Azzedine Aït Djoudi : «En juniors à la JSK, notre entraîneur nous a obligés à ne pas jeûner»

Azzedine Aït Djoudi : «En juniors à la JSK, notre entraîneur nous a obligés à ne pas jeûner»

Comment va Azzedine, en ce mois de Ramadhan ?

C’est la première fois depuis des années que je ne travaille pas au mois de Ramadhan. Cela me permet d’effectuer mes prières et de lire le saint Coran.Tout se passe à merveille.

Vous supportez, donc, assez bien le jeûne. C’est cela ?

Disons que dans ce combat avec le jeûne, je mène largement eux points. Si cela continue, je gagnerais par K.O. Je ne vous cache pas que je vaque à mes occupations sans aucun problème et je fais même du sport en compagnie de mon ami Kamel Benazzouz.

Calme ou nerveux ?

Je suis d’un naturel très calme. Même durant le mois de Ramadhan, je ne perds pas mon sang froid. Pas plus tard qu’hier, j’ai bien géré une situation qui allait dégénérer en gardant mon calme.Je n’oublie pas que ce mois de Ramadhan est celui de la tolérance et du pardon.

Fainéant ou actif ?

Ni l’un ni l’autre. Je fais ce que j’ai à faire en essayant de m’appliquer  du mieux que je peux. Après la prière du Fedjr, je me rendors. Après cela, je suis un  programme préétabli.

T’arrives-t-il de te disputer au mois de Ramadhan ?

Je ne me rappelle pas m’être disputé au cours de ce mois sacré. Cela a dû peut-être m’arriver du temps de ma jeunesse.

Que te manque-t-il ?

Faire mes prières sur les lieux saints, à Médine et à La Macque.

Pour quelle raison n’as-tu pas programmé une Omra en ce mois de Ramadhan ?

J’ai effectué une Omra l’année passée. J’ai passé quinze jours à La Mecque et cela me manque déjà.

Et pour ce qui est du  pèlerinage ?

Ce sera pour bientôt, Incha Allah.

En quoi diffère Azzedine le coach d’Azzedine l’habituel ?

Sincèrement, il y a une très grande différence. Le fait de ne pas travailler a certains avantages. Le travail d’entraîneur fait que nous sommes éloignés de nos familles. Maintenant, j’ai plus de temps à donner à ma femme et à mes enfants. Je passe plus de temps avec les amis et je découvre beaucoup de choses. La chose la plus importante est l’absence de stress.

Il arrive un moment où les choses du terrain vous manquent, n’est-ce pas ?

C’est certain. Tous les  connaisseurs vous le diront : être entraîneur  n’est pas seulement un métier, c‘est une passion.

C’est le premier Ramadhan que tu passes hors des terrains, c’est cela ?

C’est vrai, cela fait des années que je passe le Ramadhan à la tête d’une équipe, ce qui laisse très peu de place aux choses de la famille.

A quel âge as-tu observé le jeûne pour la première fois ?

Je pense que c’était vers 5 ou 6 ans et c’était à Tébessa.

Existe-t-il un rituel que vous observez pour la première journée de jeûne d’un enfant ?

Oui, et en ce qui me concerne, je me rappelle de ma première journée de jeûne comme si c’était hier. C’était dans notre grande maison de Tébessa. On m’a fait monter sur une tonnelle. Mon regretté père était très heureux et je me souviens que j’en ai bien profité car il m’a acheté toute les choses  que je voulais.

Te rappelles-tu avoir rompu le jeûne avant l’Adhan ?

Oui, et ce n’était pas de mon propre gré .Disons qu’on m’a obligé à le faire.

Comment cela ?

A l’époque, je faisais partie de l’équipe junior de la JSK. Pour préparer la finale de la Coupe d’Algérie de la catégorie, nous avions à jouer un match amical contre une sélection cubaine. C’était en plein mois de juin et il faisait très chaud. Le match devait débuter à 18h. Notre entraîneur nous avait  ordonné de ne pas jeûner. Nous étions deux seulement à refuser et le coach nous a aussitôt écartés de l’équipe. Intérieurement, c’était pour nous une grande victoire.

Vous n’avez, donc, pas rompu le jeûne.

Malheureusement, oui, mais un peu plus tard. Encore une fois, notre entraîneur nous a obligés de ne pas jeûner à l’approche de la finale. Nous espérons que Dieu nous accordera Son pardon. Le comble, c’est que nous jeûnions toute la journée pour manger et boire une heure et demie avant l’Adhan à cause des entraînements.

Qui était votre entraîneur à cette époque ?

Il n’y a aucun intérêt à citer son nom. En ce qui nous concerne, nous étions jeunes et, donc, influençables.

Aimes-tu faire les marchés ?

J’aime bien flâner dans les marchés. D’ailleurs, j’aime bien changer d’endroits où m’approvisionner. Cela me permet de prendre des nouvelles de personnes que je connais.

Résistes-tu à la soif et à la faim ?

Assez, oui. Mais ces derniers jours il a fait très chaud.

Quel est ton plat préféré ?

Je ne vais pas être original. La chorba accompagnée de bourek. La rupture du jeûne doit se faire avec des dattes et du l’ben.

Chorba frik ou vermicelle ?

