Baisse record des récoltes céréalières, De nouvelles techniques culturales s’imposent

Baisse record des récoltes céréalières, De nouvelles techniques culturales s’imposent

L’annonce du ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelwahab Nourri, avouant un net recul des récoltes céréalières pour la saison 2013/2014, fait sortir les plus optimistes de leur euphorie. Les récoltes de l’année en cours, dont la campagne de moisson-battage vient d’être clôturée, ne dépassent guère le cap des 30 millions de quintaux, avec une grande partie constituée d’orge, donc destinée à l’alimentation animale.

La dynamique de relance, relativement retrouvée ces dernières années avec des rendements moyens de 50 millions de quintaux/an, vient de s’avérer grandement fragile pour retomber en 2014 jusqu’au niveau de la fin des années 1990 et ce, malgré les faramineux programmes de développement mis en œuvre à coups de plusieurs milliards de dinars à la faveur du PNDA et le Renouveau agricole et rural. Ainsi, la filière céréalière algérienne aurait-elle pris du plomb dans l’aile ? Pour la saison en cours, la réponse est affirmative mais ce n’est pas le cas pour les années à venir car l’essor de cette filière stratégique pour la sécurité alimentaire du pays est un pari réalisable.



Nul n’ignore que le mal majeur de la filière céréalière est intimement lié à la météorologie et les rendements ont toujours été proportionnels au degré de générosité du ciel et de la répartition des précipitations durant les différentes périodes de l’année. En l’absence d’un meilleur développement des périmètres irrigués (moins d’un million d’hectares à travers tout le territoire national sur un total de 8,5 millions d’ha), la céréaliculture en Algérie est pratiquée dans sa grande majorité en sec, c’est-à-dire qu’elle dépend exclusivement des eaux de pluies. Pour la saison en cours, le climat n’a pas été moins dur avec les régions céréalières du pays.

Après des précipitations appréciables durant les premiers mois qui ont suivi les labours-semailles, à savoir décembre et janvier, la cadence a nettement baissé avant de laisser place à des chaleurs hors saison en avril-mai, alors que c’est à cette étape de l’année que les cultures céréalières ont le plus besoin d’eau pour, diront les agronomes spécialistes en la matière, la consolidation de la tige et la formation des épines. Faute de pluies durant cette période de l’année, le processus de développement des plantes céréalières s’est effectué mais d’une manière fragile. Un autre épisode contreproductif parviendra par la suite avec les pluies qui ont repris dès la fin du mois de mai et le début juin, alors que les récoltes ont entamé un processus de maturation, ce qui les rend plus vulnérables à l’humidité qui génère des maladies et accélère le processus de pourrissement des épis, ont également expliqué les spécialistes.

Enfin, à l’avenir, pour sortir des tenailles des changements sporadiques du climat, la mise en œuvre de nouvelles techniques culturales, plus adaptées aux réalités du terrain, est plus que nécessaire. Pour cela, aux cadres de terrain et aux agriculteurs d’explorer les véritables performances de la filière mais aussi ses points faibles afin d’analyser efficacement les dysfonctionnements techniques de la campagne de chaque saison. D’ores et déjà, les spécialistes agronomes requièrent le recadrage du calendrier des semailles afin d’épargner aux cultures les effets du décalage saisonnier observé de plus en plus ces dix dernières années.

A ce titre, il est recommandé de procéder à la pose des semis en octobre-novembre afin que « les plantes ne soient pas chétives ». D’autre part, de nombreuses études ont démontré que le labour contribue largement à l’assèchement des sols. En conséquence, il est nécessaire d’opter désormais pour les semis directs, c’est-à-dire sans le retournement des sols, ce qui permettra aussi d’endiguer le phénomène de l’érosion.

Mourad Allal (L’Éco n°96, du 16 au 30 septembre 2014)