Bahreïn/chiites, Violentes manifestations

Bahreïn/chiites, Violentes manifestations

Des heurts ont opposé, hier, à Bahreïn, les forces de sécurité et des centaines de manifestants.

Ces derniers sont descendus dans la rue pour commémorer le 3e anniversaire du mouvement de contestation revendiquant une monarchie constitutionnelle. En réponse à un appel de l’opposition, conduite par le puissant mouvement chiite Al-Wefaq, les protestataires sont sortis tôt dans plusieurs villages chiites mais aussi dans le centre de Manama, où les manifestations sont pourtant interdites. Certains d’eux portaient des linceuls en hommage aux victimes de la contestation ou avaient le visage masqué.

«A bas Hamad», le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, et «Nous ne renoncerons jamais» à une monarchie constitutionnelle, a répété la foule alors que des hélicoptères de la police survolaient les rassemblements. Durant cette journée, un attentat à l’explosif a endommagé un bus de la police dans le village chiite de Daih, a annoncé le ministère de l’Intérieur, sans faire état de victime. La veille, des manifestants avaient bloqué des routes à l’aide de blocs de pierre ou de troncs d’arbres dans plusieurs villages chiites.

Les forces antiémeutes, déployées en grand nombre autour des villages chiites, ont fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à la chevrotine pour disperser les protestataires, faisant des blessés. Au total, 29 manifestants ont été arrêtés et seront traduits en justice, a annoncé le ministère de l’Intérieur. Il a affirmé que l’appel de l’opposition, avant-hier, jeudi, à une journée de boycott de l’administration et des commerces n’avait pas été suivi. «Les entreprises ont plutôt fonctionné normalement.

En général, les citoyens ont vaqué à leurs occupations quotidiennes» et l’administration «a fonctionné normalement», a souligné le ministère dans un communiqué.

Le Collectif du 14 février, un groupe radical, avait appelé à une marche dans l’après-midi en direction de la place de la Perle à Manama, symbole du soulèvement et dont le monument central a été rasé par le gouvernement. Ce collectif clandestin anime la contestation quasi-quotidienne dans les villages chiites, qui s’est radicalisée avec des attaques à l’explosif ayant tué l’an dernier deux policiers. Selon Al-Wefaq, «la répression brutale a fait des dizaines de blessés» parmi les manifestants.

L’impasse politique persiste dans le pays, malgré une récente initiative du prince héritier, Salmane Ben Hamad Al-Khalifa, pour relancer le dialogue national, qui a tourné court. Son père, le roi Hamad, a d’ailleurs passé sous silence la commémoration de la contestation, dans un discours prononcé hier, à l’occasion du 13e anniversaire de la mise en œuvre de la Charte nationale.

Cette Charte était le fruit d’un processus d’ouverture politique initié par le roi Hamad et qui avait conduit en 2002 au rétablissement du Parlement élu, dissous en 1975, après des années de troubles qui avaient fait au moins 28 morts entre 1994 et 1999. Bahreïn, un petit archipel du Golfe, est secoué depuis trois ans par un mouvement de contestation animé par les chiites, majoritaires, réclamant des réformes dans le royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

R. I. / AFP