Azeddine Toudji, 52 ans est l’un des marins pris en otage au début de l’année, à bord du navire algérien MV Blida, en compagnie de 26 autres amis dont 16 algériens. C’est avec tristesse qu’il raconte les dix mois passés entre les mains des pirates somaliens.
Azeddine Toudji, 52 ans est l’un des marins pris en otage au début de l’année, à bord du navire algérien MV Blida, en compagnie de 26 autres amis dont 16 algériens. C’est avec tristesse qu’il raconte les dix mois passés entre les mains des pirates somaliens.
Le visage pâle et triste, les lèvres presque blanches et les yeux qui regardent dans le vide, Azeddine nous reçoit chez lui à Dellès. Il était 9H 30 lorsque nous sommes arrivés chez lui après trois heures de route.
« Nous avions tous été surpris par les évènements, c’était comme dans un film américain », nous raconte Azeddine. Le premier janvier 2011 à 14h 30, le MV Blida qui transportait la matière première pour la fabrication du ciment du port de Selala au sud est du sultanat d’Oman se dirigeait vers le port de Mombassa au Kenya, quand soudain 16 à 20 pirates somaliens sur des barques montent sur le navire armés jusqu’aux dents et obligent l’équipage à se plier à leurs exigences.
Certains portaient des armes du genre RPJ, obligeant l’équipage du navire à rester calme ; les pirates parlaient arabe, anglais en plus d’un dialecte somalien. Ils s’adressaient à nous violement, nous raconte Azeddine, et nous ont obligé à exécuter leurs ordres si on voulait rester en vie. Ils nous menaçaient de morts.
Les pirates nous ont ensuite regroupé dans un lieu isolé et ont pris le contrôle du navire. Ils nous ont questionné sur origines, religions et cherchaient tout ce qui est électroniques.
Menaces de mort dès le premier jour
Dès le premier jour de notre captivité, les pirates ne cessaient de nous menacer de mort. Ce jour à, ils n’avaient rien mangé, par contre, tous fumaient, jeunes et vieux. Ils se sont emparé de tous les téléphones, les lap tops et tous les objets personnels qu’on avait sur nous. Ils ont pris 5000 dollars au capitaine du navire. Ils ont demandé après les cuisiniers du navire et comme j’étais l’un d’eux, ils nous ont emmenés dans les cuisines. Les autres étaient restés en haut.
Les pirates avaient entre 17 et 62 ans, tous mariés à plusieurs femmes. L’un d’eux, âgé de 25 ans, avait deux femmes et neuf enfants.
Azeddine poursuit son récit d’une voix triste. C’est grâce à Dieu et aussi à sa maladie qu’il a pu échapper à ce cauchemar qui continue encore pour ses collègues.
Après quelques semaines, il ne restait plus de nourriture. Le peu de riz et de spaghetti étaient le plat de tous les jours. Pendant neuf mois, les marins ne mangeaient que du riz et du spaghetti. Il y avait de la farine, de l’huile et des tomates concentrées. Azeddine cuisait du pain sur du charbon. L’eau, disait-il, était non potable
Il nous était impossible de fuir, car la terre la plus proche au Kenya se trouvait à 600 miles. Aucun n’aurait pensé s’aventurer sur une telle distance dans une zone désertée et infestée de requins
Ennahar/ Dalila Belkheir