L’arsenal juridique accouche d’une souris
Dans le souci d’atteindre un juste équilibre entre des importations en hausse graduelle depuis 2007 et les exportations en chute vertigineuse depuis le recul des cours de pétrole, entraîné par la crise économique mondiale, l’Algérie a dressé un arsenal de mesures à la faveur de la loi de finances complémentaire 2009.
Réduire ainsi les importations était le point de mire des pouvoirs publics en vue d’éluder tout déséquilibre dans la balance des payements. Pour ce faire, le gouvernement a mis en place une batterie de mesures pour mieux juguler les achats et diminuer ainsi les dépenses de l’Algérie.
Interdiction d’importer tous médicaments produits localement. Instauration du crédit documentaire comme seul moyen de payement des importations. L’obligation faite aux sociétés étrangères d’importation de s’associer avec un partenaire algérien à la hauteur de 30% du capital de l’entreprise.
La taxe imposable aux consommateurs à l’achat d’un véhicule neuf. La suppression du crédit à la consommation. La guerre lancée contre l’importation de produits contrefaits. Le renforcement des procédures de contrôle au sein des infrastructures portuaires et frontalières.
Tout cet arsenal juridique qui, faut-il le rappeler, a provoqué le tollé des acteurs économiques, n’a cependant pas abouti aux résultats escomptés. Face aux statistiques du Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS) relevant des douanes relatives au commerce extérieur et plus particulièrement celles ayant trait aux importations, les mesures susvisées s’avèrent inefficaces.
Selon le rapport de cet organisme, les importations ont atteint 39,10 milliards de dollars contre 39,47 milliards de dollars en 2008, soit une légère diminution de 0,95%. Un pourcentage infime engendré particulièrement par la baisse de la facture alimentaire qui enregistre un repli de 25% par rapport à l’année précédente.
Cette réduction des importations est malencontreusement bien loin du chiffre espéré par le gouvernement qui a fixé comme objectif de baisser d’environ 5 % les importations. Par ailleurs le CNIS précise qu’hormis les groupes de «alimentation», «énergie et lubrifiants», «produits bruts» ainsi que le groupe «biens de consommations » qui ont enregistré de légères baisses, les autres groupes ont suivi une tendance haussière.
Il s’agit des biens d’équipements agricoles avec 229 millions de dollars en hausse de 31,61%, celui des équipements industriels avec 15,04 milliards de dollars en hausse de 14,9% et les demi-produits avec 10,24 milliards de dollars (+2,34%). À l’aune de ce constat, les mesures de la LFC 2009, encadrant le commerce extérieur n’ont pas eu l’impact attendu.
Un résultat pronostiqué par un bon nombre d’économistes algériens à la veille de la promulgation de cette loi. Selon ces derniers, les importations ne baisseront pas tant que les dépenses publiques demeureront élevées.
Dans le même sillage, l’année 2010 dressera le même constat en matière d’importation, notamment, quant on sait que les dépenses d’équipement et d’investissement, à elles seules, totalisent un montant de 3 332 milliards de dinars d’autorisation de programme (en hausse de plus de 7%), avec des crédits de paiements d’un montant de 3 023 milliards de dinars.
Tout le monde s’accorde à dire, cependant, que seule la production locale peut, et d’une façon effective, se substituer à l’importation. Les pouvoirs publics ont finalement compris cette équation. D’importants avantages, sous forme d’exonération de taxe, sont attribués aux investisseurs locaux nationaux en vue de mettre en place une production locale compétitive.
Certes cette résolution inébranlable atteste sans aucun doute la détermination du gouvernement à soutenir le produit «made in Algéria », toutefois les répercussions de ce soutien tardent à se faire sentir, en matière de réduction d’importation. Jusqu’à l’heure actuelle, son apport est amplement timide. En tout état de cause, les années se succèdent et sans grande différence.
L’Algérie importe pratiquement tout et n’exporte que des hydrocarbures. Les actions à résultats concrets n’arrivent plus à s’imposer devant les slogans pompeux des pouvoirs publics. Le défit de réduire les importations est-il à ce point insurmontable pour une Algérie à plus de 140 milliards de dollars de réserves de change ?
Hamid Mohandi