Selon une enquête d’opinions réalisée auprès des chefs d’entreprises industrielles par l’Office national des statistiques (ONS), l’activité industrielle en Algérie a, dans l’ensemble, connu une baisse au troisième trimestre 2009 par rapport au trimestre précèdent.
L’enquête, qui porte sur le type et le rythme de l’activité industrielle et non pas sur les productions, révèle que la machine industrielle algérienne est toujours mal huilée et que l’entrave majeure qui freine cette activité aussi névralgique soitelle réside dans l’absence d’une stratégie claire en la matière.
En effet, depuis 2006 que le gouvernement entend se doter d’une stratégie industrielle, mais jusqu’à présent on ne sait en quoi consiste-t-elle ? Et quelles en sont les grandes lignes directrices ? Quant est-ce que celle-ci sera en application ? La stratégie chère à Abdelhamid Temmar pourra-t-elle sortir ce secteur de sa léthargie ?
Il faut dire qu’en dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics en vue d’encourager ce secteur devenu au fil du temps marginal de par sa contribution au PIB et indésirable de par son inattractivité des investisseurs, donnent plus ou moins satisfaction. L’enquête de l’ONS est dans ce sens plus qu’illustrative.
Elle fait ressortir que plus de 67% du potentiel de production du secteur public et plus de la moitié de celui du privé, ont utilisé leurs capacités de production à plus de 75%, selon les résultats de l’enquête qui a touché 740 entreprises dont 340 publiques et 400 privées. Si l’approvisionnement en eau a été jugé suffisant, il n’en est pas de même pour ce qui est de l’approvisionnement en matières premières et en électricité.
Concernant le niveau d’approvisionnement en matières premières reste « inférieur aux besoins exprimés », selon plus de 18% des industriels publics et plus de 8% de ceux du privé.
En conséquence, près de 21% du potentiel de production du secteur public et plus de 38% de celui du privé ont enregistré des ruptures de stocks, causant des arrêts de travail de plus de 10 jours à près de 52% des entreprises concernées du public et à 85 % de celui du privé. Il faut signaler dans ce contexte que depuis le 2 août 2009, le paiement des importations en Algérie ne peut être effectué que par le biais du crédit documentaire.
Chose qui aurait considérablement contribué dans la rupture des stocks et le manque de matière première. Pour ce qui est de l’approvisionnement en électricité, l’enquête démontre que 28% du potentiel de production du secteur public et près de 56% de celui du privé ont enregistré des pannes d’électricité, provoquant des arrêts de travail supérieurs à 6 jours pour les deux secteurs.
Pour l’équipement, l’enquête précise que 45% du potentiel de la production du secteur public et près de 42% de celui du privé ont connu des pannes d’équipements, en raison de la vétusté des matériels et des problèmes de maintenance.
Ces pannes, signale la même source, ont occasionné des arrêts de travail de plus de 6 jours pour plus de 90% des entreprises publiques concernées, et pour plus de 30 jours pour près de 73% du potentiel de production du privé.
Il est vrai que le gouvernement a engagé des processus de mise à niveau au profit des entreprises afin de les doter par de nouveaux équipements avec un management qui répond aux standards internationaux, cependant, il est de commun de tout le monde que la mise à niveau est un processus de modernisation permanent des entreprises et l’environnement administratif et financier qui les entoure. La mise à niveau c’est l’ouverture de l’entreprise vers l’environnement international, mais aussi la formation des hommes.
Chose qui n’est pas prise en compte par les pouvoirs publics et le résultat ne peut être que négatif. Si l’Algérie a les moyens financiers de ses programmes de relance économique, mais elle manque sensiblement de savoirfaire et de compétences. L’enquête de l’ONS ressort qu’environ 26% des chefs d’entreprises du public et près de 15% de ceux du privé déclarent trouver des difficultés à recruter surtout le personnel d’encadrement et de maîtrise.
Quelque 26% des patrons publics et près de 42% privés jugent que le niveau de qualification du personnel «est insuffisant ». Par ailleurs, près de 78% des industriels publics et près de 94% de ceux du privé jugent qu’en embauchant du personnel supplémentaire, les entreprises ne vont pas produire davantage.
Toutefois, plus de 79% des chefs d’entreprises du public et près de 67% de ceux du privé déclarent pouvoir produire davantage en renouvelant l’équipement et sans embauche supplémentaire du personnel, alors que près de 30% des patrons publics et 66% des privés affirment pouvoir produire davantage seulement en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension.
Côté prévisions, les effectifs connaîtront une baisse selon les chefs d’entreprises du secteur public et une hausse selon ceux du privé, cependant ils prédisent que la production, la demande et les prix connaîtraient une hausse pour les deux secteurs.
Cet état de fait peu reluisant de l’activité industrielle algérienne devrait normalement attirer l’attention des autorités en charge du secteur, à faire plus de sérénité et déployer plus d’effort afin d’apporter un secours d’urgence à ce secteur en agonie depuis des lustres.
Hamid Mohandi