L’onde de choc née des émeutes de la Tunisie et de l’Egypte s’élargit de jour en jour à travers les pays du monde musulman. Des manifestations populaires hostiles aux régimes en place ont lieu, marquées souvent par des affrontements avec les forces de sécurité.
Des morts et des blessés sont à déplorer.
Des centaines de Bahreïnis ont pris part ce mercredi aux obsèques d’un manifestant tué la veille, alors que d’autres campaient sur une place du centre de Manama pour réclamer des réformes. Plus de deux mille personnes dont certaines scandaient : «Le peuple veut la chute du régime», ont participé aux funérailles de Fadel Salman Matrouk à Mahouz, une banlieue chiite de Manama.
Ce manifestant a été tué par balle lors de la dispersion d’un rassemblement, hier, devant un hôpital de Manama. Un autre manifestant, Ali Mcheimeh, a succombé, hier, lui aussi, aux blessures dont il a été victime lundi soir lors de la dispersion d’une manifestation dans le village chiite de Diya, à l’est de Manama.
Le mouvement de contestation a été lancé à l’initiative d’internautes qui ont appelé sur Facebook à manifester pour réclamer des réformes politiques et sociales, dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Egypte. Le ministre bahreïni de l’Intérieur a présenté dans la nuit d’hier (mardi à mercredi) des excuses après la mort de ces deux manifestants et annoncé l’arrestation des responsables présumés de leur mort au sein des forces de sécurité. En Irak, des centaines de manifestants, réclamant des emplois et une diminution des coupures de courant, ont défilé, hier, dans plusieurs villes du pays. Alors que des groupes sur Facebook ont appelé à une importante manifestation le 25 février à Bagdad, quelque 800 protestataires ont manifesté dans la ville de Falloujah, à l’ouest de Bagdad. «Nous voulons de meilleurs services de base et des emplois», a dit un Irakien de 27 ans au chômage qui manifestait à l’appel d’un imam de la prière. Au Yémen, au moins quatre manifestants ont été blessés hier lors d’affrontements entre des manifestants qui ont tenté sans succès de se diriger vers le palais présidentiel à Sanaâ et des partisans du pouvoir. Des partisans du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir), armés de gourdins et de haches, se sont opposés aux manifestants à quelque 1,5 km du palais, et ont jeté des pierres en leur direction. Les étudiants et activistes, qui descendaient dans la rue pour la cinquième journée consécutive, ont riposté en leur lançant également des pierres. Quelque 3 000 manifestants, pour la plupart des étudiants, étaient sortis hier matin de l’université de Sanaâ pour se rendre au palais du président Ali Abdallah Saleh, sur la place Sabiine.
Les étudiants manifestaient contre le régime de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Par ailleurs, des incidents ont éclaté en Iran ce mercredi matin entre des participants aux funérailles d’une des victimes des manifestations antigouvernementales de lundi. Des incidents ont opposé des étudiants et des personnes participant aux funérailles du martyr Sanee Jaleh à l’Université des Arts de Téhéran à un petit nombre de personnes apparemment liées au mouvement de sédition (nom donné par le pouvoir à l’opposition). Deux personnes présentées par les autorités comme des partisans du pouvoir ont été tuées lors des manifestations de l’opposition lundi à Téhéran.