La hausse des prix des viandes est imputée à une défaillance au niveau des circuits de distribution, donc, il y a risque de voir les lobbies de spéculation s’approprier le contrôle du marché et pourquoi pas importer de la viande congelée…
Les viandes, hors de portée de la majorité des Algériens, ont connu ces jours-ci une folle envolée des prix. Les prix des viandes rouges ont frôlé les 1 200 voire 1 400 DA/kg, alors que ceux des viandes blanches, notamment le poulet ont également augmenté ces derniers jours, avoisinant 450 DA/kg. Mais que se passe-t-il au juste ? Le responsable de SGP Proda reconnaît que la hausse des prix des viandes est imputée à une défaillance au niveau des circuits de distribution. «Nous manquons d’un réseau de distribution qui assure la connexion de l’aval avec l’amont et permette d’écouler sur le marché en situation de flambée des prix toutes les quantités de poulet stockées par l’ONAB», a déploré le président du directoire de la SGP Proda, Kamel Chadi. L’Algérie va-t-elle recourir une fois de plus à l’importation pour pourvoir à la demande nationale ? Les mécanismes de régulation et de contrôle ont-ils failli ? Autant d’interrogations qui, malgré les assurances de nos responsables, ne trouvent toujours pas de réponses chez le citoyen algérien qui semble s’accommoder de la situation. Beaucoup d’Algériens qui, faute de s’acheter de la viande, vont se rabattre sur les œufs, sources de protéines. La hausse démesurée des prix des viandes reste tout de même inexpliquée. Le dysfonctionnement dans les circuits de distribution qui se répercute très souvent sur les prix est remis en cause. Le président du directoire de la SGP Proda, Kamel Chadi, lors de son passage jeudi dernier les ondes de la Radio nationale, se veut plutôt rassurant. «Les prix du poulet de chair vont se stabiliser dès le début février alors que les prix des viandes rouges resteraient élevés jusqu’au printemps», a indiqué M. Chadi. «Nous avons un indice très important concernant les viandes rouges. Pour ce qui est du poulet de chair, compte tenu de la forte demande sur le poussin, les prix seront fixés dès le début février», a-t-il prévu.
Quant aux viandes rouges, les prix devraient se stabiliser après l’hiver. Arguant la flambée des viandes rouges, Kamel Chadi a évoqué une baisse des ventes des moutons suite à une forte activité d’abattage enregistrée en novembre dernier à l’occasion de l’Aïd El Adha et du Hadj. En langue des chiffres, appuie-t-il, quelque 4,5 millions opérations d’abattage, soit 20% du cheptel national, ont été enregistrés à l’occasion de l’Aïd El Adha et du Hadj 2011, ce qui a réduit le cycle biologique des élevages. «Les éleveurs continuent de faire de l’engraissement de leurs élevages et d’exercer donc des rétentions sur les ventes», a-t-il encore expliqué. Entre début janvier 2010 et fin novembre 2011, les prix de la viande ovine ont augmenté de 4% par rapport à la même période en 2010, ceux de la viande bovine le sont autant alors que les prix du poulet ont grimpé de près de 14%, selon des chiffres de l’ONS. Pour juguler les prix des viandes à moyen terme, la SGP Proda mise sur la modernisation des entrepôts de froid et des complexes d’abattage. Il s’agit, explique M.Chadi de la réalisation de trois complexes modernes d’abattage et la mise à niveau des autres complexes existants, la réhabilitation de dix-huit entrepôts frigorifiques et la réalisation de nouveaux entrepôts et, enfin, la poursuite de l’application du système de régulation des prix des produits agricoles de large consommation. La réhabilitation en cours des entrepôts frigorifiques augmentera les capacités de froid à un million de m3, soit 10 à 15% des besoins nationaux, ajoute-t-on. Evoquant l’exonération fiscale, pratiquée en 2010 sur les intrants des éleveurs des volailles, le même responsable juge qu’elle est «sans utilité économique», de même que pour les viandes rouges, exonérées de TVA puisque leurs prix continuent d’augmenter.
Pour ainsi dire, le risque de voir les réseaux de spéculation s’approprier le contrôle du marché et imposer leurs prix n’est pas à écarter. L’Etat est-il appelé à y remédier à temps en mettant en l’échec les tentatives des lobbies qui veulent inonder le marché par les viandes congelées?

Par Yazid Madi