La conjoncture actuelle, marquée par la chute brutale des cours de pétrole, peut constituer une importante opportunité de croissance pour la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach), estiment aujourd’hui des experts au forum du quotidien Liberté.
Sontarch doit passer à l’offensive avec l’effondrement des cours de l’or noir. Elle doit aller vers l’acquisition d’actifs à l’étranger là où l’opportunité est offerte, a indiqué l’expert pétrolier international Mourad Preure. « Avec cette conjoncture qui met à rude épreuve plusieurs compagnies pétrolières étrangères, Sonatrach doit en tirer profit. Il faut être le chasseur et non pas le gibier», a-t-il affirmé à ce propos avant de souligner que Sonatrach ne figure toujours pas dans le top 10 des compagnies pétrolières.
Cette conjoncture devra être considérée, explique-t-il, comme une occasion pour réduire la dépendance de notre pays aux hydrocarbures et rompre avec l’économie rentière, car selon lui, les réserves de change dont dispose actuellement l’Algérie ne constituent pas « une garantie économique ».
« Nous devons investir nos réserves de change et changer de stratégie économique », affirmé pour sa part le professeur à l’Ecole polytechnique, Chems Eddine Chitour, qui a saisi cette occasion pour appeler à un débat national autour de cette question.
Des cours en hausse dès le 2ème semestre 2015
« Nous vivons un épisode baissier qui peut se transformer en cycle », a averti M. Preure lorsqu’ il a abordé les facteurs ayant contribué à la baisse des prix du pétrole. Selon lui, cette variation est « récurrente » sur le marché de l’énergie, mais cette fois-ci « on assiste à un raccourcissement de l’intervalle entre les cycles de crise en raison de l’évolution technologique que connaît actuellement les marchés financiers et pétroliers ».
La chute des cours de pétrole s’explique également par le déséquilibre existant entre l’offre et la demande. Il dira à ce propos qu’ « il y a une bulle financière autour du schiste qui a fortement contribué à tirer vers le bas les prix des ressources conventionnelles ». L’expert a pointé du doigt aussi la persistance de la baisse de la croissance dans plusieurs pays consommateurs de pétrole qui étaient dans la contrainte de développer des énergies alternatives suite à la hausse des cours de pétrole durant les quatre à cinq dernières années. Cependant, il a écarté l’hypothèse selon laquelle certains pays producteurs veulent sanctionner à travers cette baisse la Russie et mis en cause les intentions de l’Arabie Saoudite d’équilibrer le marché après que l’Opep a décidé de maintenir le plafond de sa production, malgré la volonté de certains membres de réduire l’offre pour peser sur les cours.
M. Preure a, par ailleurs, indiqué que les prix vont se stabiliser très prochainement aux alentours de 60 dollars avant de repartir en hausse à partir du deuxième semestre 2015, avec notamment le déclin des prix des huiles de schiste.
Concernant le développement des hydrocarbures non conventionnels en Algérie, le professeur Chitour n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour le qualifier l’investissement dans cette énergie de « leurre ». « Nous n’avons ni les moyens techniques ni financiers pour son exploitation », a-t-il affirmé. La solution réside, selon lui, dans le développement des énergies renouvelables, où l’Algérie possède un grand potentiel.
Khelifa Litamine