«Le livre doit être présent dans notre vie au quotidien», a déclaré le ministre de la Culture, hier matin, en s’attelant à présenter un début d’actions en faveur des éditeurs algériens, invitant ces derniers à maîtriser les lois du marché…
Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture a animé, hier, un point de presse au Palais de la culture, Moufdi Zakaria, pour rendre compte de son évaluation de la 23e édition du Salon international du livre d’Alger qui vient de s’écouler, mais aussi de présenter le début d’une étude statistique sur le profil du lectorat algérien, arguant que cette question: «Est-ce que les Algériens lisent? revient souvent sur le tapis.» Aussi, cette étude qui a duré un peu plus de 20 jours, sur la demande d’un Centre national du livre, en collaboration avec le Laboratoire de gouvernance économie institutionnelle et croissance durable (Lagic), s’est basée sur «la méthode du quota», en interrogeant plus de mille personnes sur un échantillonnage dominé par la gente féminine et dont 70% appartiennent à la classe estudiantine et le reste aux autres franges de la population.
Cette étude a été menée sur 10 wilayas à savoir Alger, Batna, Laghouat, Chlef, Oum El Bouaghi, Tissemsilt, Annaba et Tizi Ouzou, «notre sondage n’est pas aléatoire», nous a fait savoir le représentant. 95, 6% des visiteurs interrogés affirment lire. Ce qui est à la base normale, vu le profil des gens interrogés. 52% des personnes interrogées lisent des romans d’abord. Un sondage qui met la langue arabe en première place avec 68%, le français en seconde position avec 41% et enfin l’anglais avec 12%. Des chiffres annoncés, lors de ce point de presse, qui hélas, ne nous renseigne pas encore sur la globalité de la société algérienne. Une étude qui est amenée à se poursuivre, mais qui, selon notre perception a été plutôt bâclée et réalisée à la va-vite pour coïncider avec l’avènement du Sila. Revenant sur la tenue du Salon du livre, qui a eu lieu du 29 octobre au 10 novembre dernier, Azzedine Mihoubi rappellera que «cette édition bien particulière» s’est caractérisée par un nombre croissant d’éditeurs qui a dépassé les 1200, dont la grosse partie est algérienne et le reste étrangère.
Il reviendra sur le pays invité d’honneur, à savoir la République populaire de Chine qui était dignement représentée par une délégation composée de grosses pointures en littérature, dont le prix Nobel Mo Yan,qui bien curieux de connaître notre pays, a eu le privilège de visiter en plus d’ Alger, Oran et Constantine. Le ministre de la Culture qui insistera sur l’importance de l’exportation de notre littérature à l’étranger, fera remarquer avoir demandé aux éditeurs algériens de lui fournir une liste d’ouvrages, à même de les soumettre à la Chine, en vue de leur traduction et faire rayonner ainsi notre culture, hors de nos frontières, chose sur laquelle il travaille, a-t-il indiqué. Aussi nous apprenons que l’Algérie sera l’invité d’honneur au Salon du livre de La Havane en février 2019, mais aussi au Canada et au Bahrein. Estimant le lecteur algérien «intelligent», il relèvera la pertinence des éditeurs algériens qui ont pris la peine, ces dernières années, de proposer de plus en plus de nouveautés pour chaque Sila. «Notre objectif est de donner la chance à nos auteurs algériens de se faire connaître dans les Salons internationaux du livre, via la traduction mais aussi l’exportation.» Azzedine Mihoubi qui citera en outre, les noms d’éminentes personnalités et autres écrivains qui ont marqué le Sila 2018, tels que Costa Gavras, Gilles Manceron, Kamel Daoud, Yasmina Khadra etc, est revenu sur la question délicate des «livres soumis à réserve».
Des «livres indésirables» dont le nombre en 2002 étaient de l’ordre de 3500, tandis qu’aujourd’hui ils sont de l’ordre de 56 livres interdits sur les 300 000 livres exposés. «Ces livres qui peuvent heurter l’Algérie, on préfère les mettre de côté. Ils peuvent passer dans un autre salon, mais pas chez nous. C’est notre façon de procéder en total accord avec l’ esprit démocratique et de transparence et en veillant à la liberté d’expression.» Le ministre de la Culture dénoncera aussi les agissements de certains éditeurs qui, selon lui, font «passer des livres clandestinement dans les stands sans les déclarer auparavant». Et de faire savoir, déterminé: «Il n’y a pas de police de livres, seulement des lois qu’on applique.» Rappelons qu’il y a eu 2,3 millions de visiteurs, cette année au salon. Mihoubi est revenu sur cette question des restos et leur fréquentation au Sila, arguant que les gens ont bien le droit de se nourrir, comme dans n’importe quelle autre manifestation culturelle de cette envergure.
Aussi, saluera-t-il le travail du ministère de l’Education qui a fait ramener les enfants au Sila pour s’acclimater avec l’univers du livre. Mihoubi est revenu sur cette décision du Premier ministre, faisant désormais du livre un produit commercial, en vue de faire bénéficier les éditeurs des mêmes avantages qu’avec une autre marchandise. «La question est: Comment l’éditeur va -t-il en bénéficier? A ce stade, l’éditeur devra savoir maîtriser les règles du marché pour que son livre soit enclin à l’exportation», a, t-il soutenu. Evoquant le rôle des bibliothèques dans la promotion de la lecture, Azzedine Mihoubi appellera ces institutions à plus de «souplesse» affirmant que les bibliothèques fermées seront bientôt ouvertes sous sa tutelle, ajoutant que son département fournit chaque année des milliers de livres à de nombreuses librairies aussi. «On va travailler avec les éditeurs pour régler ce problème de distribution pour que le livre soit présent dans notre vie au quotidien.»
De ce faut, il a annoncé le lancement prochain du salon spécialisé, notamment dans le livre pour enfant et ce, en plus des 66 salons locaux existants. A propos de la TVA zéro qui est appliquée pour les éditeurs dans pas mal de pays dans le monde, Azzedine Mihoubi qui écoutera les doléances d’un journaliste pour faire appliquer la même chose chez nous, dira avoir bien entendu cet appel et que c’est aux deux syndicats (Snel et l’Onel, Ndlr) de se réunir pour mettre en place un document stipulant ces mesures fonctionnelles et les proposer au ministre de la Culture.» Et de conclure: «Les portes sont ouvertes.»