Face au chaos islamiste qui règne dans le nord du Mali, les Nations Unies amorcent un plan d’action s’appuyant sur les organisations internationales africaines. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi à l’unanimité une résolution proposée notamment par la France qui donne 45 jours aux pays ouest-africains pour préciser leurs plans en vue d’une intervention militaire destinée à reconquérir le Nord-Mali, contrôlé par des islamistes extrémistes.
Le texte invite en parallèle le gouvernement malien et les rebelles touareg à « s’impliquer dés que possible dans un processus de négociations crédible afin de rechercher une solution politique viable respectant la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali« . Le secrétariat général de l’ONU devra travailler avec la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et l’Union africaine pour présenter dans un délai de 45 jours au Conseil des « recommandations détaillées et praticables » en vue d’une intervention armée, notamment « un concept opérationnel« , une liste de troupes et une évaluation des coûts. Initialement, le texte tablait sur un délai de 30 jours mais l’ONU a jugé plus réaliste d’y ajouter deux semaines de plus.
En attendant, la résolution invite les pays membres de l’ONU et des organisations comme l’Union européenne à commencer à entraîner et à équiper l’armée malienne, qui devra mener la reconquête du Nord, et à « soutenir les efforts pour combattre les groupes terroristes » dont certains sont liés à Al-Qaïda.
Bamako réclame officiellement depuis plusieurs mois un mandat de l’ONU pour une «force militaire internationale» avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l’aideraient à reconquérir le nord du pays, contrôlé par des extrémistes terroristes riches des millions de dollars rapportés par les négociations de libération d’otages ou encore de trafics en tout genre tels que la drogue et les armes. Toutefois, l’ONU n’a pas reçu de Bamako les détails réclamés depuis six mois sur les modalités de cette intervention. Ce n’est que dans un deuxième temps, au mieux à la fin de l’année, et par une deuxième résolution, que le Conseil pourra donner son feu vert formel au déploiement d’une force.
Du côté de Washington, le département d’Etat a fait savoir qu’il soutenait une éventuelle intervention militaire ouest-africaine dans le nord du Mali pour déloger les groupes islamistes armés, mais sous conditions et d’abord en rétablissant un régime démocratique à Bamako. « Nous voulons le retour de l’intégrité territoriale totale du Mali, le retour de la démocratie, de la stabilité et du développement », a déclaré à l’AFP le secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique, Johnnie Carson. Tout en se refusant à dévoiler « la nature de la contribution » éventuelle de son pays. Même si les experts américains demeurent sceptiques sur une intervention armée directe de la part de Washington.
Pour Richard Downie, du Center for Strategic International Studies (CSIS) de Washington, les Etats-Unis fourniront « un soutien logistique, du renseignement, peut-être des drones« . Et ce pragmatique d’ajouter, en harmonie avec la position officielle de Washington : « avant même de penser à une opération sécuritaire dans le nord, il faut d’abord régler les problèmes politiques à Bamako« . Son collègue Gilles Yabi, de l’International Crisis Group (ICG), met aussi en garde: « Ce ne sera pas une simple opération de maintien de la paix, mais une véritable intervention militaire sur un terrain très difficile et contre des groupes très mobiles« . Le basculement du nord du Mali dans l’escarcelle islamiste résulte en partie d’un coup d’Etat à Bamako le 22 mars qui a renversé le président Amadou Toumani Touré. Son auteur, le capitaine Amadou Haya Sanogo, s’est retiré du pouvoir en avril mais reste influent.
AFP