En dépit des mises en gardes des experts sur conséquences de la dégringolade des cours du pétrole sur l’équilibre budgétaire de l’Algérie, le ministre des Finances se veut rassurant.
Le premier argentier du pays n’est pas de l’avis de ces experts. Il n’en demeure pas moins que Karim Djoudi reconnaît qu’une baisse des prix du pétrole à long termes inquiète l’Algérie sans la menacer.
Invité de la rédaction de la Chaîne III, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a assuré que la baisse des prix du pétrole, observée ces derniers mois, inquiète l’Algérie mais ne menace pas ses équilibres budgétaires actuellement, les dépenses effectives de l’État étant fondées sur un baril à 75 dollars seulement.
«La tendance baissière du prix du pétrole nous inquiète et nous impose d’être prudents mais nous ne devons pas perdre de vue deux éléments importants : nos dépenses effectives constatées en fin de l’exercice sont basées sur un baril à 75 dollars et nos capacités de financement, cumulées grâce au FRR, aux réserves de change et au remboursement de la dette, sont considérables», at- il expliqué.
La prudence doit s’entendre, poursuit-il, juste comme «un élément de gestion active de notre politique économique et financière pour anticiper des phénomènes susceptibles de gêner nos équilibres internes et externes».
Par ailleurs, il a assuré que la gestion prudentielle prônée exclut cependant toute réduction de salaires, de transferts sociaux et de soutien des prix. Karim Djoudi a noté par la suite que les prix du baril constatés à un moment donné «ne devraient pas dicter à l’Algérie des actions structurelles notamment en matière de dépenses d’investissement».
PAS DE BAISSE DES DÉPENSES D’ÉQUIPEMENT
Le ministre des finances a soutenu que la baisse des cours de pétrole «n’est pas source de mise en difficulté de nos équilibres internes et externes pour le moment. « Les dépenses d’équipement génèrent en fait de la croissance, de l’emploi et des revenus, et toute action sur ces dépenses, forcément lourde sur le plan économique, ne peut résulter que d’une constatation confirmée dans le temps».
Interrogé sur une éventuelle révision à la baisse des dépenses d’équipement en cas où la tendance baissière des prix du pétrole se confirme, il a expliqué que ce n’était pas envisageable à moyen terme, car 83% des dépenses inscrites dans le cadre du plan quinquennal d’investissement (2010- 2014) sont déjà notifiés. La mise en oeuvre du plan est donc assurée quelle que soit l’évolution des cours de brut dans le futur, a-t-il prédit.
Quant à un éventuel recours à l’épargne publique disponible au Fonds de régulation des recettes (FRR), doté de 5 300 milliards de DA (plus de 71 milliards dollars) à fin 2011, et aux réserves de changes, qui avoisinent les 200 milliards de dollars, l’argentier du pays a expliqué qu’il s’agissait «d’éléments d’ajustement qu’on peut utiliser en dernière instance».
Enfin, le ministre a tenu a souligner que les réserves de change, représentant la masse de devises entrées en Algérie et transformées en dinars, sont la propriété de l’État et aussi de la communauté nationale.
L. A. R.
DEPENSES PUBLIQUES: KARIM DJOUDI, UN PAS EN ARRIÈRE ?
La gestion prudentielle des dépenses publiques, avancée par le gouvernement comme une nécessité pour faire face aux répercussions budgétaires de la baisse des prix du pétrole, exclut toute réduction de salaires, de transferts sociaux et de soutien des prix, a affirmé dimanche à Alger le ministre des Finances, Karim Djoudi.
La rationalité des dépenses courantes se poursuivra quand même et ces dépenses seront ramenées à un niveau plus acceptable notamment avec la fin des opérations du versement des rappels relatifs aux régimes indemnitaires et statuts particuliers (de la Fonction publique), a-t-il précisé. En outre, l’État est déterminé à maintenir la politique de soutien direct des prix, comme celui concernant le lait, les blés, l’huile et le sucre, ou indirect, comme pour l’assainissement des entreprises de production d’électricité par exemple.
Le budget de l’État pour 2012 consacre 2 850 milliards de DA environ 39 milliards de dollars) pour les salaires du personnel, plus de 1 300 mds de DA pour les transferts sociaux et près de 200 mds de DA pour les subventions des produits de base : laits, céréales, sucre et huiles alimentaires. Éstimées à plus de 4 600 mds de DA, les dotations allouées au budget de fonctionnement auront doublées depuis 2008 où elles n’étaient que de 2 363,2 mds de DA (LFC 2008).
La loi de finances complémentaire pour 2012, qui prévoit ainsi des dépenses totales de 7 428 mds DA et un déficit budgétaire équivalent à 25,4% du PIB, avait consacré une enveloppe budgétaire supplémentaire de 317 milliards de DA pour prendre en charge les augmentations salariales de 2011. Karim Djoudi impute à ces augmentations la montée de l’inflation, qui atteint un pic de 6,9% à fin mai 2012.
F. K.