Le niveau actuel des prix du pétrole ne risque pas d’avoir des effets négatifs directs sur la situation financière du pays à condition que cette baisse ne perdure, ont estimé samedi à Alger des spécialistes.
« La récente baisse des cours est due à l’importante quantité supplémentaire de l’offre sur le marché, alors que les perspectives de relance de l’économie mondiale ne sont pas encore claires », indique Abdelmadjid Attar, expert en énergie, dans une déclaration en marge d’une rencontre dédiée au cinquantenaire du recouvrement de la souveraineté nationale.
Selon M. Attar, également ancien ministre de l’Hydraulique et ancien PDG de Sonatrach, ce niveau de prix, bien qu’il est au dessus des projections officielles, « n’est, cependant, pas alarmant », a-t-il indiqué, ajoutant que l’Algérie pourrait mener ses programmes d’investissements publics grâce, notamment, aux disponibilités du Fonds de régulation des revenus et ses placements à l’étrangers (réserves de change).
Toutefois, une gestion rationnelle et efficace de cette embellie financière « est nécessaire surtout si les prix vont encore baisser », a-t-il souligné, rappelant que l’Algérie pourrait devenir pays importateur d’hydrocarbures dans moins de deux décennies.
De son côté, Abdelhamid Kara, ancien cadre de Sonatrach, a affirmé que le repli des cours de l’or noir sous le plancher des 100 dollars est, en effet, « l’oeuvre de l’Arabie Saoudite, qui continue à pomper du brut sur le marché en dépit de l’abondance de l’offre et une demande fébrile pour servir les intérêts des consommateurs et en particulier les Etats-Unis ».
« Elle agit ainsi à l’encontre des intérêts des petits producteurs mais aussi ses propres intérêts économiques avec un prix de baril inférieur à 100 dollars », a-t-il poursuivi.
S’agissant des effets de cette situation sur les perspectives budgétaires de l’Algérie, M. Kara qui travaille actuellement avec une multinationale pétrolière, a, lui aussi, que le pays « n’est pas d’ores et déjà condamné à aller vers l’austérité ».
« Toutefois, il faut réorienter l’utilisation de la manne pétrolière sur le moyen et le long terme », a-t-il ajouté. L’ancien président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Omar Ramdane, a, quant à lui, estimé que les disponibilités du FRR ainsi que les réserves de change permettent aux pouvoirs publics de boucler leur programme d’investissements publics.
M. Ramdane a, dans ce sens, noté que l’enveloppe de 286 milliards de dollars mobilisée pour le financement du programme « ne pourrait pas être complètement consommée à l’horizon 2014 pour des considérations techniques et aussi bureaucratiques liées, entre autres, aux processus de maturation des projets ou encore les dispositions du code des marché publics ».
« Le gouvernement vient de commencer à préparer l’après pétrole, notamment avec les programmes de développements des énergies renouvelables et non conventionnelles (gaz de schistes) », a-t-il poursuivi, mettant l’accent sur l’urgence de « préparer dés maintenant le monde de l’entreprise à prendre le relais pour contribuer au développement » économique et social du pays.