Le baccalauréat est une institution de l’enseignement qui remonte au début du 19èmesiècle. C’est du décret organique du 17 mars 1808 que date l’organisation du baccalauréat tel qu’il existe aujourd’hui. C’est sous l’Empire français que cet examen dont on retrouve la trace dès le Moyen Age, devient pour la première fois le couronnement et la sanction des études secondaires. Il a traversé tous les régimes politiques et sa pérennité est en elle-même une réussite. Au fil du temps, il a acquis une double fonction car il vient couronner les études secondaires, et il ouvre les portes de l’enseignement supérieur.
A l’origine, l’examen du baccalauréat se passait devant la Faculté, les professeurs de premier ordre des lycées faisant partie de droit des Facultés. Partout le proviseur et le censeur étaient adjoints aux commissions d’examen. Le doyen pouvait appeler les professeurs du lycée à prendre séance.
L’examen ne comportait que des épreuves orales, c’est-à-dire de simples conversations entre examinateurs et candidats et qui portaient sur des auteurs grecs et latins, sur la rhétorique, l’histoire, la géographie et la philosophie. Le jury pouvait examiner à cette occasion huit élèves à la fois.
L’évolution de cet examen s’est caractérisée par un développement croissant. Quantitatif, avec la démocratisation de l’enseignement secondaire et la multiplication des voies d’accès à ce diplôme, avec la création du baccalauréat technologique en 1968, ce qui fait augmenter le nombre de candidats à cet examen. Qualitatif, car chaque discipline voulant être représentée et donner lieu à une évaluation; de ce fait, les épreuves sont devenues de plus en plus nombreuses.
En Algérie le dit examen a été institué par décret 63-495 en date du 1er décembre 1963. L’arrêté ministériel du 31 décembre 1963 organisa le baccalauréat en arrêtant la nature des épreuves, leur durée et leurs coefficients en fixant le déroulement des examens, la correction des épreuves et les modalités de délibérations et proclamation des résultats. Il faut savoir que le baccalauréat était conditionné par l’examen dit probatoire qui était en vigueur jusqu’en 1969 et qui se déroulait au même titre que le bac en deux sessions. Le décret 68-46 du 8 février 1968 institua le baccalauréat technique.
L’arrêté interministériel en date du 24 novembre 1974 réorganisa l’examen du baccalauréat, cet arrêté constitue pour le moment le cadre de référence pour le baccalauréat. Depuis, d’autres arrêtés ministériels sont venus modifier ou compléter ce dernier. Pour l’institution éducative, enfin, le baccalauréat est l’aboutissement d’un cursus scolaire pendant lequel des investissements ont été consentis, des programmes d’enseignement appliqués aux élèves ; il est pour l’institution l’un des instruments pour évaluer les résultats de ces investissements et de l’enseignement dispensé.
En Allemagne, le « bakkalaureus » désigne un ancien grade supprimé en 1820 et un nouveau grade, aussi connu sous le nom de « Bachelor’sdegree », introduit en 1998.En Espagne, le « bachillerato »sanctionne la fin des études secondaires. Pour entrer à l’Université, il faut passer un examen appelé « Selectividad » qui porte sur les matières étudiées pendant la dernière année du « Bachillerato ». Ensuite, l’entrée dans les facultés est libre mais, pour les plus demandées ou les plus prestigieuses, elle est conditionnée à la note moyenne du dossier des deux dernières années et de la Selectividad. Au Maroc,le baccalauréat clôt le lycée et permet l’accès aux études supérieures. En Norvège, le « bachelorgrad »est préparé en 3 ans. Dans les pays anglo-saxons et le Québec, le baccalauréat, en anglais « baccalaureate ou bachelor’sdegree », est le grade sanctionnant le premier cycle universitaire après trois ou quatre années d’études. Dans quelques rares cas il peut correspondre à un grade du deuxième cycle. Au Japon, il n’y a pas d’examen bac, à proprement parler, puisqu’il qu’il n’y a aucun test qui sanctionne les études secondaires. En revanche, pour accéder à l’université, surtout publique qui est la plus prestigieuse, vous devez passer un examen, qu’il n’est pas aisé d’obtenir, car obtenir ce droit d’entrer dans une prestigieuse université deviendra un vrai faire valoir pour la carrière professionnelle.
