L’ex-wali d’Oran, Bachir Frik est passé mardi soir aux aveux sur le plateau de la télé d’Echourouk TV s’agissant de la fraude électorale en Algérie et le trucage des élections depuis 1990.
Invité à l’émission « Al Halka El Mafqouda » (le chaînon manquant), l’ex-wali livre des témoignages inédits sur la haute main de l’administration sur les tous scrutins en Algérie depuis 1990.
A commencer précisément par les municipales de 1990 gagnées par l’ex FIS. D’après lui, ce parti a raflé majoritairement les APC « en toute transparence ».
Bachir Frik révèle ainsi ce qu’avait intimé Mouloud Hamrouche, alors chef du gouvernement aux walis. « Vous êtes les mouhafedhs du FLN avant d’être des walis. Vous êtes responsable du vote et des résultats ». « Une incitation évidente à la fraude » commente l’invité d’Echourouk.
Dans le même ordre d’idées il estime que la révision du découpage des circonscriptions électorales était destinée à « empêcher le FIS de gagner ».
L’ex wali d’Oran affirme que l’important pour Sid Ahmed Ghozali était que les soient gagnées par les démocrates au détriment du FLN et le FIS ».
Evoquant l’arrêt du processus électoral en janvier 1992, Bachir Frik révèle : « le général Larbi Belkheir alors ministre de l’intérieur m’a dit ceci : l’intérêt de l’Etat impose d’arrêter la vague du FIS au deuxième tour des législatives ».
Quid de la présidentielle de 1995 ? L’ex-wali d’Oran témoigne que les walis et les administrations « avaient tout fait » pour assurer l’élection de Liamine Zeroual en 1995, croyant à ce moment là qu’il était « dans l’intérêt du pays ».
Dans ce même ordre d’idées, il révèle, par ailleurs, que les walis s’étaient occupés personnellement de la collecte des signatures au profit de Said Sadi et Nourredine Boukrouh qui devaient jouer les lièvres de Zeroual.
Ouyahia m’a demandé de réduire le taux de participation…
« Nous avons en tant que wali recueillis des signatures de parrainages au profit de Said Sadi et Nourredine Boukrouh pour qu’ils soient candidats à la présidentielle de 1995″, témoigne-t-il.
Même le référendum sur la constitution e 1996 n’a pas échappé au trucage selon Frik. « Je me rappelle qu’Ahmed Ouyahia m’a contacté durant la journée du référendum et m’a demandé de réduire le taux de participation, par ce que, m’avait -t-il dit, « le taux de 75% à Oran ne rend pas service au pays ».
Comme quoi, la fraude électorale qui allait connaître son summum avec le raz de marré du RND lors des législatives et locales de 1997, constitue une règle et non point une exception.
Faut-il appuyer que même le président Bouteflika avait reconnu dans son discours du 15 avril 2012 que tous les scrutins en Algérie sont truqués en évoquant même des élections à la « Naegellan ». Le mérite de Bachir Frik est d’avoir soulagé sa conscience.