Baccalauréat et ramadhan: Deux tests majeurs pour le gouvernement

Baccalauréat et ramadhan: Deux tests majeurs pour le gouvernement

Ces événements se succéderont à quelques jours près dans un contexte difficile, avec à la clé une crise financière qui risque d’exacerber un peu plus la traditionnelle flambée des prix.

Deux départements ministériels sont d’ores et déjà sur le gril. L’Education nationale qui aura la délicate tâche d’organiser l’examen du baccalauréat. Diplôme le plus populaire, il couronne la fin d’un cycle qui conduit du primaire au lycée pour ouvrir les portes de l’université. Prestigieux dans les années 1970 et 1980 il a perdu de sa superbe depuis. Entaché de fraudes et poursuivi d’une réputation de diplôme au rabais, frappé de surcroît de suspicion quant à son taux de réussite que l’on dit gonflé, il est donc incontestablement en instance de réhabilitation. Son image demande donc à être soignée c’est dire si la tâche de la ministre de l’Education nationale est ardue. Si Nouria Benghebrit aura eu le mérite de gérer tous les conflits qui se sont posés à son secteur sans «casse» il n’empêche qu’elle sera très attendue sur ce plan. Le baccalauréat doit en effet faire un saut qualitatif qui doit refléter somme toute le niveau de l’enseignement prodigué, comme il doit afficher un taux de réussite qui réponde aux attentes de parents stressés par un éventuel échec de leurs enfants.

Une situation qui pourra être mieux supportée que si cet examen est débarrassé de toutes ces scories. Le dépoussiérage nécessite des mesures qui doivent gagner l’adhésion des Algériens en général et des candidats en particulier. En gros il faut mettre un terme au favoritisme, à la rumeur persistante de bac «acheté». L’administration doit se montrer raide comme la justice et les enseignants incorruptibles. Le succès sera collectif, l’échec aussi. L’un comme l’autre auront à être assumés par un gouvernement attendu au tournant par une opposition qui n’attend que la moindre occasion pour le descendre en flèches. Deux événements serviront à jauger du rapport de force qui la met face au pouvoir.

Le déroulement de l’examen du bac donc et le Ramadhan. Ces événements se succéderont à quelques jours près (début du mois de juin) dans un contexte sécuritaire difficile au moment où le mois sacré frappe à nos portes avec à la clé une crise financière qui risque d’exacerber un peu plus la traditionnelle flambée des prix. Si l’Armée nationale populaire mène une lutte implacable et sans relâche contre les groupes terroristes, le nombre de caches détruites, d’armes récupérées, de cellules de soutien démantelées, d’individus mis hors d’état de nuire inquiètent.

Des indicateurs qui attestent que le pays n’est pas totalement à l’abri d’une action terroriste spectaculaire même si les grandes métropoles donnent l’impression d’avoir été nettoyées de ce fléau. Il est vrai cependant que depuis quelques années, les Algériens ont plutôt passé un mois sacré plutôt paisible. Les nuits sont animées, des activités culturelles et les concerts de musique fleurissent un peu partout à travers le territoire national, les familles se rendent visite et les cafés ne désemplissent pas jusqu’à pratiquement l’appel du muezzin qui indique qu’il faut arrêter de boire et de manger. C’est cette quiétude que les forces de sécurité auront à coeur de perpétuer.

Sur le plan financier, il s’agit d’une autre paire de manches. Car malgré toutes les promesses des pouvoirs publics, du ministre du Commerce en particulier, les Algériens ont été saignés au cours du mois du Ramadhan essentiellement la première semaine où les prix flambent exagérément lorsque ce n’est pas pendant trente jours ou carrément toute l’année. Une conjoncture qui pourrait s’exacerber d’autant plus que les clignotants sont au rouge.

La dégringolade des cours de l’or noir étant passée par là. La trésorerie du pays s’est sérieusement érodée. On n’en est pas encore à racler les fonds de tiroir.

Mais on se demande comment le gouvernement qui a décidé de diminuer ses importations pour pallier le manque de recettes en devises assuré essentiellement par des exportations d’hydrocarbures en déclin va faire pour recourir aux traditionnelles importations de viandes, de pois chiches, de citron… pour faire face à une demande de consommation exceptionnelle durant les 30 jours du mois sacré et lutter contre la spéculation. Encore un paradoxe qu’il va falloir bien gérer. A défaut, il aura à subir les foudres de l’opposition.