Les effets d’une récession annoncée se font de plus en plus oppressants sous la persistance d’un niveau du prix du baril de pétrole insuffisant pour faire face à plusieurs fronts. Au point de transformer le prochain Conseil des ministres en réunion de crise.
La vulnérabilité de l’économie nationale est démontrée par son addiction au pétrole. Tous les rapports d’experts et des institutions financières, la dernière note de la Banque d’Algérie notamment, le soulignent et tirent la sonnette d’alarme. «Les réserves officielles de change se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au second semestre de 2013 à 194 milliards de dollars…», indiquait le document de l’institution financière dirigée par Mohamed Laksaci, tandis que le Fonds de régulation des recettes s’est de son côté contracté de 465,29 milliards de dinars. Passant de 5238,80 milliards de dinars à 4773,51 milliards de dinars. Deux indicateurs qui indiquent l’essoufflement de la santé financière du pays. Les récents chiffres du Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis) confirment cette dégradation accentuée par la dégringolade des cours de l’or noir. C’est donc tout à fait logiquement que les 11 premiers mois de l’année n’ont pas été aussi fructueux qu’espérés. De janvier à novembre 2014, l’excédent commercial de l’Algérie s’est établi à 5,37 milliards de dollars contre 8,87 mds usd à la même période de 2013.
Soit une baisse de près de 40%. 39,4% plus exactement indiquent les statistiques des Douanes algériennes. Les exportations ont-elles aussi affiché un léger recul de l’ordre de 0,68%. Elles ont atteint 58,67 milliards de dollars durant les 11 premiers mois de l’année en cours contre 59,07 milliards de dollars pour la même période de l’année écoulée. Des performances qui mettent en exergue la morosité ambiante dans laquelle baigne l’économie nationale qui va probablement être exacerbée par une facture des importations exponentielle.
«Quant aux importations, elles ont augmenté à 53,29 milliards de dollars contre 50,19 milliards de dollars, en hausse de 6,19%», précise le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). A ce rythme de progression, il est prévu qu’elles atteignent 59 milliards de dollars d’ici la fin de l’année. Un niveau jamais égalé depuis l’indépendance. Les exportations devraient s’établir quant à elles autour des 64 milliards de dollars. Ce qui devrait tout de même permettre à l’Algérie de dégager un excédent commercial de quelque cinq milliards de dollars. Le document des Douanes montre surtout à quel point l’économie algérienne est dépendante de ses exportations de gaz et de pétrole. Les hydrocarbures ont continué à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger avec une part de 95,75% du volume global des exportations», indique le rapport du Cnis. Traduits en «billets verts» combien représentent-ils? «Près de 56,2 milliards de dollars durant les 11 premiers mois de 2014, contre 57,23 milliards de dollars à la même période de l’année dernière.» poursuit la même source. Ce qui fait ressortir une baisse des recettes engrangées grâce aux exportations des hydrocarbures de l’ordre de 1,84%. Une contre-performance qui s’explique par l’effondrement des prix du pétrole qui ont perdu près de 50% de leur valeur. Le dernier BMS de la Banque d’Algérie reste en vigueur. «Si l’Algérie a su, jusque-là, faire face au choc induit par la baisse du prix du pétrole, il n’en demeure pas moins que les équilibres financiers du pays pourraient être affectés si les cours se maintiennent au même niveau», avait déclaré son gouverneur, Mohamed Laksaci, le 15 décembre dernier, devant les élus du peuple.
