Bac, candidats passent l’examen aujourd’hui, La grande épreuve pour Benghebrit

Bac, candidats passent l’examen aujourd’hui, La grande épreuve pour Benghebrit

La ministre de l’Education nationale lors de l’examen du bac en 2014

Il est incontestable que l’examen pour l’acquisition du diplôme national le plus populaire aura un autre parfum cette année.



Le bac 2015 portera un parfum de femme qui, plus est, aura secoué le cocotier. Celui de la ministre de l’Education nationale Nouria Benghebrit. En regardant d’un peu plus près toutes les étapes qu’elle aura traversées pour y parvenir, on se rend compte que son entreprise s’apparente à un parcours du combattant. Et c’est certainement cette qualité cachée mais attestée de résistante qu’elle possède, que certains ne lui entrevoyaient probablement pas, qui lui a permis de renverser la vapeur. Pas seulement en sa faveur.

La ministre de l’Education nationale qui donnera le coup d’envoi de cet examen à partir de la wilaya d’Adrar aura, en effet, réussi à faire triompher des idées et un projet qui doivent sortir l’Ecole algérienne de l’indigence pour la projeter dans la modernité et la compétence. Cela n’a pas été du gâteau. Il lui aura fallu dans un premier temps faire face à une salve terrible des islamistes. Elle s’est fait tailler en pièces sur la blogosphère et les réseaux sociaux. Ils attaquent cette Dame d’abord, par le flanc des origines laissant entendre qu’elle n’est pas musulmane, qu’elle a des origines juives. Et voilà le scandale. «L’Algérie est menacée dans sa profondeur, maintenant qu’on confie l’éducation de nos enfants aux juifs, c’est la fin de l’Algérie» tentent-ils de fourvoyer dangereusement l’opinion, oubliant que son grand-père a été parmi les personnes qui avaient aidé à construire la Mosquée de Paris. Ces attaques virulentes des islamistes contre sa personne ont volé au ras des pâquerettes.

Plus encore, elles ont porté son manque de maîtrise de la langue arabe pour la discréditer et pourquoi pas la pousser à jeter l’éponge A ces attaques, la ministre a dû également affronter la fronde des syndicats qui ne l’ont pas ménagée. Nouria Benghebrit est restée debout. Non seulement elle a fait face à ces violentes attaques verbales mais elle a prouvé que la langue arabe n’avait aucun secret pour elle. Elle incarne aussi le combat d’une femme moderne et libre qui exerce de hautes fonctions dans un domaine ultrasensible: celui qui doit donner une assise et former les femmes et les hommes de demain. Là où se joue l’avenir de l’Algérie.

C’était tout l’enjeu du déluge de feu qu’elle a eu à subir des fondamentalistes. De leur dessein inavoué: plonger la société algérienne dans les ténèbres. Une entreprise à laquelle ils n’ont pas renoncée et qui garde de forts relents de la décennie noire. C’est contre cet obscurantisme rampant que celle qui a succédé à un poste qu’ont principalement occupé des hommes (Abdelatif Baba Ahmed de 2013 à 2014, Boubekeur Benbouzid de 1997 à 2012 avec une interruption entre 2002-2003 où il avait occupé le poste de ministre de la Jeunesse et des Sports…) a dû faire front. Cela illustre tout son cheminement, son savoir-faire en matière de pédagogie pour entre autres réhabiliter le baccalauréat et de cesser d’en faire un diplôme au rabais en mettant notamment en sourdine cette notion de seuil qui a fini par enterrer son prestige déjà perdu depuis des lustres. C’est pour toutes ces raisons qu’il est incontestable que l’examen pour l’acquisition du diplôme national le plus populaire aura un autre parfum, cette année, qui le sortira des controverses et des tricheries qui ont fini par le dévaloriser et lui asséner le coup de grâce. Il portera l’empreinte de Nouria Benghebrit.

De courts mais flamboyants combats qu’elle a su mener avec une main de fer dans un gant de velours. Une expérience qui aura eu le mérite de mettre le doigt là où cela fait mal pour le bien d’un système éducatif qui semblait être en perdition. La voie est désormais tracée pour qu’il redémarre sur de bons rails.