernières statistiques du Cnis précisent que les exportations s’établissent à seulement 22,924 mds usd entre janvier et juillet 2015 contre 38,49 mds usd durant la même période en 2014.
De l’excédent au déficit
En clair, l’Algérie a exporté 40,44% de moins depuis janvier dernier d’après l’ONS. Maigre consolation, les importations ont enregistré une baisse de 10,31% passant de 34,525 mds usd durant les sept premiers mois de 2014 à 30,965 mds usd en 2015. Encore que ces baisses en valeur des importations sont moins le résultat d’une politique économique protectionniste que d’une dépréciation de l’euro face au dollar. Il reste donc du travail à faire au gouvernement pour «rationaliser», comme il le dit, les dépenses et réduire considérablement la facture d’importation. Cela étant dit, l’ONS souligne que les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 74% contre 111% à la même période de l’année 2014. Il ne suffit plus ce faisant de compter sur les exportations des hydrocarbures pour financer les importations. D’où d’ailleurs la sollicitation soutenue du Fonds de régulation des recettes (FRR) qui a lui aussi fondu sans possibilité à l’état actuel du marché du brut d’être alimenté.
Un petit milliard d’exportation…
Il faut savoir que les exportations des hydrocarbures, qui ont représenté 94,05% des ventes extérieures du pays, ont été évaluées à 21,559 mds usd contre 37,222 mds usd durant la même période de 2014 (-42,08%). Quant aux exportations hors hydrocarbures elles restent largement en deçà des espérances même si elles enregistrent un frémissement somme toute modeste de l’ordre de 7,73%. Seul un petit milliard de dollars (1,365 md exactement soit 6% du volume global des exportations) de produits hors hydrocarbures blanchit un peu le tableau sombre d’une économie fortement rentière.
L’Algérie a exporté notamment des demi-produits avec 1,126 md usd (+13,62%), des biens alimentaires avec 166 millions usd (-13,99%), les produits bruts avec 59 millions usd (-10,61%), les groupes des biens d’équipements industriels avec 8 millions usd (-20%) et les biens de consommation non alimentaires avec 6 millions usd (-14,29%). Autrement dit, il s’agit principalement des produits dérivés des… hydrocarbures.
L’Algérie reste plus que jamais quasiment une économie mono-exportatrice. Ces chiffres déclinés par l’ONS rendent assez bien compte de cette réalité amère que les gouvernements successifs se sont engagés, en vain, à inverser par des formules aussi ronflantes que «la diversification des exportations».
La réalité est que les mesures gouvernementales s’avèrent totalement inefficaces pour rendre l’économie algérienne moins dépendante du cercle vicieux de «l’import-import».
Depuis une année qu’on glose sur la rationalisation des importations, mais les résultats sont plutôt maigres. Mis à part la baisse des importations des produits bruts à hauteur de 951 millions usd (-19,61%), des énergies et lubrifiants avec 1,37 md usd (-16,51%), les biens de consommation non alimentaires avec 5,175 mds usd (-15,73%) et les produits alimentaires avec 5,748 mds usd (-15,36%), la facture reste tout de même salée. Le creusement du déficit de la balance commerciale est assurément un autre voyant rouge qui s’allume dans le ciel incertain de l’économie nationale.
Z. M