Baisse des réserves de change, chute de la valeur du dinar : L’Algérie face à la crise

Baisse des réserves de change, chute de la valeur du dinar : L’Algérie face à la crise

Ce que prévoyaient les économistes sérieux depuis des années est arrivé. Faute d’une économie diversifiée, les réserves de change de l’Algérie sont en train de fondre comme neige au soleil du fait de la baisse brutale des cours de pétrole sur le marché mondial. Notre pays a perdu 34,242 milliards de dollars de ses réserves de change en l’espace de quelques mois alors que le dinar a perdu 22% de sa valeur face au dollar américain depuis le début de la chute des prix de pétrole. Le gouverneur de la banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, qui présentait hier les tendances monétaires et financières de l’Algérie au premier semestre 2015, s’est montré rassurant mais les chiffres parlaient d’eux-mêmes. « Les réserves de change de l’Algérie ont poursuivi leur tendance baissière pour s’établir à 159,027 milliards de dollars à fin juin 2015 contre 178,938 milliards de dollars à fin décembre 2014 », dira d’emblée M Laksaci qui a tenu en outre à rappeler que les réserves de change étaient de l’ordre de 193,269 milliards de dollars à la fin du mois de juin de l’année écoulée.

En fait, la carte brandie par le gouvernement à chaque fois qu’il fait l’objet de critiques de la part de l’opposition, pour sa gestion des affaires économiques du pays, est en train de brûler.

Le gouverneur de la banque d’Algérie ne peut pas cacher ou masquer les chiffres. L’Algérie exporte principalement des hydrocarbures et les cours de l’or noir connaissent désormais une baisse préoccupante. Il existe, selon le responsable de la banque centrale, « une forte contraction des réserves officielles de change entre fin juin 2014 et fin juin 2015, et qui se sont contractées de 34,242 milliards de dollars en raison de l’impact du choc externe sur la balance des paiements extérieurs de l’Algérie depuis le quatrième trimestre 2014. »

En dépit de cela, Laksaci reste toutefois serein et paraît même optimiste. Il soulignera en ce sens que le niveau des réserves de change reste « adéquat » pour faire face au choc externe en situation de très faible dette extérieure située à 3,353 milliards de dollars à fin juin 2015.

La dépréciation du dinar est par ailleurs l’autre problème évoqué hier par le gouverneur de la banque d’Algérie. « Le dinar a enregistré une dépréciation de 22% par rapport au dollar américain, mais s’est apprécié de 0,6% par rapport à l’euro au premier semestre 2015 comparativement à la même période de 2014 », a-t-il indiqué en évoquant un « impact du choc externe de grande ampleur » sur les fondamentaux, ce qui a provoqué cette chute de la valeur de la monnaie nationale durant les premiers six mois de l’année en cours. Mohamed Laksaci qui note lors de sa présentation que « ces tensions impactent significativement les cours de change des pays émergents et en développement », souligne en relativisant dans le même ordre d’idées que « la relative flexibilité du cours du dinar sur le marché interbancaire des changes permet d’absorber, en partie, l’effet de la chute des prix du pétrole dans un souci de prévenir toute appréciation du taux effectif réel dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme ». Le gouverneur de la banque d’Algérie n’a certes pas versé dans l’alarmisme mais a lancé des signaux clairs quant à l’avenir de la situation financière du pays dans le cas où les cours du pétrole se maintiennent à ce niveau ou, pire encore, dégringolent davantage à moyen terme. Enfin, M. Laksaci a confirmé ce qui n’était qu’une rumeur qui circulait dans les médias, ces dernières semaines. Le retour du crédit à la consommation attendra encore. Prévu initialement pour juin dernier, puis reporté à ce mois de septembre, le crédit à la consommation, supprimé en 2009 par l’ancien chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, ne sera pas encore relancé. Pour cause, la centrale des risques des ménages n’entrera en service qu’à la mi-septembre, selon le gouverneur de la banque centrale qui affirme que « la nouvelle centrale des risques constituera un important outil d’aide à la gestion des risques de crédits ». Mohamed Laksaci ne donnera cependant aucune date quant à la reprise de ce crédit tant attendu par des millions d’Algériens.