Si certains ont su garder la tête froide et la dépense mesurée, beaucoup font dans la «frime».
Des voitures de luxe, de somptueuses constructions qui poussent tels des champignons. La plupart d’entre eux, qui, dans un passé récent, faisaient de l’autostop pour se rendre d’un lieu à un autre, ont aujourd’hui des passeports aux pages noircies de visas. C’est une véritable énigme.
Durant notre virée dans les artères de la capitale, nous avons rencontré ces nouveaux riches qui, après être passés du secteur public au secteur privé, sont aujourd’hui à l’abri du besoin.
Tel ce cardiologue réputé de la capitale qui s’est installé à son propre compte, et qui dit se remémorer souvent la discussion qu’il a eue avec son ex-responsable à la Direction départementale de la santé (DDS) de la wilaya d’Alger, qu’il tentait de convaincre de quitter le service public. «Le régime à plein temps aménagé ne me permet pas de joindre les deux bouts. Une seule quittance de téléphone à la maison, me coûte plus de 8 000 DA. L’équivalent de deux fois le Smig (de l’époque).»
Notre interlocuteur est un adepte du «Pour vivre heureux, vivons cachés», pendant que certains nouveaux riches sont adeptes du genre «frimeur-flambeur». Les signes extérieurs de richesse de ces nouveaux riches sautent aux yeux, comme les voitures de luxe qui circulent dans nos villes.A tort ou à raison, l’image qu’ont les Algériens des plus fortunés d’entre eux, en particulier ceux que l’on qualifie d’«arrivistes», est plutôt négative.
Bénéficiant pour nombre d’entre eux de facilités, bancaires notamment, inaccessibles pour le commun des mortels, ces nouveaux riches, dont certains le sont grâce à leurs activités sur le marché parallèle, investissent souvent dans l’immobilier. On le constate sur les dizaines de pages de petites annonces de la presse nationale dont les trois quarts environ sont dédiées à la «pierre». Et la configuration du neuf a changé. L’offre de villas de standing augmente et les prix aussi. De 350 millions de centimes en moyenne pour une villa en bord de mer durant les années 1970, les prix ont grimpé pour atteindre allègrement les 6 milliards de centimes aujourd’hui. Le «must» a longtemps été d’habiter les quartiers d’Hydra et d’El-Mouradia, mais aujourd’hui, la tendance est plutôt du côté de la banlieue Ouest d’Alger et sur les hauteurs de la capitale.
Par exemple, Chéraga, que beaucoup avaient quitté dans les années 1970, est en train de redevenir une «place» prisée. Si dans les années 1970 on pouvait y acquérir une demeure pour une «bouchée de pain», aujourd’hui il faut débourser plusieurs milliards.
A Zéralda, les anciennes villas se négocient à coups de milliards. Toutefois, ce n’est pas le premier riche venu qui pense à acheter ici. «Les acquéreurs sont surtout des hommes d’affaires qui ont financé, en partie, leurs acquisitions grâce à des crédits bancaires», témoigne le gestionnaire d’une agence immobilière de la localité. Ce dernier, qui tient à jour une liste des demeures proposées à la vente, s’est trouvé investi du rôle d’intermédiaire, négociant à la place des acheteurs.
Atteints par le «virus» de la résidence secondaire, de plus en plus d’Algériens en achètent ou s’en font construire dans des quartiers chic de la capitale.
R.Kh