Frik , mais celui de Khenchela. Savez-vous pourquoi ?

Non.

A Khenchela, le frik est grillé et cela donne un goût exceptionnel.

Préfères tu les plats de ta maman à ceux de ton épouse ?

Auparavant, mes plats préférés étaient ceux de ma maman. Maintenant, disons qu’elle a pris sa retraite. Mon épouse, que Dieu la protège a pris la relève de fort belle manière. Mes sœurs aussi se débrouillent pas mal en cuisine.

Hamoud ou Coca ?

Hamoud, mais j’évite les boissons gazeuses. Disons que je bois plutôt des jus.

Zlabia ou kalb ellouz ?

Kalb ellouz et parfois un peu de zlabia. Il y a à Tizi Ouzou  un spécialiste de la zlabia.

Thé ou café ?

Même si je ne suis pas un adepte des cafés, il m’arrive en ce mois de Ramadhan de siroter, assez régulièrement un expresso.

L’ben ou raïb ?

L’ben accompagné de dattes juste après l’Adhan.

Viande de veau ou d’agneau ?

Invariablement de l’agneau pour la chorba. Pour ce qui est du deuxième plat, de la viande de veau.

Matloû ou kesra ?

De la kesra. Celle de Mila ou préparée par mon épouse.

Tolérant ou rancunier ?

Toute ma vie, j’ai été tolérant. Toutes les personnes qui m’ont fait du tort ont eu droit à mon pardon.

Et si vous rencontrez une personne avec qui vous avez eu maille à partir ?

Je lui parlerais comme si de rien n’était. Le mois de Ramadhan n’est-il pas celui de la piété et du pardon ?

Est-ce que tu effectues des bonnes actions en ce mois sacré ?

Sans entrer dans les détails, envers les nécessiteux. Je n’oublie pas que si nous jouissons chez nous de tout le confort, il y a des gens qui n’ont même pas de quoi subsister.

Vers qui vont tes prédications, au moment de la prière ?

Je prie Dieu pour qu’il accorde Sa sainte miséricorde à mon défunt père. Il nous a quitté il y a de cela 29 ans. Il m’arrive de regretter de ne pas le voir constater de visu la réussite de ses enfants et de ses petits-enfants.

En quoi veux-tu que les Algériens changent ?

Je voudrais que cette nervosité, durant le mois de Ramadhan, disparaisse.

Quel est le défaut d’Aït Djoudi en ce mois de Ramadhan ?

Je crois que je pousse un peu trop à bout mon organisme.

Préfères-tu  que les entraînements se déroulent en nocturne ou en diurne ?

En été et au moins de Ramadhan, il est préférable de s’entraîner et de jouer la nuit. Cependant, il est bon de programmer quelques séances deux heures avant la rupture du jeûne.

Est-ce que tu suis les JO à la télévision ?

Pas régulièrement.

Pour ce qui est du tournoi de football, tu dois regretter l’absence de l’Algérie, n’est-ce pas ?

J’ai toujours dit que nous avons laissé échapper une occasion en or. Notre sélection olympique avait largement les moyens d’aller très loin dans cette compétition.

Quel est ton favori ?

La sélection brésilienne est largement au-dessus du lot. Toutes les autres équipes se valent plus ou moins.

Ton équipe a battu le Sénégal, une équipe qui est passée au deuxième tour .Un commentaire ?

Cela confirme ce que je vous disais. J’ai mal au cœur quand je vois certains matchs. Par ailleurs, je suis très heureux pour les Sénégalais et les Egyptiens.

Avec qui préfères-tu être à table ?

Avec ma famille au grand complet. Ce sont de véritables moments de bonheur et de joie.

Où se trouve Azzedine au moment de l’appel de l’Adhan ?

Devant la télévision. Je ne rejoins la table qu’au tout dernier moment et après la rupture du jeûne, j’accomplis mes prières.

T’arrives-t-il de faire des incursions dans la cuisine ?

(Rires) De temps en temps, et moi, je connais par cœur et bien à l’avance le menu du jour. Je donne aussi un coup de main, pour la confection du bourek, par exemple.

Ton programme télé préféré ?

Essentiellement des sketches avec pour acteurs Bouakkaz, El Hadj Lakhdar et Mustapha. Il y a aussi des jeunes qui sont prometteurs.

Jeux de cartes ou dominos ?

Cela fait longtemps que je ne joue ni aux cartes ni aux dominos.

Que penses-tu de ceux qui jettent des sachets poubelles par les fenêtres ?

C’est à ne rien comprendre surtout qu’habiter des cités n’est pas nouveau pour les Algériens. Ce sont là des gestes à bannir.

Et ceux qui font de la vitesse au volant ?

Ils font courir des risques à tout le monde. En plus de la répression, il faut beaucoup de pédagogie.

Il te reste 5 minutes à vivre, que fais-tu ?

J’essaie de faire du bien autour de moi et prier.

Justement, es-tu assidu en ce qui concerne tes prières ?

Très assidu même. J’effectue mes prières et celles des Tarawih à la mosquée. Je lis beaucoup le saint Coran.

Azzedine, saha ramdhanek.

Je voudrais souhaiter un bon Ramadhan à tous les Algériens. Il nous faut aider les orphelins, les nécessiteux et tous ceux qui souffrent en silence.