Le président syrien a affirmé que son pays n’était «pas en guerre civile», mais attaqué par des «dizaines de milliers de jihadistes», la plupart d’Al-Qaîda, dans un entretien à la télévision américaine FoxNews, diffusé hier soir.
Bachar al-Assad, dont l’interview a été réalisée à Damas mardi, s’est en outre adressé indirectement à son homologue américain, Barack Obama, en l’exhortant à «écouter le bon sens de (son) peuple».
Dans ce long entretien mené par deux journalistes américains de FoxNews, le président syrien a assuré : «Nous avons une guerre, une nouvelle sorte de guerre» avec des «dizaines de milliers de jihadistes» de plus de 80 nationalités différentes. «Ce que je peux vous dire, c’est que 80% — certains disent 90%, nous n’avons pas de données précises — de ces terroristes sont membres d’Al-Qaîda et de ses branches», a dit le chef de l’Etat, qui s’exprimait en anglais. D’après lui, depuis le déclenchement du conflit il y a deux ans et demi, des dizaines de milliers de Syriens et 15 000 soldats gouvernementaux ont été tués, la plupart par «des attaques terroristes, des assassinats et des attentats suicide». Il a encore affirmé que l’attaque aux armes chimiques du 21 août était le fait des rebelles et non de ses forces armées. Les Occidentaux et plusieurs pays arabes accusent le régime de Damas d’avoir perpétré ce massacre, qui a failli déclencher des frappes militaires américaines et françaises. La Russie, alliée de la Syrie, et les Etats-Unis ont scellé samedi un accord à Genève sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. A ce propos, Bachar al-Assad a déclaré que son pays détruirait son énorme arsenal chimique, une opération qui coûtera un milliard de dollars et prendra au moins un an. Cet entretien, réalisé mardi à Damas, a montré un président Assad visiblement sûr de lui, au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU débat d’une résolution qui pourrait prévoir l’usage de la force si le régime syrien ne respecte pas un plan de démantèlement de ses armes chimiques agréé le 14 septembre par Moscou et Washington. Dans cette deuxième interview de ce mois à une télévision américaine et dans le cadre d’une offensive auprès de médias occidentaux. Conformément à l’accord de Genève, Moscou a en outre annoncé, après des discussions avec Damas, que la Syrie s’était engagée à fournir dans le délai imparti d’une semaine une information complète sur son arsenal chimique. Mais les deux alliés se sont activés hier pour empêcher toute résolution à l’ONU susceptible d’ouvrir la voie à un usage de la force contre la Syrie si elle ne se pliait pas à l’accord de Genève.
R. I. / Agences