« Le cheptel algérien est sous-alimenté, c’est pourquoi la production laitière varie seulement entre 14 et 15 litres par jour », a affirmé le président du Conseil interprofessionnel du lait, Mahmoud Benchakour, lors du forum Fiplait, tenu en marge de la 14e édition du Sipsa-Agrofood.
La problématique de l’alimentation est directement liée à celle de la production laitière, selon Benchekour. Il faut entre 12 et 14 kg de concentré à base de maïs par jour à chaque vache. L’Algérie a engagé un programme de culture de maïs à Ghardaïa et à Adrar et la production a atteint jusqu’à 90 quintaux à l’hectare (q/ha) alors que la moyenne varie entre 75 et 80 q/ha. Il faut dire qu’un hectare peut assurer l’alimentation d’une seule vache. Il se trouve que les besoins nationaux en lait sont de 3,5 milliards de litres/an, ce qui nécessite 600.000 vaches et une superficie irrigable de 200.000 ha de fourrage et 100.000 ha de luzerne.
« La possibilité d’atteindre cet objectif est à notre portée », a fait remarquer le président du CIL. La difficulté est le cheminement du fourrage vers le Nord où se trouvent les exploitations. Il cite le cas de Ghardaïa, à 600 kilomètres d’Alger, ce qui ramène le coût de transport à 3 DA/kg. De plus, pour le transport, il faudra déshydrater l’ensilage du maïs, car il contient 30% d’eau. C’est pourquoi « l’Etat doit intervenir pour soutenir totalement ce coût », a-t-il appelé. L’autre problématique est la résorption de la jachère au profit des cultures fourragères. En Algérie, on compte, d’une part, 9 millions d’hectares de jachère, et d’autre part, un déficit tant quantitatif que qualitatif de cultures fourragères. Les difficultés sont d’ordre commercial et financier pour le fourrage. Depuis cette année, l’opérateur algérien Soummam agro-enrubannage a débuté avec une superficie de 500 ha et il est arrivé à 70% des objectifs fixés. En Algérie, 30.000 ha de jachère peuvent être absorbés à Constantine, Sétif et Mila, a indiqué le docteur Mohamed Haroun, vétérinaire et éleveur. S’agissant des prix, « les importations de poudre de lait vont augmenter dans les années à venir pour atteindre l’équivalent de 28 milliards de litres/an, soit 10 milliards de dollars », a averti l’expert Mohamed Hadj-Henni, membre de la Fondation Filaha-Innove. Une des solutions, selon lui, est de « revenir à la réalité des prix pour tous les produits agricoles ». En termes de subventions, il proposera de cibler les régions les plus productives.
Fella Midjek