Le phénomène de rejet des uns par les autres est, dans certains cas, d’une telle violence que d’aucuns s’interrogent : les Algériens des villes côtières développent-ils quelque haine envers ceux qui viennent, l’espace d’un été, bousculer leurs habitudes ?
Août, ce mois synonyme pour les uns de farniente et de départ en vacances est là depuis une dizaine de jours. Il est aussi, pour d’autres, la saison de la majoration des recettes de leurs commerces et celle des petits métiers saisonniers qui permettent de boucler le reste de l’année avec plus ou moins d’aisance ou de se permettre quelques dépenses de luxe.
Pour ces raisons et d’autres encore, ce mois est des plus attendus depuis que la notion de congés payés est entrée dans les mœurs.
Mais les beaux paysages, la mer bleue turquoise, le ciel dégagé et la présence de l’esprit aoûtien chez les Algériens qui se traduit par l’existence d’un important marché touristique national potentiel ne suffisent pas à faire de l’été la saison à la fois du repos, de la fête et des bonnes affaires pour tous.
Dans une ville balnéaire, on retrouve l’autochtone, pas dans le sens péjoratif du terme, qui cherche à passer ses vacances dans le calme dans sa ville de résidence, ses enfants qui profitent du cadre pour faire de petits business saisonniers le jour et la fête, la nuit, le vacancier venu de l’intérieur du pays pour recharger ses batteries, l’hôtelier qui a investi sur le site…
Et, depuis quelques années, l’Algérie découvre que ce monde, fait de ses enfants, arrive de plus en plus difficilement à cohabiter dans un même espace géographique et temporel qu’est le milieu estival. Le phénomène de rejet des uns par les autres est, dans certains cas, d’une telle violence que d’aucuns s’interrogent : les Algériens des villes côtières développent-ils quelque haine envers ceux qui viennent, l’espace d’un été, bousculer leurs habitudes ?
Il suffit de relire les faits divers rapportés ces derniers jours dans la presse nationale pour se rendre compte que le mois d’août, dans nos villes balnéaires, risque de devenir celui de la violence au lieu de la fête, de l’escroquerie au lieu des bonnes affaires, des cauchemars au lieu du farniente.
Cette année, le ton a été donné la veille des grands départs vers les plages, avec cette bagarre généralisée, qui a eu lieu dans une ville côtière de la petite Kabylie et qui a opposé des jeunes de la ville à des agents de sécurité d’un complexe touristique.
Dans la mêlée, il a été fait usage d’une arme feu. Durant cette même période, à Souk El-Tenine, un camp de toile et ses alentours se sont transformés en une arène où se sont affrontés deux groupes de jeunes estivants venus de l’intérieur du pays pour passer des vacances. Au même moment, une grande bagarre a éclaté à Oued Z’hor, une plage frontalière entre les deux wilayas de Jijel et de Skikda. Jeunes, moins jeunes et enfants de deux arch se sont laissé aller à une rixe d’une rare violence pour des questions liées à l’exploitation d’une plage. Toujours en ce début du mois d’août, à la cité Bourenane, un ex-village socialiste situé à El-Kseur, ainsi qu’à la cité Ighir-El Bordj, dans la wilaya de Béjaïa, des villageois ont investi la rue pour exiger des autorités locales la prise en charge de leurs doléances en matière de cadre de vie. Ici, la violence a consisté à fermer des routes, bloquant des centaines d’estivants qui se sont retrouvés, de fait, interdits aux vacances. Le phénomène n’est pas nouveau et des scènes plus violentes ont été enregistrées les années passées. La plus dramatique des scènes fut celle vécue par des vacanciers en séjour à Chetaïbi, dans la wilaya d’Annaba, il y a quelques années, quand des villageois avaient chassé, avec une rare violence, les estivants venus d’une région précise de l’intérieur du pays.
Ces événements, rapportés tel des faits divers, sont symptomatiques d’un malaise que pouvoirs publics et spécialistes doivent étudier si on veut éviter qu’ils ne se développent à l’ombre d’un tourisme national déjà en mal d’assises.