Le PNUD et l’Organisation internationale du travail (OIT) observent que le taux de chômage en Algérie est passé de 20,6% en 1991 à 29,6% en 2000 avant de tomber à 11,4% en 2010, entraînant ainsi une baisse de la moyenne du taux de chômage en Afrique du Nord pour passer de 12,6% en 1991 à 10,1% en 2010.
Néanmoins, précise le rapport conjoint de ces deux institutions « la baisse impressionnante du taux de chômage en Algérie a été accompagnée par une augmentation de l’emploi informel, à un taux de près de un-à-un ».
« Cette situation s’explique par le fait que certaines activités proviennent plutôt d’une réaction défensive de la part des chômeurs qui désespèrent de gagner leur vie en recourant au secteur informel, que d’un modèle de développement qui crée des gains pour l’ensemble de l’économie », commentent ces deux organisations onusiennes.
C’est ainsi que le PNUD et l’OIT indiquent, par ailleurs, que l’Algérie est le pays arabe ayant enregistré la plus forte baisse du chômage en deux décennies mais avec une augmentation, toutefois, de l’emploi informel.

Dans un rapport conjoint consacré aux tendances de l’emploi et de la croissance économique dans le monde arabe, ces deux organisations de l’ONU relèvent que depuis 1990, le taux de chômage a diminué dans la région arabe, mais pas
de manière uniforme dans les trois sous-régions que sont l’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Egypte et Soudan), le Moyen-Orient (Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Yémen et les territoires palestiniens occupés) et les pays du Conseil de coopération du golfe (CCG: Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Emirats arabes unis, Oman et Qatar). D’autre part, ce rapport de 152 pages précise que « si l’Afrique du Nord a fait mieux que les deux autres sous-régions en terme de réduction du chômage, cela est principalement attribuable à la baisse du chômage en Algérie ».
Ainsi, le taux de chômage a diminué en Afrique du Nord de 24% entre 1990 et 2010 contre un recul de 4,6% dans le pays du CCG mais a il augmenté de 2,6% dans la région du Moyen-Orient. Il est utile de noter que la population dans les pays arabe a augmenté de 53% entre 1991 et 2010, passant de 224 millions à 343 millions d’habitants, soit une croissance démographique annuelle de 2,2%, indique la même source.
Dans leur analyse générale de la situation de l’emploi dans le monde arabe, le PNUD et l’OIT font valoir que les soulèvements populaires qui ont secoué cette région ont révélé « des politiques de développement asymétriques, l’insuffisance de la justice sociale et une libéralisation économique très mal gérée ».
Certes, les politiques appliquées dans les années 1990 et 2000 ont permis aux pays de la région de faire face aux problèmes de la dette et de l’inflation, de stimuler la croissance et de créer des emplois, notent-elles.
Cependant, « la croissance est restée inférieure à celle des autres régions du monde, les nouveaux emplois étaient principalement créés dans les secteurs à faible productivité et les gouvernements se souciant peu de conséquences sociales de leurs politiques économiques ».
« En 2010, une personne dans le monde arabe avait plus de chance de trouver un emploi qu’il y a 20 ans. Mais la question est de savoir quel type d’emploi? », s’est interrogé l’auteur principal du rapport, M. Zafiris Tzannatos. « Les travailleurs sont de mieux en mieux formés et instruits, mais les emplois qui sont créés sont peu qualifiés et mal rémunérés », a-t-il expliqué.
Pour sa part, le responsable de la lutte contre la pauvreté au centre régional du PNUD, M. Mohammad Pournik, a indiqué que « Le vrai problème est le besoin de créer des emplois assortis d’une dignité sociale plutôt que d’obtenir, à tout prix, un emploi en sacrifiant cette dignité ».
Le rapport précise que la croissance à venir dépend d’une bonne gouvernance laquelle « doit impérativement être améliorée pour attirer davantage d’investissements et permettre des réformes structurelles et institutionnelles ».
Enfin, il est utile de rappeler qu’au mois d’octobre dernier, le Premier ministre M. Abdelmalek Sellal a affirmé que le taux de chômage en Algérie, estimé actuellement à 9%, n’excédera pas ce seuil en 2013. Répondant aux questions des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Sellal a précisé que ces chiffres « prouvés » ont été avancés par l’Office national des statistiques.
Evoquant le travail et l’emploi en Algérie, le Premier ministre a fait savoir que les postes de travail créés de 2010 à fin juin 2012 représentent près de 83% des 3 millions de postes promis par le gouvernement. Ce pourcentage représente, selon M. Sellal, 2.343.510 postes de travail, dont 1.249.008 postes dans le secteur économique et 1.094.530 postes dans le cadre du dispositif d’emploi de réinsertion professionnelle.
Le ministre a ajouté que les mécanismes relatifs au filet social ont permis la création de 1.083.935 postes de travail, soulignant dans ce sens l’importance de la promotion de l’investissement en tant que générateur de postes d’emploi. M. Sellal a souligné que le seuil de 3 millions de postes de travail sera atteint et même dépassé d’ici juin 2013.
Saïd Ben.