Baisse de la croissance et hausse du chômage à moyen terme : Un mal nécessaire, selon le FMI et la BM

Baisse de la croissance et hausse du chômage à moyen terme : Un mal nécessaire, selon le FMI et la BM

Les deux institutions de Bretton Woods ont salué l’effort d’assainissement des finances publiques engagé par le gouvernement sur les trois prochaines années. Cependant, le FMI et la Banque mondiale, qui actualisaient hier et avant-hier leurs données sur l’évolution de l’économie mondiale, n’ont pas manqué de mettre en garde contre certains effets pervers de cette politique d’ajustement budgétaire.

Décélération de la croissance par-ci et accélération du chômage par-là, les institutions issues des accords de Bretton Woods ont qualifié ces conséquences de mal nécessaire à une économie condamnée à se réformer. Emboîtant le pas, hier, à son institution jumelle, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un ralentissement de la croissance économique de l’Algérie durant l’actuel exercice (1,4%), contre une projection initiale de 2,9%. Cette tendance baissière se maintiendra en 2018 à 0,6%, selon les mêmes projections.

Le FMI ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de la Banque mondiale qui, de son côté, a tablé, lundi, sur une baisse de la croissance en Algérie qui serait le résultat du rééquilibrage des finances publiques dans un contexte baissier des cours de pétrole. Cet assainissement qui s’est matérialisé par la rationalisation des dépenses publiques va aider, selon la Banque mondiale, à réduire davantage les déficits budgétaires et compte courant de l’Algérie, mais va s’accompagner d’une baisse de la croissance qui a été longtemps tirée par la dépense publique.

Outre la décélération de la croissance, le FMI met en garde, à son tour, contre une hausse du taux de chômage qui serait également une des conséquences à craindre de ces actions de rabotage budgétaire menées par les pouvoirs publics. Sur ce point, le FMI s’attend à une hausse du chômage en Algérie en 2017 à 11,7% contre 10,5% en 2016.

Ce taux devrait progresser en 2018 à 13,2%. Sans l’ombre d’un doute, la hausse du taux de chômage est due à la baisse de la commande publique, mais aussi à certaines mesures anticrises, dont la réduction des importations, le gel des recrutements dans la Fonction publique et le renoncement à certaines subventions implicites aux entreprises publiques. A moyen terme, le pays devrait cueillir les fruits de ces mesures et verra ses déficits se réduire, selon les prévisions des deux institutions de Bretton Woods qui se sont, par ailleurs, félicitées des dispositions mises en place par le gouvernement afin d’absorber le choc externe et réduire ses effets sur les positions financières de l’Algérie.

Depuis 2016, le gouvernement s’est laissé tenter par un réajustement budgétaire nécessaire afin de rééquilibrer les finances publiques. Le nouveau modèle économique est étayé d’une codification budgétaire dont l’objectif principal est celui de réduire les déficits abyssaux de ces deux dernières années. A ce sujet, la Banque mondiale estime que l’Algérie sera en mesure de ramener son déficit à -4,7% en 2017, puis à -1% en 2019, qui pourra être comblé par l’émission de nouvelles dettes du fait de l’épuisement de l’épargne publique, ce qui pourrait porter le ratio de la dette au PIB à 14,6% en 2018 et à 20,4% en 2019.

Le solde du compte courant a représenté -16,4% du PIB en 2016, un peu plus que ce qu’a projeté le FMI dans ses prévisions actualisées de janvier à -15,1%. Le déficit du compte courant devrait ensuite se réduire davantage à -12,3% en 2017 et à -10,2% en 2018, à en croire les nouvelles projections du FMI sur l’économie algérienne, incluses dan son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales publié hier à Washington.

Abondant dans le même sens que la Banque mondiale qui a recommandé à l’Algérie l’émission de nouvelles dettes du fait de l’épuisement de l’épargne publique, le FMI a indiqué que le pays pourrait envisager une gamme plus large d’options de financements, y compris les emprunts extérieurs et la cession d’actifs publics.