Bachir Djeribi : « Seul 10% des AGV algériennes ont une compétence professionnelle avérée…»

Bachir Djeribi : « Seul 10% des AGV algériennes ont une compétence professionnelle avérée…»

Entretien avec Bachir Djeribi, président du SNAV algérien

Bachir Djeribi, président du SNAV Algérien, regrette le peu de compétence professionnelle des agences de voyages algériennes, dont à peine 10% font preuve de compétence professionnelle.

Une lacune qui va de paire avec un vrai problème de formation. Entretien.

Bachir Djeribi : « Avant de parler de notre corporation, j’aimerai bien revenir sur le mouvement associatif dans le secteur du tourisme en Algérie.

Il a vu le jour en 1985 avec la création de l`Union Nationale du Tourisme et du Voyage (UNATV) dont le président fut le regrette Idir Mohand.

Pour des problèmes de leadership et d’immaturité sur le plan associatif, nombre d’associations ont vu le jour dans le centre, l’est, l’ouest et le sud du pays qui par la suite se regrouperont dans un organisation dénommée la Fédération nationale des associations de tourisme (FNAT). »

TM.com – Présentez-nous le Syndicat national des agences de voyages (SNAV Algerie) ?

B.D.: « Après l’effritement des associations et de la FNAT que j’ai d’ailleurs quitté en 1994, j’ai décidé en 2002 de lancer une nouvelle organisation patronale : le Syndicat national des agences de voyages.

Aujourd’hui il est présent dans les 48 wilayas que compte le pays. Il est composé de 6 bureaux représentant autant de pôles touristiques : bureau de l’est (13 wilayas), bureau du centre (12 wilayas), bureau de l’Ouest (11 wilayas), bureau Oasis Saoura (10 wilaya), bureau d’Illizi (1 Wilaya) et bureau Tamanrasset (1 wilaya). Avant la fin du premier trimestre 2010, nous comptons renouveler les instances dirigeantes de notre syndicat.

Nous sommes membre de l’organisation mondiale du tourisme (OMT) et membre de l’Union inter arabe pour l’hôtellerie et le tourisme.

Notre objectif principal est d’être une force de propositions concrètes et sérieuses à soumettre a qui de droit pour hisser notre profession au rang qui doit être le sien. Notre but est aussi de défendre les intérêts moraux et matériels de nos adhérents.

Pour le moment, nous ne faisons que gérer sur le terrain les problèmes courants soit avec notre tutelle, Air Algérie ou encore l’Onat… »

TM.com – Le SNAV n’a vu le jour qu’en 2008 alors que l’idée de sa création remonte à 2002. Pourquoi avoir mis autant de temps pour le mettre en place ?

B.D.: « La raison principale de ce retard ce sont les tracasseries administratives auxquelles nous avons fait face durant 8 longues années, avant de bénéficier d’un agrément comme première ONG dans le domaine du tourisme. »

La FNAT, n’est rien d’autre qu’une coquille vide…

TM.com – Pourquoi un Syndicat alors que la corporation est déjà dotée d’une Fédération (FNAT) ? Qu’en est-il de la relation avec celle-ci ?

B.D.: « Le SNAV Algerie est adossé à une organisation scientifique inspirée in extenso des statuts et du modèle organisationnel du SNAV Français (la France est le 1ere destination touristique mondiale avec quelque 85 millions de touristes par an).

Très coopératifs, les responsables du syndicat français nous ont fourni les textes qui régissent leur organisations, ses activités, ses commissions, etc.

Le SNAV Algérie a donc fait un gain d’énergies en optant pour cette démarche. Notre grand souci est surtout de ne pas reproduire les erreurs du passé.

Pour ce qui est de la FNAT, j’ai le regret de dire qu’elle n’est rien d’autre qu’une coquille vide. Nombre de ses responsables figurent d’ailleurs parmi nos adhérents… »

TM.com – Peut-on connaître le nombre d’agences de tourisme et de voyage en activité dans le pays ?

B.D.: « Le nombre d agence de voyage existant il avoisine les 950 agences dont 450, y compris le Touring Club Algérie (TCA), sont affiliées à notre syndicat. En outre, pas moins de 300 autres dossiers de création de nouvelles agences sont, depuis 1997, au niveau du ministère en attente d’un agrément. »

Assainir un tant soit peu la corporation

TM.com – Beaucoup de ces agences n’ont rien à voire avec le tourisme. Que faut-il faire selon vous pour en finir avec ce parasitisme ?

B.D.: « Ce qu’il faut déplorer c’est qu’à peine 10% de ces agences sont vraiment professionnelles. En décembre 2007, nous avons demandé au ministre de tutelle de surseoir à la délivrance d’agrément mais aussi d’envoyer des inspecteurs sur le terrain pour faire leur propre constat.

C’est le seul moyen d’assainir un tant soit peu la corporation. Car la tutelle a un pouvoir décisionnel contrairement à notre syndicat dont la tache se limite à la régulation. Mais à ce jour rien n’a été fait dans ce sens. »

TM.com – Votre opinion sur la proposition faite par le ministre de tutelle de mettre en réseau des agences et des professionnels du secteur du tourisme qui jouent la carte réceptive et de la qualité ?

B.D.: « Cette question demeure posée et nous attendons d’autres propositions. »

TM.com – Que y-a-t-il lieu de faire pour que les agences jouent pleinement leur rôle ?

B.D.: « Il faut investir dans la formation et le recyclage. »

TM.com – Et quid du plan qualité tourisme (PQT) cher à Chérif Rehmani, ministre du Tourisme ?

B.D.: « Je suis membre de la commission nationale du PQT… »

TM.com – Pourquoi en dehors de la destination Sahara, les agences de tourisme et de voyage ont du mal à proposer d’autres produits touristiques compétitifs alors que l’Algérie recèle d’énormes potentialités ?

B.D.: « La raison est toute simple : dans le sud nous n’avons pas besoin d’infrastructures lourdes. En revanche, au nord du pays, nous n’avons beaucoup de moyens pour mieux vendre les autres produits.

En un mot nous n’avons pas beaucoup d’hôtels, et ceux existant ne répondent pas toujours aux normes internationales et le service ne brille pas par sa grande qualité. »