L’Algérie a une nouvelle fois entièrement protégé l’intégrité du bac des retardataires en coupant internet. Une solution utilisée et dont l’efficacité est reconnue même par des superpuissances comme l’Ethiopie et l’Irak.
Les concernés par cette édition exceptionnelle, les 9000 et quelques candidats arrivés en retard à la première session, ainsi que les 94 000 candidats libres qui ont finalement décidé de ne pas passer le bac (ou oublié la date de l’examen) sont interdits de ramener leurs portables aux centres. Tout comme leurs camarades de la première session. Mais on n’est jamais trop prudent. La ministre de l’Education nationale ne va tout de même pas faire confiance à ses surveillants qui encadrent l’examen.
Il n’y a avait donc pas d’alternative. Il fallait couper internet pour empêcher quelques milliers de retardataires de tricher lors de cette deuxième chance. Ce n’est pas comme si leur retard était de leur faute. Ce n’est pas comme s’il y a avait des millions d’internautes dans le pays qui seraient affectés. Et ça marche.
La preuve ? 8 personnes n’ont pas été condamnées mercredi 12 juillet à une année de prison avec sursis et à une amende de 50 000 DA à Laghouat pour ne pas avoir publié sur Facebook les sujets de la session de juin. Une session qui a aussi connu un blocage d’accès aux réseaux sociaux.
Et heureusement. Ça serait une catastrophe si des tricheurs au bac réussissaient à rejoindre nos prestigieuses universités. On peut imaginer par exemple des personnes qui n’ont rien à faire dans une faculté tricher au bac et devenir étudiants. Ils pourraient rejoindre les organisations estudiantines et les transformer en milices, agressant des professeurs et transformant l’université en un foyer de violence et de corruption. On risquerait de ne plus avoir une seule université dans le top 10 mondial.
Le leader mondial en économie ainsi qu’en tout autre secteur, la Corée du Nord, préconise d’interdire entièrement internet tout au long de l’année pour éviter tous les problèmes. Le plus grand pays d’Afrique qu’est le nôtre n’en est pas encore à ce degré de développement mais espère y arriver bientôt grâce au programme du président de la République.
Cependant, internet étant un accessoire dont chaque pays peut se passer pendant plusieurs jours, sans aucun impact sur son économie ou le fonctionnement de secteurs clés comme les finances, la science ou la communication, l’Algérie aurait eu tout à gagner et rien à perdre en employant la même méthode pour éviter d’autres problèmes dont voici une sélection:
1. La corruption
On est en 2007 et une partie des 198 millions euros en des pots-de-vin de l’affaire Saipem-Sonatrach commence à circuler via tout un réseau de comptes offshore, dont un détenu par Najat Arafat, l’épouse du ministre de l’Energie de l’époque, Chakib Khelil.
Les correspondances entre les différents bénéficiaires, leurs fondés de pouvoir, leurs avocats et les bureaux qui gèrent leurs sociétés-écran se font habituellement par mail, comme l’ont démontré les enquêtes de Panama Papers.
Il aurait donc suffi de couper internet durant cette période pour empêcher ce grand scandale. Pourquoi n’y a-t-on pas pensé ?
Car pourquoi s’encombrer de renseignement économique, d’institutions de lutte contre la corruption, de justice indépendante et de mandats d’arrêt internationaux quand on peut juste débrancher le net ?
2. L’abstention
Les législatives de mai 2017 ont enregistré un taux d’abstention record : près de 65%. Ceci est dû à une seule et unique raison. Des millions d’Algériens ont vu la vidéo Mansotich du youtubeur DZjoker qui appelle au boycott. (Ndlr 1: Attends t’avais pas dit plus haut qu’il n’y avait pas de millions d’internautes en Algérie ?)
Le faible taux de participation est un grand problème dans une démocratie comme la nôtre (ou comme la Corée du Nord qui n’a pas ce souci. Voir plus haut). L’effet Mansotich aurait pu être évité en débranchant la toile tout au long de la campagne électorale.
3. Ikram
Qui se souvient d’Ikram? Tout le monde se souvient d’Ikram. L’affaire qui ne concerne personne à part le couple impliqué a tenu l’opinion publique en haleine pendant des semaines.
Pour faire court: Un Algérien qui vit aux US voit une Algérienne qui vit au pays à la télé. Il décide de l’épouser. Chose faite, il la ramène aux States. Elle décide de s’enfuir. Il décide de raconter son histoire sur YouTube. Buzz astronomique en Algérie. Même la télé en parle.
Bloquer internet au moment de la publication de la vidéo aurait évité au pays des heures et des heures de temps perdu. Un temps qui aurait pu être mieux exploité en regardant des feuilletons turcs.
4. Le racisme d’Ouyahia
De deux choses l’une: Sans internet il n’y aurait pas eu de campagne raciste anti-migrants subsahariens fin ramadan 2017, avec son lot de commentaires haineux et ignorants, et Ahmed Ouyahia n’aurait pas essayé d’instrumentaliser politiquement ce sentiment avec des affirmations tout aussi ignobles.
PS : En y pensant, la chaine privée qui a diffusé la déclaration d’Ouyahia n’aurait pas pu le faire sans internet. Vu leurs statut juridique « semi-légal », les chaines privées ne peuvent pas émettre directement du pays. Elles envoient leur matière via le net à des serveurs offshore.
PS 2 : En y repensant, toutes les dérives d’Ennahar et Co. auraient pu être évitées en coupant internet. Pourquoi avoir des chaines privées algériennes de droit étranger quand on peut avoir des chaines algériennes de droit étranger privées de moyen de diffusion ?
5. Internet
Les athées arrêtés, les personnes qui insultent le président ou publient des caricatures, ceux qui se font passer pour le Premier ministre, etc. Tout ça s’est fait sur Facebook.
Mobiliser la brigade de cybercriminalité pour les identifier, la police pour les arrêter, la justice pour les condamner et les prisons pour les punir. Tout ça peut être économisé d’un seul appui de bouton de la ministre des TIC. On y perd quoi? Rien. On y gagne quoi? Tout. Kim Jong Un serait jaloux.