Pendant que les candidats au baccalauréat passent les épreuves, les parents, eux, passent l’épreuve de stress.
Dimanche 1er juin, c’est le premier jour de la semaine et du mois, mais aussi premier jour des épreuves du bac pour plus de 600.000 candidats et aussi leurs… parents! En effet, pendant que leurs enfants passent les épreuves du bac, leurs parents passent l’épreuve de stress. Ahmed est l’exemple type du parent stressé! Téléphone à la main, posté devant le lycée Thaâlibiya II d’Hussein Dey, il grille cigarette sur cigarette. Entre deux «clopes», il passe de courts appels, parle tout seul et patiente. Il attend son enfant qui est en train de passer l’examen d’arabe en cette première matinée du bac. «J’attends, j’attends, c’est aussi éprouvant pour nous que pour eux», avoue-t-il en ce rongeant les ongles.
Les mains tremblantes, la voix brisée, Mustapha, de son nom, nous avoue qu’il a déposé ce matin sa fille à son centre d’examen, qui est le lycée Thaâlibiya II, mais qu’il n’a pas pu retourner chez lui. «J’ai démarré pour rentrer chez moi, au premier virage, j’ai fait demi-tour pour revenir aux abords du lycée. Je me suis installé au café d’en face à attendre que ma fille qui passe le bac sorte», dit-il pour expliquer le fait qu’il «rôde» devant ce lycée de la capitale.
Mustapha, qui dit avoir pris un congé pour pouvoir être à la disposition de sa fille pendant le bac, nous fait part de son angoisse. «Je suis stressé comme lorsque j’ai passé mon baccalauréat», indique-t-il d’un air des plus inquiets, lui dont le téléphone ne cesse de sonner. Il avoue toutefois que son état de stress n’est rien comparé à celui de sa femme. «C’est d’ailleurs elle qui n’arrête pas de m’appeler pour savoir si notre fille était sortie, si j’avais eu des échos de l’examen», souligne-t-il. «Elle est dans un état «post-traumatique», plaisante-t-il. «Elle ne mange pas, elle ne dort pas. Elle est plus stressée que notre fille qui se met à la rassurer au lieu que ce soit l’inverse», affirme-t-il. «C’est ce qui nous inquiète aussi», ajoute-t-il paradoxalement.

«On s’inquiète que notre fille ne soit pas autant angoissée que nous», assure-t-il d’un air perdu. Meriem a, elle, une double dose d’angoisse! Elle a deux enfants, un garçon et une fille, qui passent le bac. Ils ont un an de différence, mais mon garçon a refait sa seconde, là ils se retrouvent à passer ensemble le bac. «Ce bac est plus difficile que mon accouchement. Je le qualifierai même d’accouchement de jumeaux avec siège», plaisante-t-elle pour atténuer son stress. Saliha, de son côté, gère seul la situation. Son mari est employé dans le Sud et n’a pu être présent pour épauler leur fils aîné qui est le premier d’une famille de trois enfants à passer le bac.
«Mon mari est au Sud pour travailler, mais c’est juste son corps, son esprit est là avec moi il appelle chaque demi-heure pour avoir des nouvelles de ‘notre » bac», assure t-elle. Ahmed, Mustapha, Meriem, Saliha ne sont pas les seuls à «stationner» devant un lycée à attendre les nouvelles du «front»! Vous avez dû les remarquer, ils ont les chevaux grisonnants et attendent aux abords des centres d’examens, tels des lycéens.
Au soir, ces pauvres parents vont dévaliser les supermarchés, comme si c’était le jour du jugement dernier pour trouver les aliments «miracles» qui aideront leurs enfants à tenir le coup. Cela après avoir fait le tour des pharmacies, tels des «zombies», à chercher des flacons anti-stress pour leur progéniture et accessoirement pour eux. C’est cela être parent. S’inquiéter pour ses enfants plus que pour soi-même. Le bac fait partie de ces inquiétudes. Il a toujours mobilisé les parents émotionnellement. C’est ainsi, qu’eux aussi, passent «leur» baccalauréat…