Les épreuves du baccalauréat ont commencé hier et dureront quatre jours pour les élèves de la filière lettres et cinq jours pour celle des sciences. Un inspecteur de l’académie d’Alger, qui a requis l’anonymat, a confié hier que «les sujets du bac de cette année seront d’un niveau très moyen pour permettre à l’ensemble des candidats de passer ce cap.»
Le ministère de l’Education aurait donné, selon lui, instruction aux correcteurs d’être «indulgents» et «généreux». Ce qui n’est pas normal, selon lui. «Mais la décision a été prise et nous n’avons qu’à suivre», a-t-il précisé. L’inspecteur a aussi ajouté que «durant les réunions et les rencontres de travail avec la tutelle, le même message revenait :
il faut être indulgent et aider au maximum les élèves pour passer ce cap. L’Etat met les moyens et on doit avoir de bons résultats». L’inspecteur a estimé que «le baccalauréat est un examen de haut niveau. Il faut en finir avec ce mode de fonctionnement qui ne rend service ni aux élèves, dont le niveau sera faible, ni à l’Etat qui ne pourra pas faire confiance à ses futurs cadres pour cette même raison».
L’Etat offre les conditions, le reste est du ressort des élèves
Ce sont quelque 496 665 candidats à l’échelle nationale qui passeront ce décisif examen. Un examen qui couronne treize années de labeur pour avoir accès aux études supérieures, donc aux différentes universités et écoles supérieures. Toutes les conditions sont réunies pour un bon déroulement de l’examen auquel la société algérienne attache un intérêt particulier.
«En tant que maman et n’ayant pas eu l’occasion de faire des études, mon rêve est de voir ma fille réussir cet examen. Je n’aimerai pas voir ma fille suivre mon chemin, c’est-à-dire être une femme au foyer. Sa réussite sera la mienne et je prie Dieu matin et soir pour qu’elle réussisse», nous a avoué Saâdia. Le même discours est prononcé par sa fille Kenza. «Je veux réussir pour ma mère qui voit sa réussite dans la mienne et je ferai l’impossible pour décrocher mon bac. Ce sera mon cadeau pour elle».
La direction de l’éducation d’Alger-Centre, qui a à sa charge quatre daïras – Bouzaréah, Bab El Oued, Sidi M’hamed et Hussein Dey – a mis les bouchées doubles pour le bon déroulement de cet examen. «Depuis le dernier découpage de l’académie d’Alger en trois directions, en 2006, la nôtre a hérité de quatre daïras», a indiqué un responsable de cette institution. Et d’ajouter :
«Nous sommes en train de mettre en œuvre les moyens décidés par la tutelle afin d’assurer un bon déroulement de l’examen. Je peux vous dire que l’épreuve de ce matin s’est déroulée dans de très bonnes conditions». La fiche récapitulative du nombre de candidats et celle des centres d’examen a été rendue publique. Ainsi, l’académie d’Alger-Centre a dénombré 12 000 candidats, dont 7086 filles et 4914 garçons, dont 1701 candidats libre et 2016 pour les élèves de l’enseignement à distance.
Pour les six centres de Bouzaréah, 3010 candidats sont recensés, à Bab El Oued 2376 élèves sont répartis sur cinq centres, Hussein Dey accueille 2744 élèves pour cinq centres d’examens et enfin la daïra au plus fort taux, celle de Sidi M’hamed, avec neuf centres d’examen qui devront recevoir pendant cinq jours 3870 candidats. En somme l’académie d’Alger-Centre comprend 25 centres d’examen et 33 autres centres sont prêts et aménagés en secours.
L’encadrement est composé quant à lui de 4600 personnes, entre enseignants et adjoints d’éducation. L’académie d’Alger-Centre a recensé quatre cas de candidats à besoin spécifique, des non-voyants. Pour la correction du baccalauréat, l’académie s’est dotée d’un centre de correction principal, le lycée Ben Chenouf Tamer de Ben Aknoun et de deux centres secondaires, le lycée Hassiba Ben Bouali de Kouba et le lycée Cheikh Bouamama d’El Mouradia.
Un encadrement à la hauteur de l’événement
Le lycée Omar Racim d’Alger a connu une effervescence sans précédent en ce premier jour d’examen. Le chef de centre et son équipe ont mis en place tous les moyens pour offrir aux élèves un cadre agréable pour passer les épreuves dans de bonnes conditions.
«Nous n’avons rien laissé au hasard. Tout a été fait dans les règles de l’art et même plus. Nous avons sur place des policiers qui assurent la sécurité aux élèves, une unité de la protection civile avec un médecin, un psychologue et un encadrement de qualité pour rassurer et aider les élèves dans leur mission», a indiqué le chef de centre du lycée Omar Racim d’Alger.
Même topo au lycée El Idrissi, lequel est réservé aux candidats libres qui tentent leur chance pour la seconde fois pour certains, la troisième fois pour d’autres pour décrocher le fameux sésame. «Nous avons une chance inouïe et nous ne voulons pas la rater. Je suis venu de Tablat dans la wilaya de Médéa. J’ai été affecté au lycée El Idrissi pour passer mon examen, c’est vous dire le périple que je dois faire chaque matin pendant quatre jours. Mais ça vaut le coup, il s’agit de la clé d’avenir», a informé Salim.
Pour la journée d’hier, la première épreuve était «facile» selon les élèves. «Le sujet de langue arabe était abordable, notamment le poème, puisque nous avons le choix entre l’étude de texte et le poème. Les questions étaient simples et compréhensibles, le sujet était destiné à un élève de niveau moyen», s’est exprimée Siham qui refait son Bac pour la troisième fois.
Certains enseignants qui n’étaient pas concernés par la surveillance de l’examen ont fait le déplacement dans différents centres pour soutenir leurs élèves. Un geste d’ailleurs qui a encouragé les élèves en voyant leurs professeurs. Samir qui était en compagnie de son professeur d’arabe, qu’il a eu pendant deux ans au lycée s’est dit très touché par ce geste. «En arrivant ce matin au centre, j’ai vu mon prof et sincèrement ça m’a aidé, alors qu’il n’est pas concerné par la surveillance de l’examen».
M. Lakoum, le professeur d’arabe a jugé utile d’être là pour ses élèves. Il estime que le fait d’être présent en ce jour pourra aider les élèves et les encourager. «Je suis venu les voir et leur apporter mon soutien. Il s’agit d’un examen capital dans la vie d’un élève, je ne fais que mon devoir d’enseignant». Selon le même enseignant, le sujet est abordable et assez facile pour les élèves de niveau moyen.
«Notre crainte est pour les scientifiques, notamment pour les matières principales, telles que la physique et les sciences. Nous espérons tous que nos élèves passent ce cap, car de nos jours sans les études, l’avenir est incertain», a conclu l’enseignant. En tout état de cause, les élèves se disent confiants et les enseignants ont estimé qu’ils ont accompli leur mission durant toute l’année. Le ticket d’accès à l’université sera pour ceux qui ont travaillé durant toute l’année.
Par Elias Melbouci