Baba Merzoug réclamé à la France ,L’Algérie veut son canon captif

Baba Merzoug réclamé à la France ,L’Algérie veut son canon captif
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A quelques mois de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance, il est des sujets faisant partie de l’histoire nationale qui nous tiennent à cœur et celui de Baba Merzoug, canon en bronze légendaire, protecteur de la baie d’Alger confisqué par l’armée française dès 1830 en est un. Surtout que son rapatriement devrait se faire en 2012, justement pour le cinquantenaire.

En effet, pour celui qui ne le sait pas encore, sans doute les jeunes, Baba Merzoug est le plus grand canon de l’artillerie algéroise datant du 16e siècle. Célèbre dans toute la Méditerranée pour sa puissance de feu, Baba Merzoug, canon en bronze légendaire, emblème de l’histoire d’Alger et gardien de la capitale «Djazaïr, El Mahroussa» a été saisi comme butin de guerre, transféré et rebaptisé «le Consulaire» par l’armée coloniale fraîchement débarquée sur les côtes algéroises en 1830. Depuis, il est enchaîné au Port de Brest, deuxième port militaire en France après Toulon, et est considéré comme partie intégrante du patrimoine historique de la défense française. Baba Merzoug pour les Algériens, la Consulaire pour les Français, sa restitution à son pays d’origine a longtemps fait l’objet de démarches et campagnes internationales durant des années, émanant du mouvement associatif. Et pour lequel la restitution de cet emblème de l’histoire d’Alger qui a fait face pendant plus de deux siècles aux envahisseurs, reste une revendication légitime pour les Algériens, et Algérois particulièrement. Aujourd’hui encore, et notamment à la faveur de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance, la restitution de ce canon emblématique reste une certitude pour tous ces gens qui ont remué ciel et terre pour son retour dans son pays. Il s’agirait même d’un signe de «bonne volonté» de la France de voir ses relations avec l’Algérie se raffermir et à leur consolidation, mais surtout un gage de renouement de l’amitié entre les deux peuples. Construit en bronze en 1542, long de près de 7 mètres et d’une portée de près de 5 kilomètres, Baba Merzoug était la plus importante arme de défense dans tout le Bassin méditerranéen et sans rival pendant des siècles. Ce joyau de l’artillerie algérienne faisait ainsi la fierté d’El Djazaïr depuis les pachas et les deys ottomans jusqu’à nos jours.

D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, et loin de tout esprit malveillant du côté algérien, l’Hexagone refuse de crever, une bonne fois pour toutes, l’abcès de cet épisode noir de l’histoire coloniale, pour qu’enfin les générations et surtout celles futures puissent vivre en paix. La vraie paix. En effet, il y a de nombreux sujets qui viendraient «normaliser» les relations algéro-françaises, et sans nul doute tirer définitivement un trait sur cette discorde entre ce vieux couple qui pourtant est «condamné» à vivre ensemble et à partager un avenir commun au vu de plusieurs paramètres communs sont ceux de l’histoire, des relations économiques, politiques et sociales. Pourtant, ces sujets qui fâchent restent malheureusement encore en suspens. Il s’agit notamment de la reconnaissance des crimes de guerre, la restitution des archives et la cartographie des champs de mines instituée dans le cadre des plans de la ligne Morice. Des sujets pour lesquels le président Nicolas Sarkozy, notamment s’agissant de la criminalisation des crimes de guerre, reste totalement fermé fut-il au prix de la cohabitation pacifique des deux peuples. Pire, ces dernières années l’on assiste sur la scène politique française à des débats qui ne font qu’enfoncer le couteau dans la plaie, et séparer les peuples algérien et français. C’est ainsi qu’on voit surgir des débats sur l’immigration, l’identité nationale, la glorification de la colonisation… et pour couronner le tout et alors que l’on va célébrer les cinquante ans de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet 2012, Nicolas Sarkozy a décoré avant-hier l’ancien officier putschiste d’Alger en 1961, Hélie Denoix de Saint-Marc, aux Invalides, monument historique et symbolique de l’histoire de France. Mieux. Sarkozy, comme pour flatter l’extrême droite française connue pour sa nostalgie d’une l’Algérie française, y a même encouragé le transfert des cendres du tortionnaire de la République, le général Bigeard.

Comme quoi, il y a des signes qui ne font pas dans la dissipation des conflits et des querelles, et qui en dépit de toutes les bonnes intentions de part et d’autre, la réconciliation de ce vieux couple que sont l’Algérie et la France n’est pas vue de la même façon. Et comme disait Antoine de Saint-Exupéry :

«S’aimer, ce n’est pas se regarder dans les yeux, c’est regarder ensemble dans la même direction».

Par Lynda Naili Bourebrab