Le mot baccalauréat dérive du latin médiéval«bachalariatus», désignant un rang de débutant d’abord dans la chevalerie (au XIème siècle, le bachelier était un jeune noble, chevalier ou écuyer), et puis dans la hiérarchie religieuse et universitaire ou de baccalaurea, qui signifie « baie de laurier », une couronne qui symbolise la réussite. En effet, dans l’Antiquité, le laurier était un emblème de victoire.
Les Romains en firent l’emblème de la gloire, aussi bien des armes que de l’esprit. C’est à ce titre que Jules César arborait impérialement ce mythique « diadème emblème ». Le laurier passait, autrefois, pour protéger de la foudre : qualité corrélative de la première. Arbuste consacré à Apollon, son feuillage sert à couronner les héros, les génies et les sages.
En Grèce, ceux qui avaient obtenu de la Pythie une réponse favorable s’en retournaient chez eux avec une couronne de laurier sur la tête. Indiquons dans ce contexte qu’en Algérie, et plus exactement chez les Béni-Snous, dans la région de Tlemcen, c’est d’une baguette de laurier-rose que s’arment les porteurs de masques, lors du traditionnel carnaval organisé à l’occasion de la fête de Yennayer. Le choix de cet arbuste n’est pas indifférent du fait que les paysans lui attribuent des vertus occultes d’autant que ses rameaux représentent des talismans protecteurs écartant toutes les forces malfaisantes.
C’est en 1808, en France, sous le règne de Napoléon que le baccalauréat a vu le jour. A l’époque, ce prestigieux examen était réservé exclusivement aux fils de la bourgeoisie et de la noblesse. A l’origine, le baccalauréat n’existait que sous une seule forme, le baccalauréat littéraire qui consistait à discuter d’un ou de deux écrivains latins. La première promotion ne compta que 31 reçus sur 41 candidats, tous des garçons; à noter qu’à cette époque-là (19ème siècle), les filles n’avaient pas le droit de concourir, c’était un domaine exclusivement masculin. Ce n’est qu’avec l’avènement de l’école publique et gratuite que l’effectif des candidats au bac va augmenter.
Ce prestigieux examen représente un événement national et constitue un sujet d’actualité dans la société algérienne. Notons que le premier Algérien à obtenir le baccalauréat fut l’illustre Si-Mhammed Ben RahelEnnadromi (16 mai 1858 – 7 octobre 1928), au terme des études secondaires qu’il avait suivies au lycée impérial d’Alger où il fut admis en 1870.
Cette semaine, Madame NouriaBenghebrit, ministre de l’Education nationale, a indiqué que : « Les résultats de l’examen du baccalauréat 2015, dont les épreuves se dérouleront du 7 au 11 juin, seront annoncés au plus tard, le 10 juillet prochain ». Elle avait précisé que « L’examen du baccalauréat de 2015 concernera 853.780 candidats ». La ministre a fait part de son « espoir d’arriver à des résultats meilleurs que ceux de l’année dernière ».Dans ce sens, elle a expliqué que « les résultats du premier trimestre de cette année sont meilleurs que ceux de l’exercice précédent car, a-t-elle expliqué, le trimestre de cette année a été plus long et a été caractérisé par plus de stabilité comparativement à l’année dernière ».
Mme Benghebrit a fait observer que son département « a tout fait pour que les élèves préparent les examens dans les meilleures conditions possibles », citant l’ouverture des établissements scolaires pour les cours de rattrapage, la distribution des CD ainsi que la diffusion des cours de soutien à la Télévision nationale.
« Je rassure les parents d’élèves et les candidats que les sujets du Baccalauréat porteront uniquement sur les cours dispensés. C’est une chose tellement naturelle qu’il n y’a aucune raison d’inquiétude », a déclaré la ministre.
De son côté, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a indiqué « que personne ne peut déterminer le taux de réussite au baccalauréat », affirmant que « seuls la volonté et les efforts de l’étudiant seront déterminants».
A titre d’information, il est à souligner qu’en 2014 le taux de réussite à l’examen du baccalauréat a été de 45% en Algérie, 49% en Tunisie, 43% au Maroc et de 87,9% en France.
De grands personnages de l’histoire contemporaineet de nombreux autres anonymes en Algérie et dans le monde n’ont pas eu la chance d’obtenir leur diplôme de baccalauréat. Emile Zola, Jean Cocteau, André Malraux et tant d’autres, aussi illustres, en Algérie et dans le monde, en sont un exemple. Et pourtant, ils ont réussi dans leur vie, sans ce prestigieux diplôme tant convoité .
Rachid Moussaoui