Au cœur du vieil Alger, il est des immeubles qui ne payent pas de mine. Salis, couverts d’immondices, les murs des façades sont maculés de graffitis.
Les habitants ont décidé de cotiser pour peindre les soubassements de leurs habitations respectives. Seulement, les couleurs varient d’une maison à une autre, on se croirait presque dans un pays d’Amérique latine. A ce sujet, les initiateurs de ce projet disent que chacun était libre de peindre avec la couleur de son choix. De son côté, Abdelhakim Bettache, vice-président de l’environnement et du social à l’APC d’Alger-Centre a indiqué que « les peintures contiennent des pigments qui font les couleurs, les citoyens ont certainement mal dosé ».
Armés de brosses et de bidons de peinture, les habitants des quartiers à travers leurs comités ont d’abord procédé au décapage de la surface de la façade, pour revêtir ensuite d’une couche de composition le support et appliquer au choix soit la peinture acrylique ou pliolite. « Il va falloir plusieurs mois de déblaiement ininterrompu pour achever cette opération », déplore Razki, un boulanger installé à Soustara. En quelques mois de badigeonnage, des sacs ont été remplis et déployés en bordure de la route. Les camions de la municipalité se sont chargés de les acheminer vers la décharge d’Alger.
Aux abords de la route, les sites offrent, malgré l’utilisation « anarchique » des couleurs, un visage autrement plus propre, au grand bonheur des habitants, fiers de la mission accomplie. Le responsable numéro un de la dégradation de l’environnement reste l’homme. Conscients de ce danger, Karim, Redouane, Salim et Imad, habitants du quartier Debbih-Cherif ont justement voulu sensibiliser leur voisinage à la sauvegarde de l’environnement et de leur cadre de vie.
Pour assurer l’efficacité de cette action, très favorablement accueillie par les habitants, beaucoup n’ont pas hésité à « mettre la main à la pâte ». Le but recherché à travers l’implication directe et la présence sur le terrain des responsables locaux, est « d’encadrer et de rationaliser au mieux les moyens matériels et humains mobilisés », a-t-on expliqué. Pour Djamel T., un jeune universitaire, la protection de l’environnement reste l’affaire de tous, autant des pouvoirs publics que des citoyens qui doivent faire preuve de civisme pour ne pas perturber l’évolution de la nature. Cette intervention entraîne sans doute la remise en question de notre mode de vie, de nos habitudes de consommation et autres comportements, qui pourront changer le cours de notre vie.
Certains citoyens déplorent cette initiative qui, selon eux « abîme le site ». Les façades de certains immeubles peintes dans différentes couleurs vives, se dressent de manière décousue ». Cela est en effet perceptible à Soustara, premier noyau urbain de la ville d’Alger, ou encore les rues Cadix, Frères Benacer, Mokrane Chaâbi, Mouzaoui, Frères Bellili et Debbih-Chérif. Ce genre d’opération ne semble pas inquiéter les responsables. Bien au contraire, affirme Abdelhakim Bettache, « nous encourageons et soutenons les citoyens pour cette démarche louable. Par conséquent, les soubassements sont peints dans différents tons. Mais cela ne nous gêne pas vu que les citoyens sont aujourd’hui conscients de l’importance de la préservation de l’environnement.
L’objectif de cette politique d’éducation à l’environnement, concertée avec tous, est de favoriser l’émergence de citoyens conscients de leurs responsabilités et actifs dans la conquête d’un développement durable. Il est devenu impératif de mettre en place un véritable plan de sauvegarde du secteur de l’environnement par des actions de sensibilisation du grand public ». Il ajoutera, par ailleurs qu’« il est nécessaire de recycler les déchets, économiser l’eau, le gaz et l’électricité, prévenir les incendies de forêt, participer aux campagnes de nettoyage des cités et des espaces verts, reboiser et protéger les arbres, afin de protéger l’écosystème ». « Le civisme et le sens des responsabilités de la population sont, dira-t-il, plus que jamais souhaités pour venir à bout de tous ces problèmes que l’Etat prend en charge, certes, en consentant des investissements importants, mais qui requerront toujours la participation des citoyens », précise M. Bettache.
Samira Sidhoum