Baisse des attentats terroristes en Algérie

Baisse des attentats terroristes en Algérie

Les opérations militaires et de coordination en matière de renseignement en Algérie ont permis de faire baisser le nombre d’attaques terroristes commises l’année dernière.

Les rapports de sécurité algériens décrivent l’année 2012 comme la plus calme de la dernière décennie. Les attaques armées ont enregistré leur plus bas niveau depuis 2002, et les baisses les plus significatives ont été enregistrées dans les bastions traditionnels du terrorisme, dans l’est du pays.



Des opérations sécuritaires soigneusement planifiées ont en effet permis de neutraliser les principaux responsables d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Les forces algériennes ont également fait avorter des complots d’AQMI visant le parlement et l’académie militaire interarmées de Cherchell, ainsi que des projets d’enlèvement de ressortissants étrangers durant le Ramadan.

En réalité, ce n’est pas al-Qaida qui se cachait derrière les deux principaux attentats terroristes commis en 2012, mais un groupe dissident opérant à partir du Mali.

LG Algérie

Le Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) a revendiqué l’attentat suicide contre le centre régional de commandement de la Gendarmerie nationale algérienne dans le centre d’Ouargla en juin dernier. L’attentat suicide de Tamanrasset en mars dernier a lui aussi été l’oeuvre du MUJAO.

Les services algériens de lutte contre le terrorisme ont abattu 161 militants et en ont arrêté 309 en 2012, a indiqué Tout sur l’Algérie, rapportant les propos d’un responsable militaire qui a souhaité conserver l’anonymat, le 31 décembre. Plus de trente terroristes repentis ont également bénéficié l’an dernier des conditions de l’amnistie dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale de 2005.

Cette année a enregistré un total de soixante-cinq attentats terroristes. L’armée a décidé de concentrer ses efforts sur la Kabylie, dans la mesure où le plus grand danger provient des régions de Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa.

« La baisse du nombre d’attaques armées en 2012 est due aux pressions exercées par les services de sécurité sur les bastions des groupes armés », a ajouté cette source militaire.

Les unités antiterroristes ont également renforcé leur présence sur la frontière avec la Libye, une initiative qui a permis l’arrestation de quarante combattants d’AQMI dans la région.

Les autorités attribuent cette diminution des attaques armées aux pressions exercées par les services de sécurité. L’année dernière a connu un changement important dans la stratégie de lutte contre le terrorisme, avec un nouvel accent mis sur les leaders des groupes armés.

Les unités antiterroristes ont cherché à cibler la « matière grise » de l’organisation terroriste, en commençant par l’arrestation à Ghardaïa du responsable du comité juridique d’AQMI Necib Tayeb, (alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi).

Le coup le plus récent porté à al-Qaida l’a été le 16 décembre, lorsque les forces de sécurité ont arrêté le numéro deux de l’organisation, Salah Gasmi (alias Salah Abou Mohamed), à Sharfa, dans la province de Bouira.

Parmi les autres personnages importants d’AQMI arrêtés en 2012 figurent le commandant Sidi Mohand Ouramdane (alias El Khechkhache), le spécialiste des relations étrangères Ahmed Bakai, et l’émir Abdelmalek Salami, considéré comme un homme dangereux. Les forces spéciales ont également éliminé Makhfi Rabah, 45 ans, un important leader d’al-Qaida en Kabylie.

« Ces opérations ont largement perturbé al-Qaida en raison de leur précision », a expliqué à Magharebia Kamal Hadef, spécialiste de la sécurité.

Il est apparu manifeste à la hiérarchie d’al-Qaida que « des informations classifiées avaient filtré de l’intérieur du groupe », a-t-il expliqué

« Cela a créé un climat de suspicion et de doute au sein de l’organisation », a-t-il ajouté.

Selon Taher Ben Thamer, ancien officier de l’armée, « l’expérience acquise au cours des vingt dernières années a aidé les forces de sécurité algériennes à répondre à la menace de ces groupes, notamment en visant leurs chefs et en parvenant aux sources d’information. »

La guerre que mène l’Algérie contre le terrorisme est également entrée dans une nouvelle phase en 2012, en se concentrant sur les renseignements et en utilisant des technologies de surveillance avancées. Les agences de sécurité ont créé un centre de données permettant d’identifier des cibles spécifiques.

La diminution du nombre d’opérations terroristes au cours de ces derniers mois témoigne du fait qu’al-Qaida a été surprise par l’efficacité de ces renseignements, notamment dans la région orientale du pays, a ajouté Ben Thamer.

Les échecs d’al-Qaida en Kabylie ont alors poussé l’organisation à exploiter les agitations dans le nord du Mali, a ajouté cet analyste.