La détection de l’ADN tumoral dans le sang permet de détecter la présence de métastases à un stade plus précoce que l’imagerie médicale, expliquent les Dr Marc-Henri Stern, directeur de recherche Inserm, et Olivier Lantz, spécialiste en immunologie à l’Institut Curie.
Repérer le plus tôt possible l’apparition de cancers, ou leur rechute, est l’un des enjeux majeurs de la cancérologie. Malgré les progrès de l’imagerie, la récidive de la tumeur doit avoir atteint une taille suffisante pour être visible. C’est notamment le cas pour les mélanomes de l’œil : une fois propagé, ce cancer est très difficile à traiter. L’un des espoirs est de pouvoir proposer le plus tôt possible un traitement aux patients présentant une dissémination tumorale. Mais, à ce jour, les techniques d’imagerie et de biologie ne peuvent révéler que des métastases ayant déjà une taille importante. D’où l’idée de détecter de l’ADN tumoral circulant dans le sang des patients.Pour la première fois, nous avons montré qu’il est possible de détecter de l’ADN tumoral circulant dans le sang de patients atteints de mélanome de l’œil métastatique. Sa présence révèle l’existence d’une tumeur et sa quantité reflète sa taille. Il s’agit en fait d’un nouveau biomarqueur susceptible de repérer très tôt la présence d’une tumeur ou d’une récidive. Bien que réalisée sur un nombre limité de patients atteints d’une maladie rare, cette étude publiée dans Clinical Cancer Research en mai 2012 est une preuve de la faisabilité et de l’intérêt clinique de ce concept. Cette technique pourrait être appliquée à n’importe quel type tumoral à partir du moment où une altération génétique spécifique a été identifiée. À partir d’une prise de sang, nous pouvons ainsi détecter de l’ADN tumoral dans le sang provenant d’une tumeur.
Il existe en effet un phénomène naturel de dégradation des cellules normales ou tumorales dans l’organisme et ce, afin d’assurer le renouvellement des tissus.
