Avocats interdits de réseaux sociaux: Les explications du bâtonnier de Tlemcen

Avocats interdits de réseaux sociaux: Les explications du bâtonnier de Tlemcen
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Dans une note adressée aux 1 500 avocats de la wilaya de Tlemcen, le bâtonnier Reguieg Tahar souligne dans son contenu l’interdiction formelle d’utiliser les réseaux sociaux, particulièrement Facebook, pour évoquer telle ou telle affaire, même sous un pseudonyme, en rapport avec la justice ou y apporter des commentaires en rapport avec le fonctionnement du bâtonnat. Il précise dans le même document que l’inobservation de ces directives qui obéissent à la déontologie, exposera les auteurs à des mesures disciplinaires allant jusqu’à la suspension partielle ou totale de l’activité.

La récente décision du bâtonnier de Tlemcen d’interdire l’utilisation des réseaux sociaux à la corporation des avocats de la wilaya de Tlemcen est jugée pour la plupart d’entre eux comme revêtant un caractère inique. Un grand nombre de robes noires, y compris ceux agréés à la Cour suprême, s’est insurgé contre cette décision jugée anticonstitutionnelle, les privant, disent-ils, de leur droit inaliénable à la liberté d’expression.

Le bâtonnier Reguieg Tahar qui vient de succéder à Maître Seffahi Mohamed, décédé le 8 janvier dernier, a jugé utile de rédiger une telle note interne se basant sur les articles 177, 178 et 179 du règlement intérieur lui conférant les prérogatives pour une telle démarche. Celle-ci intervient à la veille des élections législatives et locales.

Le bâtonnier a voulu, selon son entourage, attirer l’attention des avocats sur l’impérieuse nécessité pour ces derniers de ne pas commenter sur les réseaux sociaux les affaires liées au fonctionnement du bâtonnat et des institutions judiciaires surtout à la veille des échéances électorales.

LG Algérie

Cependant fait-on remarquer dans le milieu des auxiliaires de justice, le bâtonnier aurait dû ouvrir un dialogue avec les avocats pour expliquer, arguments à l’appui, sa feuille de route plutôt que de décréter une telle directive qui est tel un couperet au-dessus de la tête des avocats. Ces derniers mettent en avant l’irréversibilité d’Internet qui permet à tout un chacun de s’exprimer librement, sans contrainte, prenant exemple dans d’autres pays où les magistrats et les avocats détiennent une page permanente sur les réseaux sociaux pour exprimer leurs points de vue sur certains aspects de leur mission.

Contacté par téléphone samedi, le bâtonnier a déclaré à Liberté “avoir agi conformément à la loi pour attirer l’attention des avocats sur l’interdiction qui leur est faite d’émettre des critiques publiques contre leurs confrères à propos de telle ou telle affaire jugée ou en instance de l’être”. Il a ajouté “que libre à eux de détenir un compte Facebook pourvu que cela ne déborde pas sur la profession noble régie par des textes de loi et obéissant à la déontologie et les obligations de réserve”.

Maître Reguieg a aussi souligné “que l’alinéa 15 de l’article 179 du règlement intérieur considère comme étant grave un tel dépassement des avocats”. Rappelons que dans la note largement diffusée et affichée dans les tribunaux et cours, il est clairement indiqué que l’utilisation des réseaux sociaux par les avocats à titre personnel est garantie et demeure sans entrave.